Chapitre 23

220 13 11
                                    

Nos deux protagonistes avaient perdu la notion de temps, les jours passaient, se ressemblaient et leurs pensées valsaient au rythme viennois des cloches de Poudlard. Ni l'un ni l'autre n'avaient cessé de ressasser leurs sentiments, de les revivre tout en creusant dans une profonde tombe leur amour qu'ils voyaient à présent comme acariâtre.

Cette simple remarque du blond avait retourné le ventre de Hermione, il n'était pas le genre à dire ces choses-là, à se soucier des Gryffondor, alors entendre cela de sa bouche avait fait réaliser à la jeune fille que la situation devait être critique.

Elle voulait que Fred s'étrangle avec ses remords, ses fautes et ses regrets mais au creux de sa poitrine, une douleur langoureuse naissait. Parfois un sentiment de manque la prenait, elle songeait aux rires qu'elle avait partagé avec son groupe d'amis, aux paroles amicales échangées et son cœur se gonflait d'une pensée réconfortante qui venait à être détruite dans les secondes qui suivirent par leurs mensonges et leur trahison.

Il lui arrivait de se mettre à leur place, essayant de comprendre pourquoi ils avaient agi ainsi. Aurait-elle parlé ? Aurait-elle suivi les ordres de Dumbledore ? Au fond d'elle, elle connaissait la réponse et son cerveau n'oubliait pas de lui rappeler que lors des vacances entre la quatrième et cinquième année elle avait eu interdiction d'adresser des lettres à Harry et elle avait obéis. Une petite voix lui criait qu'elle était injuste avec eux car au plus profond d'elle, elle savait pertinemment que jamais ils ne le lui avaient souhaité du mal.

Cependant cela concernait une raison bien plus grave qu'un potentiel renvoi d'une école, la vie de ses parents était dans l'histoire et c'est pour cela qu'elle ressentait une amère rancœur.

Etrangement elle avait commencé à réfléchir à tout ça après la fameuse phrase de Drago Malfoy. Elle avait passé la nuit enfermée dans la salle de bain à pleurer de culpabilité, elle était morte de colère de savoir que Fred s'était simplement servi d'elle, ses sentiments, ses attentions n'étaient que chimères et désillusions. Néanmoins elle savait lui faire du mal et cela l'a meurtri.

Depuis plusieurs jours Hermione avait pris l'habitude de se joindre à Drago le soir afin de profiter de l'air et de discuter des peines du monde. Elle ne comprenait toujours pas comment elle en était arrivée là et surtout pourquoi le Serpentard était si ouvert à la discussion.
Dire ne pas apprécier ces échanges serait mentir, elle avait la délicieuse impression de s'évader, de repousser ses peurs et son emportement loin de sa peau et de ses essences et de juste déverser flots de mots qui la soulageaient.

Il était invraisemblable et inimaginable de définir cette relation et par ailleurs aucun des deux ne semblaient vouloir le faire. Parler, raconter et parfois se surprendre à avoir un hoquet de rire leur suffisait.

Mais Hermione avait remarqué ses yeux écorchés par les cicatrices que subissait son âme, c'était un jeune homme blessé de tout son être qui luttait contre des fantômes et des ombres. Elle n'osait lui demander quel émoi le tourmentait et préférait écouter ses mots tandis que son cerveau perpétuait à divaguer dans des eaux aux belles nuances rousses.

Ce soir là encore, elle se trouvait en sa compagnie et elle l'écoutait parler de la façon dont Harry l'avait insupporté pendant le cours de potion. Hermione le trouvait blâmable mais ne dit rien préférant balancer ses pieds dans le vide au rythme d'une chanson qui trottait dans sa tête.

-En soit je ne sais pas ce qui m'énerve le plus chez lui, je dirais que c'est un ensemble, je t'assure que même la manière dont ses cheveux glissent sur son front m'excède.

-Tu n'as pas légèrement l'impression de surjouer là ?

-Penses-en ce que tu veux mais je suis persuadé qu'il pense exactement la même chose de moi et je te parie que cela t'a déjà traversé l'esprit aussi.

Les jolies nuances rousses. TOME 1 (Fremione)Where stories live. Discover now