Chapitre 10

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Je reste assise sur le lit, repensant aux mots que Dante a eu à mon égard, des mots qui ont su me blesser profondément. Malgré qu'il m'ait avertit que ma porte ne serait plus fermé à clé, je n'ai pas le désir de m'aventurer à l'extérieur. Je renifle toujours ma tristesse. Que sait -il de moi ou de mes passions? Que sait-il de mes moments perdus où là, je savourais les livres de la bibliothèque de ma grand-mère?, il ne sait rien, juste le fait que j'ai abandonné l'école à seize ans. Comment aurais-je pu continuer à suivre un cursus dans un établissement où se trouvait ceux qui ont voulus me violer.... Je ferme les yeux pour chasser cette nausée qui m'assaille. Je ne dois pas la laisser prendre le dessus de mes pensées.

Par instinct, je me lève arpentant la chambre les bras croisés. J'étouffe dans ce lieu, j'ai besoin de sentir l'air venir fouetter mes joues. Je sors violemment de ma chambre, mes pieds sont nu tout comme mon âme, seul les fresques de mon agression se matérialisent devant mes orbes embués de larmes.

Je m'efforce à courir dans cette maison, cherchant en vain une sortie qui puisse m'aider à chasser cette horreur qui revient dans ma mémoire. Les grandes portes qui s'offrent devant moi me laissent percevoir un espoir pour soulager cette torpeur qui martèle férocement mes membres. Je tente de l'ouvrir mais elle reste close devant ma volonté, elle me refuse l'exil pour obtenir la libération de cette angoisse.

-Mlle Heaven?, résonnait derrière moi attirant mon regard rougis de détresse, anéantie par le désespoir.

-Je veux sortir, je vous en supplie, j'ai..., ma phrase se perd dans l'approche de l'homme qui me retient captive, sa main presse mon poignet, obligeant mon corps a me décoller de cette porte. En une fraction de seconde, ma peau frissonne par le froid qui me saisit violemment. Je me retiens à la colonne qui m'aide à garder l'équilibre, les points blanc valsant devant mes yeux me préviennent que l'angoisse est là, qu'elle a su revenir gangrener mes entrailles. Je dois la chasser, la faire repartir au fond de mon âme, mon subconscient, là où elle était enfermée pour de bon.

-Buvez cela Mlle Heaven et d'une seule gorgée! M'ordonnait Dante le regard inquisiteur sur ma personne.

Mes mains tremblent en voulant agripper le verre qu'il me tend. Je réussis à le porter à mes lèvres avant de l'ingurgiter tout en priant que ce breuvage soit une solution radicale pour m'aider à retrouver la plénitude de mon âme.

-Venez! Sa poigne ne respire pas la froideur dont il me fait preuve habituellement, ses doigts posés sur mon épaule me conduisent dans un lieu, dont jamais je n'aurais pu imaginer l'existence pour un homme aussi rustre que lui. Mon corps se laisse mener sur le canapé en cuir noir de ce lieu. Dante, le corps exposé aux flammes de l'âtre se dirige vers un bar avant de revenir me tendre de nouveau un verre. Buvez, cela vous aidera! Sa voix était douce, plus harmonieuse.

N'étant pas une adepte de l'alcool, elle ne mit guère de temps à chasser cette souffrance qui m'avait retrouvé.

-Mlle Heaven, dites moi ce qui s'est passé? Réclamait il d'un timbre qui respire le calme.

-Ce n'est rien! Avouais-je en laissant glisser ce liquide ambré qui brûlait ma gorge. De mauvais souvenirs. Confiais-je sans me rendre compte que je parlais sous l'effet du nectar miraculeux.

-Mes paroles vous ont-elles blessés? Mes orbes se posent sur lui, l'être qui me fait face assis sur le fauteuil en cuir, une cheville posée sur l'autre jambe, m'observe impassible.

-Oui, susurrais-je en baissant le regard. Vous avez une opinion de moi qui est déplaisante et extrêmement blessante. Déclarais-je les yeux fermés. Je vais vous révéler une chose, ce n'est pas parce qu'une personne quitte l'école à seize ans que cela fait d'elle une inculte. Je me lève avant de lui tourner le dos et observer tous ces livres qui inondent mon regard avant de reprendre. J'ai été bercé par Dante, j'ai lu et vu à plusieurs reprises la divine comédie, saviez-vous qu'à l'origine , elle se nommait comédie, mais les éditions modernes et boccacce ont ajoutés divine, peut-être pour rendre cela plus beau à prononcer. Mais je suis sûr que vous le saviez! Déclarais-je en me tournant pour le regarder.

-Effectivement Mlle Heaven, j'étais au courant.

-J'ai toujours désirer étudier l'univers de Dante, je voulais découvrir pourquoi cet homme fascinait tant ma mère. Révélais -je, au point de me donner les deux prénoms des femmes qui ont eues un impact sur sa vie. Tout comme vous ou votre frère. Mais j'ai préféré quitter l'école. Ironisais-je en laissant glisser mon doigt sur la couverture des romans victoriens qui n'attendent que d'être lus.

-Je constate que vous avez des connaissances, minimes, mais vous en avez! Me faisait il part en plissant ses orbes sur moi. Je pense que je vais reconsidérer la demande de mon frère vis-à-vis de vous Mlle Heaven et  de l'homme qui a tant fasciné nos mères.

-Je ne suis pas diplômée en histoire ou en littérature, ni détentrice d'un master ou d'un doctorat. Dévoilais-je en calant mon postérieur sur le meuble qui supportait les étagères, Je n'ai qu'un bas pro en fleuriste et ce diplôme me donne la sensation d'être riche de connaissance, de savoir, de grandeur, terminais-je faiblement tout en ancrant mes doigts aux moulures de cette somptueuse librairie. Je trouvais un courage sans nom s'emparer de mes pensées, trouvant le moment idéal pour entamer une conversation tout autre que celle que nous venions de partager. Pourquoi m'avez-vous envoyé dans cet Hôtel?

-Je vois, murmurait il en se levant à son tour pour retourner au bar. Une de mes employées était indisposé à effectuer ce travail, vous étiez là, j'ai supposé que vous auriez été tout à fait apte à exécuter cet mission. Déclarait il en m'offrant de nouveau un verre. Je reconnais que vous avez réussi à mener ma demande avec brio, pas comme je l'aurais désiré, mais vous avez réussi Mlle Heaven!

Mes yeux se promènent de ses mains à ses yeux, je ne me rends pas compte de la stupidité dont je fais preuve quand je me saisis du verre avant de laisser couler ce liquide d'une traite dans mon gosier. Dante me regarde, pour la première fois, je le vois sourire avant qu'il ne retourne prendre place sur son fauteuil.

-Vous avez été confronté à un homme qui n'aurait jamais dû se trouver là, si j'avais eu vent de sa présence, jamais je ne vous aurais laissé pénétrer dans cette chambre. Je ne dis rien, je l'observe déguster avec minutie son verre.

-Qu'attendez vous de moi exactement, osais-je demander tout en détournant mes prunelles de lui. J'aimerais comprendre pourquoi vous vous acharnez à me maintenir prisonnière.

-Taisez-vous Mlle Heaven!

-Non! Vous m'avez volé le droit de vivre librement, je ne vous laisserai pas le droit de me voler la liberté de m'exprimer! Rétorquais-je sous l'influence de l'alcool qui commence à réchauffer les tréfonds de mon âme.

Le corps de mon geôlier me fait face, le regard dur et sombre qu'il m'offre m'épie férocement. Une sensation étrange chatouille mon estomac avant que ce dernier se révulse et m'oblige à déverser son contenu sur les chaussures de mon kidnappeur.

-Pardon, murmurais-je faiblement en essuyant ma bouche par le biais de mon pull.

Un son grave me chatouille les oreilles sous la danse que mon cerveau exécute dans mon crâne. Je tente avec difficulté de redresser mon buste alors que deux mains se posent sur mes épaules.

-Ne bougez pas Mlle Heaven! Grondait il alors que je sens mon corps s'élever contre une matière douce. Il est temps d'aller au lit, l'alcool n'est pas pour les petites filles! Ricanait il alors que je sombre dans la noirceur de mes songes.

L'italienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant