nom de famille » MICK SCHUMACHER ✓

11. "Il est comme mon deuxième père"

En arrivant sur le paddock, le vendredi, au Brésil, Mick n'a pas le temps de faire deux pas qu'il se retrouve devant un humain qui lui cache la vue. Il reconnaît immédiatement Esteban.

-Alors, avec Ysalis ?

Mick secoue la tête.

-Bonjour, Esteban, oui, je vais bien, merci de me demander, et toi, comment vas-tu ?

Le français rit.

-C'est vrai, c'est vrai, j'en oublie mes bonnes manières. Bonjour, Mick, comment vas-tu ? Je t'accompagne jusqu'au motorhome Haas si tu réponds à ma première question.

-Mais quel honneur, ta copine serait jalouse.

-Ma copine est ma voisine de motorhome. Maintenant, je t'écoute.

Mick fait semblant de réfléchir, et Esteban lève les yeux au ciel.

-On a parlé.

-Mais encore ?

-Il s'avère qu'il se passe vraiment quelque chose avec la nourriture, dit-il tristement, et Esteban fronce les sourcils.

-Oh. Oh, ok. Est-ce qu'elle va bien ?

Mick hausse les épaules.

-J'ai pas posé beaucoup de questions. J'ai écouté.

Il hausse à nouveau les épaules.

-Je suis heureux qu'elle me fasse confiance pour m'en parler.

Esteban sourit.

-Je m'y connais pas beaucoup en troubles alimentaires mais je crois qu'effectivement, le fait qu'elle t'en parle témoigne d'une confiance qu'elle a envers toi.

Mick ne répond rien, plongé dans ses pensées. "Troubles alimentaires" sont les termes qu'Esteban a utilisés ; Ysalis, elle, n'y a pas fait référence.

-Et du coup, tu l'as embrassé ?

Mick fronce les sourcils.

-Bah... non.

Esteban secoue la tête, désemparé.

-Mick ! C'est pas possible ! Me dis pas que ça t'a pas traversé l'esprit ! Pas pendant votre conversation sérieuse, mais avant ? Après ?

Mick croise ses bras sur sa poitrine.

-Pourquoi c'était à moi de l'embrasser, d'abord ? Pourquoi pas elle ? C'est pas Théa qui t'a embrassé en premier ?

-Pourquoi mêle-t-on Théa à cette conversation ?

-Parce que c'est elle qui porte la culotte dans votre couple, répond Mick avec un sourire moqueur, et Esteban hausse un sourcil.

-On est en 2022, Théa et moi sommes à égalité, et je ne vois pas le rapport avec le fait que tu n'attrapes jamais les perches quand il faut !

-Ah non, cette fois, il n'y avait pas de perches. Pour les fois d'avant, je le reconnais, mais là, non.

Esteban soupire, l'air peu convaincu.

-Tu crois que ça l'agace ? demande soudainement Mick. Que je sois complètement à l'Ouest à chaque fois comme ça ? Je comprenais pas que je lui plaisais, là, j'ai visiblement pas compris que je devais l'embrasser...

-Oh, mais Mick, bien sûr que non, Esteban secoue la tête. Je t'embête, mais il n'y a pas de bons moments pour comprendre ou faire quoi que ce soit. Crois-moi, je suis pas le bon exemple pour ça, on a mis des siècles avec Théa ! Mais l'important c'est d'aller à son rythme et de faire ce qu'on pense être bien. Si tu n'as pas senti qu'il fallait l'embrasser, alors c'est pas la fin du monde. Et tu avais sûrement raison. Elle t'a confié quelque chose d'important et dont elle ne parle sûrement pas à toutes les personnes qu'elle connaît, et il y a un temps pour tout dans la vie.

Mick acquiesce, et Esteban sourit.

-Puis, tu vas la revoir, t'auras plein d'autres opportunités. Et si c'est pas la prochaine fois, ça sera peut-être celle d'après.

-Mmh. Si tu le dis.

-T'en as parlé à Seb, de tout ça ?

Mick fait une grimace.

-Non, mais, et puis quoi encore ?

Esteban rit.

-Bah quoi, vous êtes super proches et je pense qu'il a de meilleurs conseils que moi.

Mick secoue la tête.

-Je vais pas parler de ça avec Seb, il est comme mon deuxième père, et...

Il s'arrête, se sentant coupable d'avoir dit ça. Il regarde Esteban, comme pour lui demander s'il trouve qu'il a dépassé les limites, mais le français ne semble absolument pas choqué par ce qu'il vient d'entendre.

-Ouais, je crois que je comprends ce que tu veux dire. Fernando aussi c'est un peu comme mon deuxième père, et j'irai pas lui parler de tout ça.

Mick soupire de soulagement. Ce n'est pas honteux d'avoir pensé ça. Il a le droit de trouver qu'un de ses coéquipiers est aussi important pour lui, surtout quelqu'un comme Sebastian, qui a directement connu son père.

Quand il croise le pilote Aston Martin après les essais libres, Mick va aussitôt le voir pour le serrer dans ses bras.

-Ça va ? Tes essais se sont mal passés ? demande Sebastian, confus, et Mick secoue la tête.

-Non. Je voulais juste te remercier d'être toujours là à m'attendre et à discuter avec moi.

Sebastian sourit.

-T'es la famille, Mick. Même quand tu as envie de m'envoyer bouler parce que tu préfères traîner avec une fille.

Mick lève les yeux au ciel, et Sebastian n'insiste pas. Pourtant, Mick sait qu'il doit mourir d'envie de poser ses questions : est-ce que ça s'est arrangé la dernière fois, est-ce que Corinna l'a déjà rencontré, est-ce que son père en a déjà entendu parler. Mais Sebastian sait que Mick lui en parlera de lui-même, un jour. En temps voulu.

Pour l'instant, Mick n'a rien de spécial à dire, et il ne sait même pas quand il reverra Ysalis.

Quand il récupère son téléphone, celle-ci lui a envoyé un message sur Instagram.

Ysalis Bellam
bonjour Mick, qu'est-ce que tu as prévu le 21 novembre ?