Chapitre 22

99 14 0
                                    

Kayleigh


Personne ne mentionne son cauchemar ni le hurlement qu'elle a poussé dans la nuit, Camille et moi savons que Héloïse mettra longtemps à surmonter les frayeurs nées de la rue, de son calvaire et des cauchemars qui peuplent ses nuits, si elle y parvient un jour. Si toute la famille a été réveillée par l'appel au secours d'Héloïse, personne ne la fait culpabiliser, cherchant au contraire à ce qu'elle se sente bien. Je vois à son regard que le petit déjeuner lui plaît. Elle le confirme quand Camille lui propose un autre chocolat chaud. Héloïse est en extase devant le pain, se beurrant des tartines en faisant rire toute la famille.

« C'est quoi ce pain ? » demande-t-elle, la bouche pleine, « Il est trop bon !

— Une baguette viennoise », répond Carole, la mère de Camille.

« Je n'ai jamais mangé de pain comme ça, c'est le meilleur pain au monde ! » reprend-elle en me regardant. « Pourquoi n'en a-t-on pas au magasin ?

— Aaron a eu un copain autrichien qui lui a brisé le cœur.

— Ahhhhh. J'aurais pu ne jamais connaître, c'est vraiment bon. Merci, Carole, merci Michel. C'est mon meilleur Noël à vie.

— Te voir heureuse est un pur bonheur. Vous restez avec nous ce midi ? » demande Carole en me regardant.

« Malheureusement non, je voudrais présenter Camille à mes parents », dis-je en souriant.

« Ohhhhh » s'exclame Laurence, « c'est sérieux dis donc. Bravo, Camille, ta persévérance porte ses fruits ! » lance-t-elle en faisant rougir sa grande sœur.

Nous nous relayons dans la salle de bain pour nous rafraîchir, Héloïse et moi, pressées de rentrer chez nous pour nous changer et prendre une douche. Pendant ce temps, Camille prépare un petit sac et, enlaçant sa sœur et ses parents, elle partage une confidence discrète dont je devine la teneur au vu des sourires complices.


Nous prenons le métro, discutant en chemin. Camille tient naturellement la main d'Héloïse pendant tout le trajet, sans même y prêter attention. Devant la porte, elles me regardent alors que je prends une longue inspiration avant de sonner. Ma mère est surprise de me voir, vu que je ne lui ai pas confirmé ma présence ni que je viendrais accompagnée. Camille est charmante et chaleureuse, naturelle, Héloïse est curieuse, détaillant chaque recoin de son nouvel environnement, comme un animal. Camille ne lâche pas la main d'Héloïse et je me laisse une note de remercier comme il se doit cette petite beauté dans notre chambre ce soir.

« Bonjour, Kayleigh ! » dit ma mère en nous faisant entrer rapidement pour ne pas chauffer le couloir, comme elle se plaît à dire.

« Bonjour, maman, bonjour papa. Je vous présente Camille, ma petite amie. Les filles, voici Nora, ma mère, et Rory, mon père. »

Je regarde ma mère poser sa main sur le mur pour garder son équilibre et reprendre son souffle, avant de tituber jusqu'au salon pour s'asseoir sur le canapé. Mon père, lui, reste debout sans rien dire, comme un chêne, avant de hocher la tête.

Là où je les ai perdus, c'est quand il a fallu leur présenter Héloïse. Elle n'est pas une cousine, c'est évident pour tout le monde.

« On va dire que c'est ma fille adoptive », dis-je en souriant.

Là, mon père s'est assis.

Ma mère, elle, est perdue corps et biens.

Je guide ma nouvelle famille dans la salle à manger, causant d'abord la surprise puis la joie parmi mes grands-parents et mes tantes, tous sincèrement heureux de me revoir, de pouvoir célébrer Noël avec moi. Je présente Camille et Héloïse qui font le tour de la table, embrassant tout le monde avant qu'un silence pesant se fasse, dû à la barrière de la langue et surtout à l'accent, car à part mes tantes, ma famille habite en Écosse et ne parle pas français. Mon père arrive avec une bouteille de whisky, brisant le silence en demandant à tout le monde comment ils trouvent sa belle-fille. C'est une de mes tantes qui brise la glace.

Cupidon ne doit plus avoir de flèches ou il ne m'a jamais vue !Where stories live. Discover now