Chapitre 25

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Kayleigh


Héloïse est restée un long moment à discuter avec Madame Deschesnes. Elle n'est jamais restée si longtemps dans le magasin, l'écoutant lui raconter comment était le quartier quand elle y a emménagé il y a cinquante ans. Héloïse est pendue à ses lèvres et elle ne feint pas son intérêt pour ce qu'elle entend, posant des questions avec sincérité. En lui faisant la bise lorsqu'elle s'en va, Héloïse apporte la vaisselle et fait le ménage avant de m'enlacer simplement, sans rien dire à voix haute, mais j'entends ses pensées.

« Dis, Aaron, comment as-tu su que tu étais gay ? » demande-t-elle soudainement, alors qu'il sortait du pain du four, me faisant éclater d'un rire nerveux.

« Tu t'interroges sur ta sexualité ? Kayleigh doit pouvoir te répondre, c'est encore tout frais pour elle.

— Elle m'a dit que je le saurais quand je la verrais.

— En gros... oui.

— Je ne comprends pas. Ça fait quoi ? Moi je trouve Camille très jolie et gentille, j'aimerais beaucoup trouver quelqu'un comme elle. Et Mia aussi est très bien. Mais j'aime bien Saïd, le fils de Yasmina, il est gentil et poli.

— Euh oui, je ne suis pas sûr que tu t'y prennes de la bonne façon », rigole Aaron, « trouver quelqu'un de gentil, c'est bien, mais lorsque tu rencontreras quelqu'un qui te fait vibrer, qui te fait sentir unique, que ça te fait mal quand tu ne le vois pas, que tu as envie de pleurer de joie lorsqu'il arrive, là, tu sauras. C'est une émotion qui te prend là », dit-il en pointant le milieu de son ventre.

« Bon, c'est plus clair. Je pourrais apprendre à faire du pain avec toi demain ? » demande-t-elle en souriant, changeant de sujet comme on change de poste à la radio.

Alors que je pars en tournée, je laisse Héloïse s'occuper d'une partie de nos voisins, pendant que je me concentre sur Karianne et les filles de Mia. Passer du temps avec mon amie me fait du bien, surtout quand j'officialise ma relation, la prenant de court avec la révélation de mon homosexualité, avant de soupçonner un possible partenariat avec celle qui avait misé dessus.

« Je ne suis pas devenu lesbienne pour cinquante euros, Kari. Je l'aurais fait gratuitement avec toi », dis-je en souriant, en tapant dans son dos alors qu'elle s'étouffe avec sa gorgée avalée de travers. « Je t'adore, Kari. Sincèrement, tu es une super copine. À plus tard, je vais voir ma petite amie. »

Traversant la rue, je sers les filles de Mia, mais je ne vois pas Camille, la cherchant des yeux.

« Camille n'est pas là ? » demandais-je innocemment, alors qu'à peine deux heures plus tôt elle y était.

« Camille ? Non, son stage est fini, elle est partie » m'annonce Sylvie.

« Mia ne lui a pas proposé un poste ? » demandais-je, curieuse.

« Viens, Kayleigh » m'interrompt Mia, marchant en caressant son ventre jusqu'à son bureau.

« J'ai signé la fin de stage de Camille, avec une excellente appréciation. Je ne peux pas l'engager comme couturière par contre. Son salaire était subventionné donc je pouvais me permettre de la prendre. Son portfolio me plaisait, elle a du talent, beaucoup, elle me ressemble, comprend mon style et ma façon de travailler, mais c'est calme en ce moment, je ne peux pas me permettre de l'engager comme couturière. Tu t'es attachée à elle ?

— Je lui ai proposé d'emménager avec moi, nous sortons ensemble depuis quelques semaines. Elle m'a fait sa demande.

— Ah merde ! ». Mia semble sincèrement surprise, nous avons si bien caché notre relation que cela se retourne contre nous.

Cupidon ne doit plus avoir de flèches ou il ne m'a jamais vue !Where stories live. Discover now