5. "Il est mon héros"

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Les trois semaines suivantes sont des semaines de Grand Prix : Mick ne peut pas se permettre un petit voyage en France. Ysalis, qui doit suivre l'emploi du temps de la Formule 1, lui propose de venir passer le week-end suivant chez elle.

Après le Grand Prix à Monza, Mick profite de croiser Esteban sur le paddock pour lui demander :

-Dis, Esteban, tu connais la banlieue parisienne ?

Le français hausse les sourcils.

-Je peux avoir un contexte sur la raison pour laquelle tu me parles de la banlieue parisienne ?

Mick rit.

-Tu sais, la femme que je cherchais avec son chien sur le paddock, en Belgique... elle habite là-bas.

-Dans quelle ville ?

-Je ne sais pas. Mais pourquoi tu fais cette tête ? C'est dangereux là-bas ?

Esteban rit.

-Dangereux, j'irai pas jusque là. Mais ça dépend des villes, quoi. Tu vas découvrir la France, la vraie. Rien à voir avec l'endroit où on va pour les Grand Prix.

Mick hoche la tête.

-Elle m'avait dit que tu aurais une réaction.

-Ah, je vois, c'est bien un truc de français, ça. J'ai hâte que tu me racontes ton séjour là-bas.

En arrivant à la Gare de Lyon, Mick est un peu perdu. Il voit rapidement Ysalis, qui s'est mise au bout du quai, et la rejoint avec un sourire.

-Salut ! Tu n'as pas trop galéré pour arriver jusqu'ici ?

Il secoue la tête.

-Non, très bien.

-Bienvenue à Paris !

-Merci. Il y a beaucoup de monde.

Ysalis rit.

-Oui, c'est vrai. Je ne savais pas que tu voyageais en train... normal, dit-il, faisant la moue, et Mick sourit.

-Je te l'ai dit, je ne suis pas célèbre, c'est mon père. Personne ne m'a reconnu dans le train entier.

Ysalis acquiesce avant de baisser les yeux et de réaliser que Mick n'est pas venu seul.

-Angie ! s'exclame--t-elle, se penchant pour la caresser. Elle est trop belle !

Mick hoche la tête. Il est complètement d'accord.

Ysalis se redresse.

-Je suis venue en voiture. Je me suis dit que le métro, et le RER... c'était un peu trop. On en a pour une vingtaine de minutes si ça roule.

Le trajet passe vite car la conversation est centrée sur Angie, et que Mick aime beaucoup découvrir des paysages qu'il n'a encore jamais vus.

-J'habite au deuxième étage, annonce Ysalis une fois devant l'immeuble, et ils montent en silence. Dès qu'elle ouvre la porte, Olive noire accourt.

-Je suis là, je suis là, sourit-elle en la serrant dans ses bras. J'ai apporté une copine pour toi !

Mick et Ysalis se tiennent l'un à côté de l'autre, curieux de voir comment leurs animaux vont s'apprivoiser. Mais les deux chiens s'ignorent : Olive noire reste aux pieds de sa maîtresse.

-C'est l'heure de sa promenade, explique-t-elle, peut-être qu'ils feront connaissance après.

Mick laisse ses affaires dans l'entrée, et ils redescendent accompagnés des deux chiens.

-Il y a un grand parc juste derrière ce bâtiment, on peut y aller, les filles seront contentes.

Le pilote sourit à l'entente du surnom qu'elle utilise pour parler de leurs chiennes respectives. Une fois au parc, celles-ci ne font pas attention à eux et partent courir chacune de leur côté.

-Bon... ce n'est pas un coup de foudre immédiat, remarque Ysalis, et Mick met quelques secondes à comprendre qu'elle parle des chiens.

-Il faut leur laisser du temps.

-C'est vrai qu'elles n'ont pas de pères de qui parler, rétorque Ysalis avec un sourire, et Mick fronce les sourcils.

Peut-être qu'il lit trop entre les lignes. Il préfère oublier ce qu'il croit avoir compris.

-Est-ce que tu t'entends bien avec lui ? Ton père, je veux dire.

Ysalis soupire.

-Je m'entends très bien avec lui. Il est mon héros. J'étais cette petite fille qui admirait tout ce que son père faisait. Et c'est lui qui m'a donné envie d'écrire... alors parfois je m'en veux un peu de me sentir aussi en colère quand on me compare à lui.

Mick acquiesce. Il voit exactement ce qu'elle veut dire.

-Il s'est toujours épanoui dans ce travail. Je l'ai toujours vu heureux d'aller s'enfermer dans son bureau pendant des heures pour écrire. Je l'ai toujours vu heureux de revenir quand le soleil était déjà couché, pour nous annoncer qu'il avait terminé son chapitre. Je voulais ressentir ça, moi aussi. Coucher les mots sur le papier et en être fière. Relire ce que j'avais écrit, même un premier jet, et me dire que c'était moi, c'étaient mes mots, et que j'avais réussi à transmettre les idées que j'avais en tête mais surtout les émotions que j'avais ressenti.

Elle secoue la tête.

-Désolée. Je parle beaucoup.

-C'est pareil pour moi. C'est lui qui m'a donné la passion. Je vivais pour ces moments de joie après chaque Grand Prix. Il n'était pas souvent là mais je ne lui en ai jamais voulu parce que je voyais bien que c'était du bonheur, tout ça.

Ysalis sourit.

-Je ne sais pas quels mots utiliser, en fait j'y pense depuis quelque temps et je crois que quoi que je dise, je vais créer un malaise mais... tu n'es pas obligé de parler de ton père si c'est trop douloureux pour toi. Je ne te poserai jamais de questions sur lui, je sais que vous voulez garder tout ça privé et je ne peux que comprendre ce choix.

Mick sourit avant de regarder Ysalis. Elle est gênée d'avoir dit ça, il le voit bien. Pourtant, il est reconnaissant qu'elle l'ait fait.

-Merci, Ysalis. Ça ne me dérange pas de parler de lui.

Ysalis hoche la tête, l'air soulagé de la réaction de Mick.

-Je n'aime pas qu'on me compare à lui mais c'est un honneur pour moi de porter son nom de famille. J'aurai pu continuer avec le nom de jeune fille de ma mère, mais c'était mettre de côté cet héritage et cette passion qui me vient de lui.

nom de famille » MICK SCHUMACHER ✓Where stories live. Discover now