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12. "Qu'est-ce que je vais faire, sans toi ?"

Mick n'attend rien de la dernière course de la saison ; hormis peut-être quelques points, juste pour la forme. Il sait que ce sera une course triste, parce qu'il va conduire en pensant que ce sont ses derniers tours avec Sebastian.

Il regrette de ne pas avoir passé plus de temps avec l'allemand, ces dernières semaines. Il était tellement concentré sur Ysalis qu'il en a oublié son ami, et il sait qu'il ne pourra jamais rattraper le temps perdu.

-Mick, ne commence pas à faire la tête des mauvais jours, je te connais, lui lance celui-ci en le croisant sur le paddock, quelques heures avant la course, et Mick tente un sourire, qui ne fonctionne pas vraiment.

-Qu'est-ce que je vais faire, sans toi ?

-La même chose qu'avec moi. Je ne suis pas avec toi dans la voiture, et tu savais conduire avant de me rencontrer.

-Tu vas un peu loin, là... quel âge j'avais, quand on s'est rencontrés ?

-Tu vois ce que je veux dire. Je compte sur toi, Mick. Et tu le sais, je n'aime pas quand tu es comparé à ton père, alors je précise que je ne dis pas ça par rapport à lui : j'ai toujours su que tu ferais des grandes choses en Formule 1. Prouve à tout le monde que c'est grâce à Mick Schumacher que t'es là et à personne d'autre.

Mick fait de son mieux pour retenir ses larmes. Il a eu tellement de chance de pouvoir partager quelques saisons avec le grand Sebastian Vettel.

Après la dernière course de la saison, Mick ne repasse pas chez lui : il prend directement la direction de la France, en avion cette fois. Quand il atterrit, Ysalis est déjà là à l'attendre. Mick reste dans l'ombre quelques instants, à la regarder. Elle est toujours aussi belle que d'habitude, et Mick sait qu'il doit laisser la tristesse du départ de Sebastian derrière lui pour profiter un maximum. Il prend une grande inspiration, saisit sa valise et commence à avancer vers la jolie française qui l'attend.

-Salut ! s'exclame-t-elle quand il arrive à une distance où il peut l'entendre, et Mick sourit.

-Tu m'attends depuis longtemps ?

-Non, secoue-t-elle la tête, quelques minutes, pas plus. Tu as fait bon vol ?

-Oui, tout s'est bien passé.

Elle commence à marcher vers le parking, et Mick la suit en silence. C'est elle qui le brise, en demandant :

-Qu'est-ce que tu veux manger ?

Les sourcils de Mick se froncent immédiatement, et il la dévisage, perplexe.

-Ben... non, c'est pas moi qui vais choisir ça.

Ysalis secoue la tête.

-C'est toi qui es triste par rapport à Sebastian Vettel. Il te faut de la nourriture réconfortante.

-Je ne veux pas choisir.

-Tu peux, par exemple, proposer plusieurs options. Et je prendrai celle qui me plaît le plus.

Mick acquiesce et se plonge dans ses pensées. Il doit proposer des options assez variées pour qu'elle puisse y trouver son compte. Il repense à des choses qu'elle a déjà mangé devant lui, et propose :

-Mmh, une salade, ou bien un fast-food, ou bien un poke bowl.

Un sourire moqueur prend place sur le visage d'Ysalis.

-Comme l'a dit un grand pilote à la radio pendant une course, typical decision. Tu n'as rien choisi, tu as pris plein de trucs différents en espérant que l'un d'eux m'attire.

-Mais... commence-t-il à se défendre, avant de soupirer. Oui, c'est vrai. J'ai fait ça. Mais si je choisis quelque chose que tu n'aimes pas, ou que tu n'as pas envie de manger, tu ne vas pas manger. Et j'aimerai bien partager ce repas avec toi, et je suis désolé, je viens de réaliser que peut-être, mes mots sont culpabilisants.

Ysalis s'arrête en plein milieu du parking pour serrer Mick dans ses bras. Évidemment, il lui rend son étreinte, fermant les yeux.

-Je voudrais bien manger un fast-food mais uniquement s'il y a des wings de poulet.

Mick rit.

-D'accord, je peux chercher ça.

Une fois en voiture, Mick indique le chemin vers le lieu désiré tandis qu'Ysalis les y conduit. Quand il n'y a pas de destination à donner, ils restent dans le silence reposant.

-Qu'est-ce que ça fait, de se dire que la saison est finie et que c'est les vacances ? demande Ysalis une fois qu'ils sont attablés.

Mick hausse les épaules.

-Un peu bizarre. Beaucoup de temps libre. Rien de prévu hormis passer du temps avec les humains de ma famille et Angie. Et toi, peut-être, ajoute-il d'un air incertain, et Ysalis sourit.

-Je dois pouvoir te dédier un peu de temps dans mon emploi du temps d'écrivaine.

Mick sourit, content d'entendre cette réponse.

-Tu... si tu n'as pas d'impératif, tu peux rester à la maison quelques jours, propose-t-elle, et Mick réalise qu'effectivement, ils n'ont pas parlé de la durée de son séjour. Il est même surpris de ne s'en rendre compte que maintenant : faire un aller simple vers la France ne lui a pas du tout paru inhabituel.

-Mmh, d'accord, mais il faut que tu écrives quand même.

Ysalis hoche la tête.

-J'ai terminé d'écrire une des fins. Ce qui ne veut pas dire qu'elle est finie... c'est juste le premier jet. Mais il a au moins le mérite d'exister.

-Combien il y en aura, en tout ? l'interroge Mick.

-Trois. J'avais trois grandes idées et ça va avec l'idée de la trilogie...

-J'ai hâte que tu aies terminé.

-Oh, tu sais, c'est plus compliqué que ça... dit-elle, évasive, avant de demander : avec qui est Angie, quand tu n'es pas la ?

-Mes parents. Ou ma sœur, mais c'est plus rare, parce qu'elle a une carrière aussi. Mais pendant mes vacances, tu pourras venir à la maison aussi, pour la revoir.

Ysalis acquiesce.

-D'accord. On va beaucoup se voir, alors.

-Quoi, tu en as déjà marre de ma tête ?

Elle rit.

-Non, Mick, vraiment pas. J'en ai vraiment pas marre de ta tête.