Chapitre 20

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Après avoir raccompagné Matisse chez elle, Gudrun courut jusqu'à la rue des Lilas et poussa la porte de l'immeuble de Maxime. Elle monta les escaliers à toute vitesse jusqu'au cinquième étage et appuya plusieurs fois sur la sonnette de l'appartement. La jeune fille s'arrêta en reprenant son souffle. La porte s'ouvrit et Maxime apparût devant elle. Il la dévisagea d'un air ahurit.

- Tout va bien ? demanda celui-ci en prenant soudain une expression inquiète

Gudrun voulut lui attraper les mains mais Maxime recula en les frottant sur son t-shirt blanc tel un torchon.

- Elles sont pleines de peinture ! ria-t-il

La jeune fille ne répondit rien et extirpa la photo trouvée dans le dossier du centre de la manche de sa robe.

- J'ai trouvé, souffla-t-elle

Maxime termina de se nettoyer les mains sur son vêtement puis attrapa le morceau de papier qu'il regarda durant un long moment avant de relever les yeux. Il tendit le bras, comme pour comparer la photo avec le visage de Gudrun comme un peintre analyserait son œuvre après avoir déposé son pinceau.

- Très belle, dit-il, dans les deux cas.

La jeune fille se mit à rire en reprenant la photo.

- Ce n'est pas le moment ! fit-elle

Maxime roula des yeux et lui prit les mains sans la quitter du regard.

- N'ai-je pas le droit de constater la beauté celle que j'aime ? dit-il

Gudrun ne trouva aucune réponse au compliment que venait de lui faire Maxime tant les battements de son cœur s'accentuaient. Personne ne lui avait dit quelque chose de tel. La jeune fille posa une main sur la joue de Maxime qu'elle caressa délicatement de son pouce. Au moment où le jeune homme se pencha pour l'embrasser, une voix s'éleva depuis la cuisine de l'appartement. Soudain, madame Sassier apparût dans l'encadrement de la porte.

- Bonjour ! dit la femme d'un ton enjoué

Les deux jeunes se détachèrent. Madame Sassier fronça les sourcils en voyant l'état du t-shirt de Maxime qui était couvert de traces de peintures noires.

- Maxime ! s'exclama-t-elle, c'est bien de faire de la peinture mais... quel crado !

Celui-ci roula des yeux d'un air amusé.

- Et en plus devant Gudrun ! ajouta sa mère qui riait à son tour, ça n'a rien de galant !

La femme enfila une veste.

- Je vais en ville pour faire quelques courses à l'épicerie, dit-elle en direction de son fils, veut-tu quelque chose en particulier ?

Maxime lui fit non de la tête.

- Très bien, répondit madame Sassier en passant devant les deux jeunes, à tout à l'heure !

Elle les salua et commença à descendre les escaliers de bois. Le silence se fit durant quelques secondes.

- Il faut que je parle de ce que j'ai découvert, dit Gudrun en regardant Maxime

Celui-ci la fit entrer dans l'appartement et tous deux prirent la direction du petit bureau du fond du couloir, comme à leur habitude.

Le jeune homme se laissa tomber sur un des fauteuils verts.

- Je sais qui est ma mère, fit Gudrun en brisant le silence

Elle tendit la photo qu'elle avait gardé en main à Maxime.

- Retourne-la, ajouta-t-elle

Le jeune homme s'exécuta et parcouru des yeux les mots inscrits au dos du document.

- Katarina Fabre, dit-il au bout d'un moment

Il se leva et commença à farfouiller dans les livres d'une des bibliothèques.

- Il me semble qu'il y a un annuaire des habitants de toute la ville qui est rangé par ici, dit-il en continuant sa recherche

- Et... fit Gudrun

- Je vais regarder s'il y a des Fabre, ou alors des gens pouvant connaître ta mère !

La jeune fille resta silencieuse. Soudain, Maxime tira un ouvrage aux pages jaunies du meuble.

- Parfait ! s'exclama-t-il avec un air satisfait

Il déposa le livre sur la table basse et commença à tourner les pages. Gudrun se pencha en avant pour observer chacun des gestes du jeune homme.

- F... dit-il, A, C, E, ... F !

Maxime parcourait la page de son doigt.

- Favelas, Froster, Frachr, non...

- Tu es sûr que... tenta la jeune fille

- Fabre ! fit Maxime

Gudrun fit le tour de la petite table pour venir se placer à côté du jeune homme. Le doigt de celui-ci pointait une adresse.

- Maryse Fabre, lu Maxime, au 3 avenue des tilleuls !

La jeune fille relu plusieurs fois la page. Cette Maryse Fabre était la seule à porter son nom de famille. « C'est la seule chance » pensa Gudrun.

Elle se tourna vers Maxime.

- C'est loin l'avenue des tilleuls ? demanda-t-elle

Le jeune homme passa une main dans ses cheveux bruns et se mit à réfléchir, le regard dans le vide. Il secoua la tête.

- Non, dit-il, pas si on prend le taxi.

Gudrun se sentit envahit par un sentiment d'espoir. Rencontrer Maryse Fabre lui apporterait sûrement les réponses qu'il lui manquait. La jeune fille baissa les yeux sur le t-shirt tâché de peinture de Maxime.

- Change ça, fit-elle, on y va.

Il la regarda d'un air interrogateur avant d'hocher la tête, comme s'il venait seulement de comprendre ce que voulais la jeune fille. Il se leva et lui déposa un baisser sur le front.

- J'aime ta détermination, dit-il

Le jeune homme quitta la pièce et revint au bout de quelques minutes plus tard en terminant de boutonner une chemise noire.

- C'est mieux ? demanda-t-il à l'intention de Gudrun

Celle-ci se mit à rire.

- Oui, répondit-elle, quelle question ! 

INDUSTRY BABY - sera en version papierWhere stories live. Discover now