Chapitre 28

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La semaine qui arriva après s'écoula lentement. Le petit groupe de révolte avait finalement décidé de suivre l'idée de Lars qui proposait de commencer les réelles actions à partir de leur première semaine de vacances. Les journées de cours avec monsieur Jufarr étaient plus que pénible : entre la pression des épreuves du baccalauréat qu'il mettait aux élèves, les dizaines d'exercices à réaliser chaque soir et les préparatifs du bal de printemps, le professeur ne perdait pas une seconde pour menacer de retrouver devant la classe les soit- disant activistes contre le gouvernement, ce qui paraissait de plus en plus louche à Gudrun. Pourquoi le professeur se donnait-il autant à cœur contre ces idées de révolte s'il n'était pas impliqué ? Depuis également une semaine, la jeune fille avait prit grand soin de ne pas remettre un seul pied chez les Hermann. Elle avait réussi à trouver refuge chez Maryse Fabre, sa grand-mère. Mais depuis trois jours, ce qui inquiétait de plus en plus Gudrun était les absences continues de Vaughn durant la classe et les réunions au cabanon. C'était comme si son amie avait disparue de la circulation. Le truc, c'est qu'elle avait croisé de loin madame Bauer dans les rayons de l'épicerie du centre de la ville et que la femme avait l'air de bien se porter. Appuyé la tête contre sa main devant le cours de sciences de la terre de monsieur Jufarr qu'elle n'écoutait que d'une seule oreille, Gudrun réfléchissait. Il fallait à tout prix qu'elle se rende chez Vaughn après la classe.

- Notez la trace écrite s'il vous plaît ! cria monsieur Jufarr qui faisait des allés et etour devant le tableau, une craie à la main

Un soupir parcouru la classe pendant que plusieurs élèves se saisissait de leur plume.

Ce n'est qu'environ une heure et demie plus tard que la sonnerie qui annonçait la fin de journée se mit à retentir. C'était enfin les vacances ! Gudrun rangea à la hâte ses cahier dans son sac de toile.

- Tu es bien pressée ! fit Lars à côté d'elle

Le jeune homme lui, prenait son temps.

- J'ai un truc à faire, répondit rapidement Gudrun en ajustant ses cheveux blonds

Lars hocha la tête sans demander plus de détails.

- Ok, dit-il, à demain au cabanon !

Il avait pris soin de baisser la voix sur ces derniers mots.

- Entendu, lui fit la jeune fille en s'éloignant

Elle réussi à dévaler les escaliers de l'établissement et passer le portail en un court temps de quelques minutes avant de se dépêcher d'attraper un taxi qui passait au début de la rue.

- Rue des résidences aryennes, lança la jeune fille au conducteur en se laissant tomber sur un des sièges arrière

Le véhicule noir démarra, pour se garer sur un trottoir d'une rue que la jeune fille connaissait très bien : celle de la maison des Hermann. Gudrun déposa quelques pièces dans la main du conducteur qui la remercia d'un bref signe de tête et descendit du véhicule, qui redémarra au bout de quelques secondes. La grande bâtisse des Hermann se dressait, menaçante, au bout de la rue. La jeune fille respira un grand coup comme pour se rassurer. De toute manière, ce n'est pas là qu'elle devait se rendre. Elle marcha d'un pas rapide pour éviter de croiser et d'attirer tout regard dans sa direction, bien qu'il n'y avait absolument personne dans la rue, mis à part un chat gris qui venait de sauter par-dessus un muret avant de disparaître dans un arbuste de fleurs jaunes sans se soucier de Gudrun qui l'observait du coin de l'œil. La jeune fille continua sa marche jusqu'à la demeure des Bauer où elle repéra une timide lumière allumée par la fenêtre de la cuisine. Gudrun enjamba le muret qui par chance n'était pas très haut et se dirigea vers la porte d'entrée où elle actionna la sonnette. Rapidement, la porte s'ouvrit et madame Bauer fit son apparition à l'entrée. Sur son visage ou était peint une expression inquiète, se dessina une faible lueur d'espoir à la vue de la jeune fille qui venait d'arriver.

INDUSTRY BABY - sera en version papierWhere stories live. Discover now