Chapitre 26

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Héloïse


Laurence fait des devoirs avec moi sur la table dans la boutique, voulant s'améliorer dans différentes matières pour la rentrée dans quelques jours, je me lève servir les clients puis je reviens l'aider. Elle a encore du mal avec les mathématiques et moi, à force de l'aider depuis que je la connais, ça me permet de me replonger dans les exercices, les cours. Lorsque Camille sort du travail et récupère sa sœur, elle me regarde en secouant la tête, n'ayant pas plus de nouvelles de son côté. Après un câlin et un bisou aux deux sœurs, je retourne derrière le comptoir pour attendre la dernière heure pour pouvoir rentrer à la maison. Commençant à ranger alors qu'il ne reste que quelques minutes, Kayleigh me regarde, pensive.

« Qu'y a-t-il ? » demandais-je.

« Je suis heureuse que tu sois venu t'installer dans ma ruelle. »

Je la regarde, avant de sourire.

« Tu m'as sauvé la vie, Kayleigh. Je t'aime » dis-je en l'embrassant avant d'aller fermer la porte et la caisse pour faire les comptes.

« Est-ce que tu vas rester avec moi quand tu seras émancipée ?

— Tant que tu voudras me garder. Je vais devoir trouver un travail pour pouvoir payer mes affaires et te donner de l'argent, mais oui, j'aimerais rester avec toi, avec Camille.

— En temps et lieu, ma puce. Tu seras reconnue comme une adulte, mais si tu veux aller à l'école...

— Je ne peux pas retourner à l'école, Kayleigh. Je voudrais apprendre la pâtisserie et la cuisine comme toi, mais je ne crois pas que je pourrais étudier dans un endroit où il y a trop de monde, être dans un bâtiment ou dans un couloir surpeuplé. J'angoisse maintenant quand... c'est trop, je ne peux plus. Je voudrais travailler dans un magasin comme ici, tu vois. Pas dans un restaurant, il y a trop de monde en cuisine aussi. Je ne supporte plus la foule et j'ai besoin de voir dehors, que ce ne soit pas entre quatre murs. La rue m'a rendu agoraphobe.

— Demain, j'ai rendez-vous avec Yasmina, pour tenter un service de traiteur, si ça fonctionne, nous aurons besoin de quelqu'un.

— Yasmina peut m'apprendre la cuisine ? demandais-je pleine d'espoir.

« nous allons en discuter demain. Viens, on ferme et on rentre. C'était une grosse journée. Tiens, revoilà Camille, tu vois, la famille est complète.

— Qui c'est la plus mignonne ? » demande-t-elle en poussant la porte tout en souriant. « C'est Amandine ! C'est le plus beau des prénoms !

— Tu penses ? » demandais-je, mitigée à l'idée de m'appeler comme un dessert. « J'ai eu de la chance, je pourrais m'appeler Charlotte aux fraises, Paris-Brest ou Opéra.

— Mais Amandine, c'est tellement adorable ! »

Camille m'enlace, ne me lâchant pas.

« On s'arrête sur la route pour faire des courses et prendre une bouteille ? J'ai envie de fêter mon nouveau travail avec vous ! »

Je regarde Kayleigh enlacer Camille avant de l'embrasser, je me demande ce que ça fait dans la vraie vie d'embrasser quelqu'un. Aaron m'a expliqué ce que je devrais ressentir lorsque je rencontrerai mon grand amour, mais cela implique de fréquenter des jeunes de mon âge, et eux ils sont à l'école, pas moi. À moins d'aller dans une école professionnelle. Ou au cinéma. Peut-être que Yasmina a une fille. Je sursaute en me rendant compte que ma sexualité me perturbe, c'était jamais arrivé auparavant. Tout comme je réalise que je me visualise seulement avec une fille.

Est-ce que c'est la puberté ?

Les courses se résument à une pizza, un gâteau et du vin, Kayleigh a même pris du vin doux pour que je puisse trinquer avec elles. Je rougis sur le trajet du retour, à l'idée que je vais boire un verre avec la famille que je me suis trouvée. Le concept de la soirée c'est « soirée pyjama », j'aime le mien, je suis un lutin. Les filles sont plus classiques, mais celui de Camille est le plus torride. J'engloutis ma pizza rapidement, regardant le dessert avec envie et surtout ce qui va l'accompagner. Kayleigh me regarde en souriant quand elle me verse une petite dose de vin. J'adore cette couleur dorée, je trouve ça beau dans mon verre, je trinque avec mes amies, félicitant Camille avant de poser mes lèvres sur le verre buvant une toute petite gorgée. C'est doux, fruité, sucré. J'adore et je le fais savoir à haute voix, les faisant éclater de rire. Je m'installe dans le fond du canapé, mon verre contre moi, le savourant lentement. Ma mère buvait du vin, en en laissant dans son verre quand elle sombrait, l'odeur se répandait dans la maison et je peux jurer que ça ne sentait pas comme celui-là, mais je comprends pourquoi elle buvait si le sien était aussi bon que celui-là. Je finis mon verre et le pose sur la table en les remerciant.

Cupidon ne doit plus avoir de flèches ou il ne m'a jamais vue !Where stories live. Discover now