INDUSTRY BABY - sera en version papier

Chapitre 11

Gudrun et Lars évoluait depuis déjà une demi-heure sur le chemin forestier grimpant du fond de la rue des Aulnes vers le petit cabanon, niché entre les arbres d'une clairière. Le reste des feuilles tombées à l'hiver craquaient encore sous leur pas malgré la verdure de la nouvelle saison qui avait déjà prit les branches des arbres. Une douce chaleur effleurait leur peau.

- On est encore loin ? questionna Lars, je suis essoufflé par cette montée !

- Oui ! répondit Gudrun, il nous reste une dizaine de minutes !

Lars s'arrêta et replaça une mèche de ses cheveux blonds.

- Une dizaine ?! Mais c'est super loin ! se plaignit-il

La jeune fille se mit à rire.

- Mais non ! Viens !

Le jeune homme se dépêcha de rejoindre son amie qui n'avait pas cessé d'avancer. Un bruit de moteur se fit entendre. Gudrun tendit l'oreille et fit signe à Lars de se taire.

- Chut ! souffla la jeune fille

- Quoi ? demanda le jeune homme

Une voiture noire lancée à grande vitesse fit son apparition sur le sentier. Les deux jeunes se placèrent sur le côté pour la laisser passer. Soudain, Gudrun remarqua que le véhicule commençait à dévier sa trajectoire : il fondait droit vers eux !

- Attention ! cria-t-elle en poussant Lars dans le buisson qui se trouvait dans le dos et bascula sur lui

C'était de justesse. La voiture passa à quelques centimètres de la verdure et continua sa route, mais Gudrun eut le temps d'apercevoir le visage du conducteur : Constantin ! Elle remarqua aussi un homme qui lui était inconnu coiffé d'un chapeau noir assis sur le siège passager. Elle roula sur le côté pour s'écarter de Lars et tenta de reprendre son souffle.

- Tu as vu la même chose que moi ? fit-elle à Lars encore sous le choc

Le jeune homme jeta un œil à ses mains légèrement griffées par les ronces du buisson.

- Constantin, répondit-il en prenant une position assise

Gudrun passa la main sur son avant-bras pour essuyer le sang d'une griffure de ronce.

- Il était avec l'homme que je vois toujours avec lui au salon de thé le vendredi soir, continua Lars

La jeune fille repensa aux menaces que Constantin lui avait faites environ deux semaines plus tôt. C'était ce jour là que Lars lui avait parlé de leur étrange camarade au salon de thé pour la première fois. « Et si les menaces, son attitude et l'homme au chapeau était liés ? » se demanda la jeune fille. Une pensée passa au-devant de son esprit. Gudrun secoua la tête. « Non, ce serait complétement absurde » se dit-elle. « Ils ne peuvent pas être liés aux centres ! ». Elle se tourna vers Lars.

- Vendredi est demain, dit-elle, est-ce que tu travailles ?

Son amie approuva de la tête.

- Oui, comme d'habitude ce jour-là, répondit-il, pourquoi ?

- Je viendrai avec toi, fit la jeune fille, on doit les suivre quand ils partiront.

Lars ouvrit de grands yeux.

- C'est de la pure folie ! Tu es malade !

Gudrun balaya les propos du revers de la main d'un air agacé.

- Non ! dit-elle, tu ne veux pas d'explications à ses actes ?

La jeune fille fixa son ami dans les yeux pour tenter de le convaincre d'accepter. Elle vit Lars avaler sa salive et faire mine de réfléchir.

- Ok, dit-il, je suis d'accord.

« Victoire ! » se félicita la jeune fille.

- C'est vrai ? demanda-t-elle

- Oui, après tout, répondit le jeune homme, ma curiosité est piquée.

Gudrun esquissa un sourire victorieux et se redressa pour s'extirper du buisson. Lars fit de même. Une fois de retour sur le sentier, la jeune fille jeta un coup d'œil à sa robe qu'elle constata abîmée par les épines.

- Génial, soupira-t-elle, les Hermann vont hurler

- Ma mère va me gronder fort ! fit Lars, regarde ma chemise neuve ! On ferait mieux de rentrer !

- Non ! On va au cabanon rapidement et seulement après, on rentre ! s'exclama la jeune fille

Les deux jeunes débouchèrent quelques minutes plus tard au pas de course dans la clairière qui abritait le repère.

- Tu as raison, c'est allé vite ! fit Lars à bout de souffle

Gudrun resta silencieuse et s'avança vers un amas de végétation qui la dépassait d'une vingtaine de centimètres.

- La végétation a poussé, remarqua celle-ci, mais je pense que le cabanon est encore là ! Viens !

Lars se hâta de rejoindre son amie.

- C'est derrière ? demanda-t-il

- Exactement, dit Gudrun, c'est pour ça que c'est l'endroit parfait pour une réunion secrète !

Elle écarta des branches et passa de l'autre côté. Le cabanon se dressait devant elle. La jeune fille se mit à sourire. Il n'avait pas changé depuis qu'elle l'avait découvert avec Vaughn pour la toute première fois il y a quelques années. Pas changé depuis la dernière fois qu'elle y était allée. Seul le bois avait été un peu ternie par la pluie, la neige et le vent au fil du temps. Lars arriva derrière elle en se battant entre trois branches.

- Ma chemise ! se plaignit le jeune homme, elle était intacte !

Gudrun s'avança vers la porte du cabanon et débarrassa de sa main la poignée d'une toile d'araignée. Elle poussa la porte qui s'ouvrit en grinçant. Suivie de Lars, elle s'engagea à l'intérieur. Une odeur de bois mouillé régnait dans la petite pièce. Elle pivota sur elle-même pour constater l'état du lieu. « Personne n'est venue » pensa-t-elle. Elle fit quelques pas en avant et entendit le plancher grincer doucement.

- C'est vide ! dit Lars

- On n'a pas besoin de grand-chose ! répondit Gudrun

Le jeune homme laissa échapper un rire.

- Pas faux ! fit-il

Gudrun posa son regard sur l'unique fenêtre qui laisser pénétrer la lumière du jour dans le cabanon. Elle était également couverte de toiles d'araignées.

- On n'est pas dans le noir, lâcha-t-elle, donc pas forcer de les retirer

Elle leva ensuite les yeux vers le plafond, qui avait fini par laisser passer quelques gouttes de pluie au fil des années. « Il n'est jamais tombé, ce n'est pas aujourd'hui que ça se produira » se dit-elle. Elle se tourna finalement vers Lars.

- L'endroit est parfait, dit-elle, je confirme que les réunions de notre révolte auront lieu ici !

Son ami se mit à applaudir.

- Maintenant, ma chemise souhaite rentrer ! dit-il

Gudrun éclata de rire.