Gudrun appuya sur la sonnette de sa maison puis vit madame Hermann arriver pour lui ouvrir.
- Tu as passé une bonne journée ? demanda-t-elle
- Pas mal, répondit la jeune fille, une journée de cour habituelle !
Madame Hermann hocha la tête de manière nonchalante avant de regagner sa cuisine. Gudrun avait fait exprès de ne pas lui parler de sa découverte, honorant ainsi le conseil de Maxime. Elle retira ses chaussures et sa veste qu'elle déposa sur la rampe avant de grimper à l'étage pour rejoindre sa chambre où elle se laissa tomber sur son lit. Elle se releva au bout de quelques secondes pour se rendre devant son miroir. Elle remonta la manche de sa chemise pour observer la trace des coups de monsieur Hermann. Mina avait raison : Gudrun avait une tâche violacée et de forme rapidement rectangulaire sur le bras droit. Elle passa légèrement le bout de ses doigts dessus et laissa échapper une petite grimace. Elle baissa sa manche et observa son épaule où elle trouva une trace presque similaire. Elle évita toutefois d'y passer ses doigts. « Heureusement que je n'ai pas enlevé ma veste après avoir parlé à Mina » pensa-t-elle, « les autres auraient vu aussi ! ».
- Non ! Non ! hurlait la petite fille, laissez-moi je vous en supplie ! Je ne veux pas qu'on me le mette !
- Il le faut ! disait monsieur Hermann, c'est la marque obligatoire !
- Ton papa a raison, ajouta l'homme habillé en médecin, il faut la mettre !
- Non ! continuait la petite fille en pleurant
La main de monsieur Hermann heurta sa joue.
- Tais-toi ! cria-t-il, moi aussi je l'ai !
Le médecin approcha la petite barre de métal vers le haut du péctoral de la fillette de dix ans qui senti la brûlure durant quelques secondes. Elle se pinça la main pour essayer d'oublier la douleur. L'homme retira la barre et appuya un chiffon humide sur ce qu'il venait de faire.
- Et voilà c'est fini, dit-il
Gudrun essuya ses larmes du revers de la main avant de baisser les yeux pour regarder le petit symbole désormais dessiné sur sa peau.
- Vous pouvez y aller, fit le médecin
La petite fille replaça correctement son pull avant de se lever pour suivre monsieur Hermann.
- Numéro 36 ! Gabriel Fardrichz ! cria le médecin derrière elle
La jeune fille se réveilla en sueur. Elle se redressa dans son lit le temps de reprendre une respiration normale. « J'ai réussi à ne plus penser à ce souvenir pendant 7 ans » se dit-elle, « pourquoi il me revient dans mon sommeil ? ». Elle se donna une petite tape sur son front humide en se laissant tomber vers l'arrière en soupirant.
- J'avais oublié l'existence de cet horrible symbole sur ma peau, fit-elle dans le noir
Elle roula sur le côté pour sortir de son lit avant de traverser la pièce sur la pointe des pieds. Elle se rendit à la salle de bain. La jeune fille appuya ses mains sur le lavabo. Elle abaissa la manche de son haut, laissant apparaître la marque que la barre en fer lui avait laissée. Cette marque qu'elle dissimulait tous les jours des regards sans même plus s'en rendre compte tant c'était devenu une habitude. Même quand elle se lavait, Gudrun n'y portait plus un regard. Comme l'avait dit le médecin, elle allait devoir vivre avec. La jeune fille remonta son haut. « Je me serait bien passée de revoir cet atroce souvenir» pensa-t-elle en fermant les yeux.
Le traumatisme revenait. Il revenait la hanter comme il l'avait fait durant de longues année auparavant s'infiltrant tel un poison dans ses veines.
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INDUSTRY BABY - sera en version papier
Historical FictionAllemagne 1938. Dans un pays sortant de crise, et où règne maintenant la puissance, le secret, le meurtre et le pouvoir, il y avait eux. Conçus, arrachés et élevés dans l'ombre sous les valeurs du gouvernement par des possesseurs légaux, les enfants...
