Chapitre 30

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Héloïse


Je me regarde une énième fois dans le miroir, fixant les yeux verts et bleus qui me regardent.

« C'est vraiment joli, Mia, mais je ne peux pas accepter, je veux payer... quand j'aurai de l'argent.

— Ce n'est pas de moi, c'est un modèle de Camille conçu spécialement pour toi. »

Mes yeux se fixent sur les yeux bleus qui ne me lâchent pas du regard.

« C'est très féminin et moderne, il ne fait pas petite fille. Comme ton corps a subi beaucoup d'épreuves, il te manque quelques formes, mais cela viendra avec le temps. C'est vraiment beau. On ne voit aucune cicatrice.

— Ça fait longtemps que je n'ai pas porté un maillot de bain », avouais-je en me tournant pour me regarder. C'est vrai que je n'ai pas un joli corps, avec des formes, mais là, à cet instant, je me trouve jolie.

« Tu essaieras d'autres modèles », chuchote Mia à mon oreille. « Regarde, si tu attaches légèrement tes cheveux comme ça », dit-elle en prenant une poignée de cheveux et y plaçant une attache, « ensuite, tu laisses deux petites mèches retomber ici. Ensuite, tourne-toi vers moi, ferme les yeux. Ne bouge pas. » Je sens qu'elle me met du maquillage, je n'ai jamais mis de maquillage de ma vie. « Voilà, pas trop, juste comme ça », dit-elle en me demandant d'ouvrir les yeux et de me regarder.

C'est vraiment moi ?

« Tu es une très jolie jeune fille, Héloïse. »

Je m'approche du miroir pour me regarder, je ne me reconnais pas.

J'ai vraiment l'air jolie.

« Tu vois, si tu allonges légèrement le trait ici et ici », dit Mia en passant un coup de crayon au coin de mes yeux, « tu obtiens un regard plus pénétrant.

— Ohhhh. » Je suis en extase devant le miroir.

« Camille ne met quasiment pas de maquillage, car elle est naturellement magnifique. Ses yeux sont mis en valeur par la couleur de ses cheveux et le teint de sa peau. Moi, ce sont mes yeux verts qui attirent le regard. Mais regarde, ce qu'un simple trait de crayon peut faire. Je te le répète, Héloïse, tu es une très jolie fille. Quand tu reviendras de vacances, on va regarder pour des vêtements, je vais m'occuper de faire ressortir ta féminité.

— Merci beaucoup, Mia.

— Je t'en prie, c'est normal. »

Pour célébrer la fin de l'année scolaire de Laurence, son excellent bulletin de notes, le meilleur de sa vie, les félicitations de tous ses professeurs et leurs encouragements, les parents de Camille ont loué une grande maison pour les vacances. Je vais aller à la mer pour la première fois de ma vie. Camille m'a même dit que je pourrais me faire bronzer torse nu, discrètement, que l'eau de mer et le soleil me feront du bien, que mon corps en a besoin. Pour le mois d'août, je pars avec Kayleigh et Camille en Écosse, chez sa famille. Sa tante Siobhan lui a dit que ses grands-parents ont envie de me rencontrer. Camille m'a montré un film avec des enfants qui vont dans une école de magie et m'a confié un secret : elle sait où elle est. Elle m'a montré des photographies du train, il existe réellement. Le soir, sur l'ordinateur, je regarde de nombreux sites internet, je crois que je suis tombée amoureuse de ce pays, les paysages, les légendes, les châteaux. C'est un peuple de guerriers, je me retrouve en eux. Je me sens Écossaise. Kayleigh a transmis un peu de la magie de sa terre et de son peuple quand elle veillait sur mes nuits, chantant des chansons dans la langue de ses ancêtres.

Je n'ai jamais fait un si long trajet en voiture. Je joue avec Laurence sur sa tablette, nous discutons de choses sérieuses pour une fille de presque treize ans, et surtout nous dormons. Le cri des mouettes me réveille lorsque nous arrivons. Je regarde cette étendue d'eau salée en extase. Les parents de Camille nous accueillent, nous montrent nos chambres, mais il n'y a qu'une chose qui m'obsède et tout le monde le voit. Kayleigh m'aide à retirer mes chaussures alors que je ne fais que regarder fixement devant moi et elle glisse mes pieds dans des espèces de chaussons en toile. Je vois son visage se placer devant moi, mais j'incline un peu la tête pour que la vision devant mes yeux ne s'efface pas.

Cupidon ne doit plus avoir de flèches ou il ne m'a jamais vue !Where stories live. Discover now