7. "L'écriture est à toi ce que la conduite est à moi"

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-Alors ? demande Esteban en posant son gobelet de café sur la table, et Mick hausse les épaules.

-C'était très joli. Tu as été sévère avec la grande couronne de la banlieue parisienne.

Le français rit.

-Tu te souviens du nom de la ville ?

-Euh... non. C'était dans le 91, dit-il, et on sent bien à sa voix que ce chiffre ne veut rien dire pour lui.

-Si c'était très joli, c'est le principal. Tu me parles de la ville quand tu dis ça, pas de la fille ? vérifie Esteban et Mick lève les yeux au ciel.

-Je crois qu'il y a un problème.

-Un problème ? demande Esteban, et Mick s'assied à côté de lui.

-Je pense que je me fais des films mais j'ai l'impression qu'elle ne mange jamais.

-Tu ne l'as jamais vu manger ?

-Si, répond Mick, mais très peu. Et j'ai l'impression qu'elle saute des repas. Et j'ai voulu aborder le sujet mais c'était une mauvaise idée.

Esteban ne répond rien.

-C'est un sujet sérieux mais je ne veux pas insister. Peut-être qu'elle finira par m'en parler d'elle-même si elle a besoin.

-Je pense que tu devrais essayer de lui en reparler, contredit Esteban, et Mick fronce les sourcils. Peut-être qu'elle n'a pas conscience de ce qui se passe, peu importe ce qui se passe. Peut-être rien, d'ailleurs. Mais s'il se passe quelque chose...

Mick soupire. Il ne sait pas quoi faire.

-Je vais attendre. Peut-être que j'ai imaginé tout ça. Je vais voir comment ça se passe quand elle viendra en Suisse.

Quand Ysalis arrive en Suisse, Mick décide de mettre ses soupçons de côté pour profiter de sa présence.

-Comment avance l'écriture des fins de ta trilogie ? demande-t-il quand ils se retrouvent dans sa voiture, et Ysalis fait la moue.

-Pas aussi simple qu'on pourrait l'imaginer.

-Je n'imagine pas que c'est simple, secoue-t-il la tête. J'ai jamais tenté l'exercice.

Ysalis hausse les épaules.

-Parfois, j'aimerai bien que l'histoire s'écrive toute seule.

Mick rit.

-Je comprends. Mais s'il s'écrivait tout seul, ce ne seraient pas tes mots. Tes phrases. Il n'y aurait pas de part de toi dans le livre. Ce n'est pas aussi un pour ça qu'on écrit ? Peut-être même inconsciemment. Dans chaque livre, il y a un peu de l'auteur ou de l'autrice.

Il s'arrête, avant de froncer le nez.

-Désolé, je m'emballe un peu.

-Non, non. C'est très vrai, ce que tu dis. Trouver les mots exacts qu'on veut coucher sur le papier, c'est toujours difficile, mais c'est une immense fierté d'y arriver. Et tu as raison, on met toutes et tous un peu de nous dans nos livres.

-La comparaison semble peut-être tirée par les cheveux, mais c'est pareil en Formule 1. L'écriture est à toi ce que la conduite est à moi.

-Ce qui explique pourquoi tu ne conduis pas comme ton père, et pourquoi je n'écris pas comme le mien.

Mick quitte la route quelques instants pour la regarder et lui sourire.

En arrivant chez lui, Mick lui présente immédiatement la chambre d'amis et la laisse s'installer. Il se retrouve seul dans sa cuisine, en train de se demander comment lui proposer quelque chose à manger.

-Angie ! s'exclame la voix d'Ysalis, et Mick rit en l'imaginant croiser la chienne et s'arrêter pour la caresser. Il sort de la cuisine, et les trouve toutes les deux par terre, silencieuses.

-Tout va comme tu veux ? demande Mick à Ysalis, car il n'a pas trouvé la formulation adéquate pendant sa réflexion.

-Oui, très bien, merci, répond-elle, pourtant, Mick la trouve absente.

-Tu veux quelque chose à boire ?

Ysalis secoue la tête.

-Ça va, merci.

Il lui propose de partir à pied pour visiter les alentours, et Ysalis accepte. Avec Angie à leurs côtés, les deux jeunes adultes commencent leur promenade sans parler, trop occupés à admirer le paysage.

Sauf qu'évidemment, les pensées de Mick le ramènent très vite à son inquiétude à propos d'Ysalis et la nourriture. Ne voulant pas aborder le sujet, il tente de songer à autre chose... sans grand succès.

-Qu'est-ce que tu voudrais manger, ce soir ? demande-t-il en essayant de paraître le plus normal possible, et Ysalis ne semble pas trouver sa question dérangeante, ce qui rassure Mick dans un premier temps.

-Je ne sais pas, dit-elle, et Mick hausse les épaules.

-C'est toi qui choisis.

Il remarque qu'elle fuit son regard, et Mick regrette aussitôt d'avoir lancé ce sujet : il l'a mise dans une mauvaise posture. Elle est mal à l'aise, même si elle fait tout ce qu'elle peut pour le cacher.

-Des frites ? propose-t-il, et quand il voit Ysalis acquiescer, il n'arrive pas à savoir si elle veut juste mettre fin à l'échange ou si elle est réellement emballée.

-D'accord. Mais je n'ai pas très faim.

Mick hausse les épaules.

-Tu mangeras ce que tu voudras.

Ysalis croise enfin son regard à l'entente de cette phrase. Ses yeux brillent comme si c'était la plus belle chose qu'elle n'avait jamais entendu.

En rentrant, Mick s'attelle immédiatement à la préparation du dîner, et Ysalis semble perplexe, puisqu'elle lâche :

-Mais qu'est-ce que tu fais, avec ces pommes de terre ?

-Bah... je les coupe. Pour faire des frites.

-Oh ! s'exclame-t-elle, je pensais que tu allais sortir des frites déjà prêtes.

-J'aime bien cuisiner, on ne va pas manger des frites coupées par quelqu'un d'autre, ce serait honteux.

Ysalis sourit.

-Je peux t'aider ?

Il lui tend un économe, et un travail d'équipe se met en place : elle épluche, et il coupe. Cette activité semble plaire à Ysalis, que Mick trouve bien plus détendue qu'à son arrivée. La cuisson des frites est lancée, et elle accepte enfin un verre d'eau. Mick est rassuré, et il met le sujet nourriture dans un coin éloigné de sa tête. Quand il dépose le plat de frites devant eux, le doute revient, mais Ysalis demande immédiatement :

-Est-ce que tu as de la mayonnaise ?

-Bien sûr, déclare-t-il alors qu'il n'est pas sûr du tout.

Heureusement pour lui, il trouve un tube dans son réfrigérateur. Ysalis le remercie et commence à manger.

Mick secoue la tête pour lui-même. Il s'est fait des films. Il a imaginé des choses qui n'existent pas. Ysalis est là, devant lui, en train de manger des frites trempées dans de la mayonnaise.

-Merci, Mick, c'est très bon, ajoute-t-elle, et il sourit.

Peut-être qu'il se soucie un peu trop d'elle alors qu'il ne la connaît pas si bien que ça. La preuve.

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petite info : les chapitres sont écrits à l'avance donc ne correspondent pas forcément à l'actualité f1. vous allez voir que je parle très tard du départ de Vettel pcq je l'ai incorporé dès qu'on a su, je ne retourne pas en arrière sur mes chapitres. et comme il y a des rumeurs sur le futur de Mick, ça ne sera pas inclus dans la fic non plus car j'ai trop d'avance, il sera donc toujours chez Haas ici :)

nom de famille » MICK SCHUMACHER ✓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant