Chapitre 31

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Gudrun ouvrit les yeux, désorientée dans le noir. La respiration continue et calme de Maxime qui dormait profondément à côté d'elle l'aida à se détendre. Il n'y avait strictement aucune lumière qui passait par la fenêtre de la chambre, ce qui signifiait que c'était le milieu de la nuit. La jeune fille considéra la pièce où elle ne voyait rien durant quelques secondes avant de se rallonger sur l'oreiller que Maxime lui avait prêté. Soudain, elle repensa aux papiers rapportés par Matisse à l'avant-veille. Le triste sort de Vaughn les avait tous fait oublier la liasse de documents durant deux jours. Gudrun repoussa la couverture et se glissa hors du lit. Elle quitta la pièce après s'être emparé des papiers posés sur le bureau de Maxime et avança dans le couloir de l'appartement qui se trouvait dominé par un silence total.

La jeune fille s'installa sur une chaise de la table de la cuisine et, à la lumière d'une lampe torche, commença à parcourir du regard les inscriptions sur chacune des feuilles.

Le centre de Deutschfuture avait été fondé en 1921, peu de temps après la guerre qui avait énormément affaibli de pays. C'était une idée du parti nazi qui visait à créer un renouvellement du pays et une population à l'image de leurs idées en recrutant comme premier clients des personnes d'abord lambda qui correspondaient aux critères. Le document expliquait l'intégralité des étapes de la création du centre situé à l'autre bout de la ville, dissimulé dans une sorte de campagne. Le fondateur qui avait déposé sa signature et un cachet en bas de la page avait l'air d'avoir décidé de rester anonyme : son nom n'était visible nulle part.

Gudrun passa à la feuille suivante. Cette dernière comportait tout les noms et rôles de chaque travailleur du centre, avant de citer les principaux clients masculins. Mais c'est à la vue du nom de celui qui était appelé le grand maître que la jeune fille sentit son cœur s'arrêter. Monsieur Hermann. L'appel qui avait été reçut sur le téléphone du salon prenait tout son sens ! « Bonjour maître ». Monsieur Hermann était en réalité beaucoup plus impliqué qu'elle ne l'aurait pensé. La suite de la liste continua de l'achever. Monsieur Jufarr, Vandam, monsieur Bauer et la famille de Constantin étaient en réalité les bras droits du grand maître au sein de l'organisation. Ils étaient chargés de recruter de nouveaux clients et adeptes en partant en soit disant voyages d'affaires, organiser des mariages entre les enfants issus du centre afin de perpétuer la tradition, enseigner les règles de séparation et beaucoup d'autres actions de ce genre. Gudrun cligna plusieurs fois des yeux. Tout s'expliquait ! S'enchaînait ensuite des factures et explications des procédures d'adoption par un possesseur légal qui devait être soit un travailleur du centre, soit une famille recrutée par eux.

- On se croirait dans une mauvaise secte... souffla la jeune fille à voix basse

Elle repoussa les feuilles devant elle. Vaughn lui avait permis non seulement de découvrir entièrement la vérité sur les centres, mais d'avoir maintenant toutes les clés en main pour se révolter pour de bon. Il faudrait que, dès que le jour serait levé, se rendre non pas aux bureaux, mais au centre lui-même.

- Mais tu sais où il est ? demanda Maxime en faisant tomber sa cuillère dans son bol de petit-déjeuner

Gudrun fit avancer les documents vers le jeune homme tout en buvant son verre d'eau.

- Oui, dit-elle, regarde !

Maxime fit avancer son doigt sur le papier.

- On aurait dû regarder ça plus tôt... répondit-il

La jeune fille avala sa salive.

- On ne pouvait pas vraiment mais...

Elle regarda Maxime qui sembla se rendre compte de ce qu'il venait de dire.

INDUSTRY BABY - sera en version papierWhere stories live. Discover now