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13. "C'est vraiment idiot de dire ça, Mick"

Une fois de retour chez Ysalis, elle annonce qu'elle aimerait écrire un peu. Mick acquiesce, et lui propose de se retrouver dans deux heures pour aller prendre l'air. Il n'a jamais essayé d'écrire un livre, mais il peut imaginer qu'après plusieurs heures devant un écran à réfléchir, c'est ce qu'il y a de mieux à faire.

Quand elle apparaît au bout d'une heure et propose de sortir, Mick accepte sans poser de question. Olive noire est évidemment de la partie : ils marchent jusqu'au parc où ils sont allés la fois dernière, dans lequel les chiens sont libres de courir autant qu'ils le souhaitent. Mick et Ysalis s'installent sur un banc et regardent la chienne courir en riant.

Mick espère qu'elle a réussi à écrire quelques mots, mais il n'ose pas lui poser la question. Parfois, après les courses, il aimerait ne pas avoir à en parler.

-Tu penses que je suis un pilote raté ?

Ysalis lâche le jouet qu'elle s'apprêtait à lancer à Olive noire, perplexe.

-Tu fais partie des vingt seuls pilotes de ce monde à courir en Formule 1, et tu me demandes si je pense que tu es un pilote raté, Mick ?

Il hausse les épaules.

-On ne peut pas dire que je me fais remarquer avec des performances extraordinaires. Et je pense sincèrement que je ne suis le pilote favori de personne.

-J'ai dit que tu étais mon pilote préféré, lui rappelle-t-elle, et Mick secoue la tête.

-Oui, mais, je veux dire... le vrai pilote préféré de quelqu'un. Pas parce que je t'invite aux Grand Prix.

Ysalis hoche la tête.

-Donc tu penses que tu es mon pilote préféré parce que tu me paies des pass paddock et des hôtels.

Mick ferme les yeux.

-Non, c'est pas ce que je voulais dire...

-C'est vraiment idiot de dire ça, Mick. Tu sais quoi, tu as raison. Avant de te rencontrer, j'avais un autre pilote préféré. Et puis, c'est devenu toi. Pas parce que tu me paies des choses, Mick, parce que j'ai appris à te connaître et que tu es une personne exceptionnelle. Parce que tu sais ce que je vis avec mon nom de famille, parce que tu es super intéressant et que j'aime beaucoup discuter avec toi. Parce que tu es plein d'empathie. Et parce que tu es un bon pilote.

Mick panique un peu en entendant tous ces mots très gentils auxquels il ne s'attendait pas. Malgré ça, il ne réfléchit pas longtemps à sa réaction : elle vient naturellement. Alors il se penche et il dépose tendrement ses lèvres sur celles d'Ysalis, qui sourit avant de lui rendre son baiser.

Ils sont interrompus par Olive noire, qui saute sur les genoux d'Ysalis à la recherche de son jouet qu'elle attend qu'on lui lance depuis plusieurs minutes.

-Ok, ok, ça va, je lance, dit-elle en rigolant avant de s'exécuter, et la chienne repart en courant.

Ils la regardent récupérer son jouet, et c'est pendant qu'elle fait le trajet retour que Mick demande :

-C'était qui ?

Ysalis fronce les sourcils, perdue.

-Ton pilote préféré. Avant.

Elle sourit.

-Je te dis pas. Tu penses que c'était qui ?

Mick hausse les épaules, songeur.

-Pas Esteban, tu n'avais pas l'air particulièrement heureuse de lui parler l'autre fois. Seb... tu as dit que tu voulais avoir l'honneur de lui parler, mais je ne pense pas que ce soit lui non plus. Je ne sais pas. Tu as cité Max l'autre jour. Peut-être Max.

Ysalis sourit mystérieusement.

-Si c'est ce que tu penses, alors...

-Alors quoi, tu ne vas jamais me dire la réponse ?!

-C'est pas important, puisque c'est toi maintenant.

Mick fait la moue, mais Ysalis secoue la tête l'air de dire qu'elle ne donnera pas plus d'information. Quand ils quittent le parc, Mick décide d'arrêter d'y réfléchir. Il ne peut pas deviner, il reste trop de pilotes auxquels Ysalis aurait pu être attachée.

-Mick.

-Mmh ?

-Il faut qu'on aille acheter de la feta.

-De la feta ? répète-il, confus. Très bien, allons acheter de la feta. C'est dans quel optique ?

-La manger. J'aime beaucoup la feta.

-C'est vrai ?! C'est la première fois que tu dis ça d'un aliment.

Ysalis hausse les épaules.

-J'aime beaucoup la feta, répète-elle, et Mick acquiesce.

-Allons acheter de la feta.

Il est prêt à acheter tout le rayon si ça peut rendre les repas tolérables à Ysalis. Elle est obligée de lui demander de se calmer et de se restreindre à trois paquets.

-Tu es sûr ? Mais si on en utilise un ce soir, et...

-On reviendra si besoin, lui fait-elle remarquer, et Mick hausse les épaules.

-Bon, d'accord.

C'est elle qui propose de se mettre aux fourneaux, et elle a l'air heureuse de préparer un plat qu'elle affectionne. Mick se fait la remarque que trouble alimentaire ou pas–Ysalis n'a toujours pas utilisé les termes–rien ne semble linéaire. Parfois, manger a l'air d'être une épreuve pour elle, et parfois, ça semble être un acte normal du quotidien. Sans vraiment savoir pourquoi, Mick pose sa main sur celle d'Ysalis, qui relève la tête, surprise.

-Tout va bien ?

Il sourit.

-Oui, tout va vraiment bien.

À table, il est épaté de la voir terminer son assiette et se resservir. Évidemment, il ne dit rien, mais il est soulagé de voir cette situation se reproduire. Il ne pense pas être qui que ce soit pour un jour exiger qu'elle mange, mais il sait aussi à quel point ça doit être angoissant de la voir ne pas le faire.

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faites attention à vous et à vos proches et s'il vous plaît, ne forcez jamais quelqu'un à manger 🤍