L'ennui - chapitre 1

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Han Jisung expira bruyamment par la bouche, le regard rivé sur la cour de son école, à travers la fenêtre sale. Son coude était posé sur la table, et son menton dans sa paume. Toute son attention était tournée sur le monde extérieur, sur les autres élèves des autres classes, en face, qui semblait plus apte à parler entre eux qu'à écouter le cours. Ou alors, il regardait le grand arbre planté au milieu de la cour, qui étendait ses grandes branches, parcourues de feuilles vertes, vers le ciel bleu où seulement quelques nuages flottaient ici et là.

Le lycéen n'était pas près d'écouter son professeur faire son discours habituel sur les examens de fin d'année à venir. Sur ce qu'il fallait apprendre, ce qu'il fallait privatiser sur sa copie et l'éternel "n'attendez pas la fin pour réviser". Tout ça n'intéressait pas le brun, il ne voulait pas se rajouter du stress en plus, alors qu'il en était déjà plus rempli que d'eau dans son corps. Il savait qu'il allait devoir passer les examens, et surtout avoir son diplôme, mais tout ça l'angoissait.

Les épreuves qu'il allait devoir passer étaient une partie de son angoisse, l'autre était simplement la peur de l'échec. S'il n'arrivait pas à avoir son diplôme, il ne s'imaginait pas revivre une année dans cette école, dont il avait déjà du mal à y rentrer tous les jours. De plus, il n'oserait plus regarder ses parents, qui croyaient tellement en lui, dans les yeux, et même son propre reflet dans le miroir. Il se sentirait stupide, idiot, sans aucun neurone. Il y avait tellement de pression, de la part de sa famille, de son ami, de ses professeurs et de la société, qu'il se voyait mal rater ses examens.

Pourtant, il n'avait pas la tête à travailler et réviser comme il se devait. Il n'arrivait pas à se concentrer plus de 5 minutes, son esprit divaguant partout sauf sur son travail. De plus, son temps chez lui était réservé à son activité préférée : la peinture. Il avait sûrement pris cette passion à sa mère, qui avait fait de la peinture son métier. En tout cas, il adorait ça, et pouvait passer des heures et des heures à étaler la peinture sur sa toile. Et là, il restait concentré, plus rien ne comptait autour, seulement lui, sa palette, et son dessin qui se formait petit à petit sous ses nombreux coups de pinceaux. C'était la seule chose qui le raccrochait ici, au monde des vivants, le reste, l'importunait plus qu'autre chose. Il en avait marre de vivre.

Jisung, après s'être perdue dans ses pensées, tourna la tête vers son voisin et seul vrai ami, Yang Jeongin. Le noiraud avait les yeux posés sur le professeur qui faisait les cent pas devant le tableau blanc, occupés à baragouiner ses conseils. De temps en temps, il prenait des notes sur son cahier posé bien droit sur sa table, parallèle à sa trousse. Jeongin finit par sentir le regard perçant de son ami, aussi il lâcha l'enseignant des yeux, pour son voisin de table.

– Tu devrais écouter ce qu'il dit, c'est pour ton bien.

Jisung haussa les épaules, répondant à son ami dans le même chuchotement que lui.

– Tous les autres profs vont nous dires la même chose, j'aurais qu'à écouter dans une autre matière.

Jeongin se pinça les lèvres en secouant la tête.

– Tu dis ça, mais tu sais très bien que tu ne vas pas le faire. C'est important Sungie.

Le nommé roula des yeux avant de s'adosser de façon brusque au dossier de sa chaise bon marché. Son ami avait toujours le même discours, à l'identique des enseignants.

– Tu devrais devenir prof.

– Si c'est pour avoir des élèves comme toi, non merci.

Jisung lança un regard noir à son voisin qui rigola aussi doucement qu'il le put. Puis, Jeongin se reconcentra bien vite sur les paroles du quadragénaire. Enfin la sonnerie de fin de tortur... De cours retentit dans toute l'enceinte. Les élèves ne se firent pas presser et rangèrent vite leurs affaires. On ne pouvait pas leur en vouloir, c'était la pause du midi. Jisung, qui avait juste sorti sa trousse pour faire genre, attendit son ami. Il ne comptait pas le laisser et sortir tout seul à travers la cohue d'adolescent, dicté par leurs estomacs gargouillant. Une fois dehors, ils suivirent l'attroupement massif vers la cantine.

Paraphrénie || MinsungWhere stories live. Discover now