Chapitre 24

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Héloïse


Main dans la main, je marche entre Kayleigh et Camille, j'ai l'impression qu'elles m'entourent pour s'assurer que je ne m'enfuie pas, mais honnêtement, l'idée ne me traverse plus l'esprit. Moralement, je me sens incapable de retourner dans la rue. Pas après ces deux mois passés chez Kayleigh. Si quitter ma mère fut relativement simple, n'ayant plus d'affection l'une pour l'autre, ne faisant que subir les coups et les menaces, Kayleigh m'a ouvert son foyer et son cœur. Si je devais retourner dans la rue, je préférerais en finir, je ne supporterais pas dépérir lentement et ne plus avoir cette chaleur humaine près de moi. Ce qui ne devait être qu'un repas et une lessive, voire une sieste à l'abri, s'est transformé en un semblant de vie de famille. Je travaille et j'aime ça, même si l'école me manque, mais avec Camille et surtout sa sœur j'ai l'illusion que tout est normal. Laurence parle de choses qui sont de mon âge, même si j'ai dû faire du rattrapage sur certains sujets comme la musique et les séries télévisées. Laurence ne me pose pas de questions, mais elle comprend que Kayleigh et sa sœur me protègent.

En entrant dans l'atelier de Mia, Camille m'embrasse avant de m'enlacer longuement, comme s'il s'agissait de nos adieux.

« Attendez-moi, je reviens » dit-elle avant de s'éloigner vers les bureaux. J'en profite pour faire le tour de l'atelier-boutique. J'adore ce que fait Mia, c'est beau. C'est cher, mais c'est beau.

« Voilà, laisse-moi te présenter Héloïse, » entends-je dans mon dos, me retournant je me retrouve face à un visage souriant. Je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre, je savais qu'il était un genre de policier, mais je ne l'avais pas encore rencontré.

« Salut ! » dit-il en me tendant la main.

« Bonjour, Monsieur », réponds-je en sentant un léger tremblement dans ma voix malgré moi. Les souvenirs que j'ai des policiers sont ceux de qui je me cachais, c'est un réflexe instinctif.

« N'aie pas peur, je suis ici pour t'aider, si je peux », me rassure-t-il.

« Désolée, c'est un réflexe. Vous avez l'air gentil » dis-je en essayant de sourire.

« C'est un gentil, je te rassure », ajoute Mia en s'approchant.

Dieu que cette femme est belle. Elle va accoucher dans moins de deux mois et ne semble en être qu'au début de sa grossesse. Elle est toujours agréable, souriante. J'aimerais que ma future petite amie lesbienne lui ressemble, si je deviens lesbienne.

« On va discuter dans mon bureau ? »

En le suivant, je stresse un peu, je ne veux pas me déshabiller devant un homme, même s'il est gentil, alors qu'il ouvre la porte je jette des regards affolés en reculant instinctivement, jusqu'à sentir une main dans la mienne.

« Ne t'en fais pas, tout ira bien, c'est juste pour obtenir quelques informations », m'encourage Camille.

« Assieds-toi, Héloïse », invite Mike en prenant place derrière son bureau. « Les filles m'ont dit que tu souhaites obtenir des informations sur la procédure d'émancipation ?

— Oui, comment est-ce que je peux faire ça ? Dois-je aller voir un juge ? Comment ça fonctionne ?

— Ce n'est pas tellement mon milieu, mais j'ai fait quelques recherches. La demande doit être adressée au juge des tutelles par tes parents ou le conseil de famille, c'est-à-dire les membres de la famille qui ont la garde légale.

Je hausse les épaules.

— Ah... c'est embêtant », soufflé-je en poussant un soupir.

« Tu dois également avoir seize ans », ajoute Mike.

Cupidon ne doit plus avoir de flèches ou il ne m'a jamais vue !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant