Cupidon ne doit plus avoir de flèches ou il ne m'a jamais vue !

Chapitre 14

Kayleigh

Lorsque je me réveille au son de mon alarme, je m'étire en bâillant, gracieusement, comme un homme, avant d'entendre un rire en provenance de mon salon. L'espace d'une seconde, j'avais oublié que j'hébergeais un petit animal perdu.

Qu'est-ce que j'en fais, maintenant ?

La rejoignant dans le salon, je constate que la couverture est pliée. Elle est déjà passée par la salle de bain et est habillée. Héloïse est assise dans le canapé, attendant.

« Tu as bien dormi ? » demandais-je en m'installant à côté d'elle.

« Oui, merci Kayleigh. Ça fait du bien de dormir en sécurité. Merci pour la couverture et les veilleuses.

— Tu pouvais aller dans ta chambre, tu sais.

— J'étais bien, là », dit-elle en tapotant le canapé.

« D'accord. Tu veux que je te prépare un petit déjeuner ? Après, je dois me préparer et aller au travail.

— Je vais me préparer et y aller aussi », dit-elle en me fixant.

« Pourquoi dis-tu cela Héloïse ? Tu peux rester, je te l'ai dit hier.

— Tu veux que je reste chez toi pendant que tu n'es pas là ? » demande-t-elle surprise. « Tu n'as pas peur que je te vole ?

— Est-ce que tu vas me voler ? » demandais-je à nouveau en souriant.

« Non, bien sûr que non, Kayleigh. Tu es gentille. Tu me fais confiance, ça compte pour moi. »

Elle est mature et a de bonnes valeurs.

« Qu'est-ce que tu fais dans la journée, d'habitude ?

— Eh bien, je suis dans la rue. Je fais la manche pour pouvoir m'acheter un peu à manger, mais surtout pour du dentifrice, du déodorant et... tu sais, pour mes règles » murmure-t-elle honteuse. « Je marche beaucoup.

— Bon, pour manger, tu as tout ce qu'il faut dans le réfrigérateur... euh... tu sais faire à manger ?

— Non. Mais je sais me servir du four micro-ondes. »

Eh oui... j'en fais quoi la journée ?

« Euh... avant que.. hum... tu sois dans la rue, que faisais-tu dans la journée ?

— J'allais à l'école. »

Que je suis conne ! Elle a quinze ans !

« Tu ne vas plus à l'école ? »

Question conne ! prise 2 !

« Excuse-moi, je t'avais dit que je suis conne par moment. Je n'ai pas encore pris mon café. Tu en veux un ? Euh... tu as le droit de boire du café ? »

Et elle éclata de rire, d'un rire cristallin, naturel, qui me fait du bien. Elle est sincèrement heureuse et je me demande depuis combien de temps elle n'avait pas ri comme ça.

« Est-ce que ça va aller, ici toute seule toute la journée ?

— Je peux faire le ménage, mais c'est propre et bien rangé chez toi.

— Euh... Tes règles ! Est-ce que tu as tes règles ? Tu veux que l'on aille acheter ce qu'il faut ?

— Non, ce n'est pas avant huit jours.

— On ira en acheter, et je ne veux rien entendre. Solidarité féminine.

— Merci, Kayleigh.

— Ah ! Je sais. Tu vas venir avec moi au travail. Tu vas m'aider. En cuisine, pour les livraisons. On va passer la journée ensemble comme ça.