Chapitre 20

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Héloïse


Ce n'est pas la pire nuit de ma vie, j'en déjà eu des bien plus effrayantes, mais si, c'est la pire des pires nuits de ma vie. Je m'inquiète pour Kayleigh, de lui avoir causé des ennuis avec son voisin, la police. J'ai honte de ce qu'elle doit penser de moi. Je l'ai trahie, je suis partie sans lui dire au revoir en face, sans la remercier correctement pour tout ce qu'elle a fait pour moi, de m'avoir permis de me rendre un semblant d'humanité, de dignité. Je lui en veux un peu de m'avoir permis d'espérer. L'espoir que je pouvais avoir une vie près d'elle, de faire partie de sa famille, a elle, à Camille, à Laurence. Tout cela s'est effondré comme un château de cartes. J'ai tout perdu à nouveau. En fait, c'est même pire. Ma vie avec maman n'était pas des plus joyeuse et durant ces quelques semaines auprès de Kayleigh, j'ai vécu, réellement vécu de belles choses. On m'a aimé, apprécié, guidé et encouragé. Kayleigh a fait plus pour moi que personne ne l'avait jamais fait. Je remonte mes genoux contre moi, plaquant ma tête contre mes cuisses et je pleure, je me demande comment je peux encore pleurer, je n'ai fait que cela toute la nuit.

Je me redresse en m'étirant avant d'aller aux toilettes, me rafraîchir le visage, puis je récupère ma valise et mon sac et je pars, rendant la clé de la minuscule chambre que l'on a bien voulu me louer hier soir. L'hôtel est affreux, la chambre a à peine assez d'espace pour y placer un lit simple, sans salle de bain et sans fenêtre. J'ai manqué d'air, je sais que c'est psychologique, mais au moins je n'ai pas dormi dehors.

En sortant, je serre mon manteau, mets mon bonnet et me mets en route, à la recherche d'un abri. Je n'ai pas pu la nuit précédente, mais je dois m'arrêter pour réfléchir. C'est l'hiver. Si je reste dehors, je n'y survivrais pas. Je dois me trouver un foyer d'accueil où je serais hébergée, mais vu mon âge, ils vont appeler la police, c'est certain. Mes pas me guident à travers le jour qui se lève, j'ai l'impression de redevenir celle que j'étais avant de rencontrer mon ange gardien. Ou presque.

Je m'arrête et fixe l'objet devant moi.

Je suis devant une cabine téléphonique.

J'ai honte de moi.

Je presse ma main sur mon ventre, sur mes cicatrices, sur la douleur qui prend mon estomac en tenailles.

« Allo, Camille ? C'est Héloïse. »

Je m'effondre en pleurant en entendant sa voix passer de l'inquiétude au soulagement.

Je réponds rapidement à la question essentielle, je vais bien, avant de répondre à l'autre question.

« Promis. »

Je raccroche et, serrant ma valise et mon sac, je reprends ma route, je sais où aller maintenant. Je marche un long moment, je m'étais éloignée rapidement la veille, fuyant au loin, et ce matin j'en faisais autant. Malgré ma nuit peu reposante, je marche sans ralentir, sans fatigue. Je suis motivée à marcher le plus vite possible.

Lorsque la porte s'ouvre, une douce chaleur m'accueille, celle d'un refuge bienvenu, la fatigue de ma marche me rattrape à l'instant où je lâche ma valise et que je pose mon sac à dos, mes jambes ne me supportent plus et je vacille, sans perdre totalement connaissance alors que je me rattrape aux bras qui me retiennent et m'aide à marcher jusqu'au canapé où je m'allonge. Camille me sourit, m'embrasse, avant de me préparer un chocolat chaud, m'aidant à me redresser pour le boire, glissant une mèche derrière mon oreille. Elle attend que j'aie terminé, reprenant mon bol pour le laver avant de s'asseoir à côté de moi. Je hoche simplement la tête, quand elle prend son téléphone et me le tend, me laissant, allant dans sa chambre.

« Je suis désolée, Kayleigh. J'ai eu peur », pleurais-je.

« Hey, ma puce, ce n'est rien. J'ai eu peur que tu sois partie pour toujours.

Cupidon ne doit plus avoir de flèches ou il ne m'a jamais vue !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant