Chapitre 22

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Fred rentra dans la grande salle, le regard fuyant, fixant tous les recoins de la pièce, un air de panique déchirant son visage.

Hier soir lui avait pris une folie qu'il ne saurait expliquer, le genre de folie que nous pouvons faire en cas de situation démesurément désespérée, le genre de situation où l'air nous manque à un tel point que l'on se moque de sa propre image, l'on se moque de l'avis des autres, nous agissons sur le vif sans réellement réfléchir.

A peine avait-il envoyé ce hibou qu'une roche lui avait plombé l'estomac, il avait senti à quelques reprises la nausée monter et avait fini par vider son diner sur les coups de deux heures du matin sous le regard de Georges qui lui tenait du papier.

Il lui avait déclaré son amour, il avait étalé maladroitement ses sentiments sur un parchemin et lui avait livré sur la patte d'un oiseau. Il lui avait écrit « je t'aime », il s'était complètement ouvert à elle et elle n'avait pas donné de réponse. Il était certes tout juste 7 heures du matin passées, mais une lettre si intime, si personnelle méritait d'après lui une réponse rapide. Il savait que la lettre avait été réceptionnée car l'hiboux était retourné voir Fred et celui-ci était dépourvu de feuille.

Cependant il n'en voulait pas à Hermione, après tout elle avait le droit de prendre un peu de temps pour reconsidérer la lettre et y répondre calmement. Il ne saurait trop dire s'il était objectif ou s'il tentait simplement de se rassurer.

Il n'avait pas fermé l'œil de la nuit et les lourds cernes qui taillaient son visage en étaient une preuve concrète, il s'était juste assis sur le rebord de la fenêtre à observer les reflets de la lune caressant le lac. Cela lui avait valu des remarques de ses deux camarades qui grelottaient de froid sous leur couette, mais il ne les avait pas écoutés, préférant se demander qu'elle serait la sensation que l'on ressent lorsque l'on se noie.

Sa réflexion avait duré un bon moment, imaginant ce qui serait le plus douloureux entre mourir dans les eaux glacées, le froid lacérant sa peau ou voir Hermione au côté du Mage noir. Il en vint à la conclusion qu'une mort longue et douloureuse serait bien plus supportable.

Il s'assit à coté de Ron et prit le pichet de jus d'abricot négligemment, en renversant sur son petit frère qui râla entre deux bouchées de pancakes. Puis Fred se demanda depuis combien de temps n'avait-il pas mangé un vrai repas, son ventre d'ordinaire plat laissait à présent voir ses cotes tandis qu'il devait se munir d'une ceinture pour faire tenir son uniforme.

Il souffla, il n'avait plus le courage de faire face au soleil. Il sortit de sa trance uniquement lorsque son jumeau annonça qu'il était temps de partir sur le terrain de Quidditch pour leur entrainement en vu du match qui se tiendrait dans deux jours contre Serpentard. Il le suivit sans aucune envie, lui qui d'habitude était plus que motivé à réduire en cendre les verts et argents, il voyait naitre en lui un dégout pour ce sport.

Puis soudainement, tandis qu'ils s'engageaient dans le parc, leurs pas s'enfonçant dans la neige durcie, il repensa à l'attitude de son frère vis-à-vis d'Hermione. Il n'avait jamais pu le questionner sur le sujet et cette fois ci cela lui brûlait les lèvres.

-George, j'ai une question un peu délicate.

-Toujours là pour te répondre.

Fred sembla hésiter, peut-être s'était-il juste fait des illusions.

-Comment est-ce que tu vois Hermione ?

-Comment ça ?

-Avant...l'accident de la grande salle, j'ai remarqué que tu agissais différemment avec elle. Tu étais plus tactile, plus souvent avec elle et je me demandais ce que ça signifiait pour toi.

Les jolies nuances rousses. TOME 1 (Fremione)Where stories live. Discover now