Blanche-Neige Online

11. Fred

— Fred ! Ouvre-moi la porte, s'il te plaît !

Je suis pendue à l'interphone de l'immeuble, ma voix tremble entre la colère et l'essoufflement. Dans ma détresse, je ne vois que lui vers qui me tourner. Je me fous complètement de sa trahison amoureuse pour le moment, je ne viens pas pour cela : celle de Laurine me paraît encore pire ! Et surtout, il est le seul à pouvoir témoigner de mon travail.

On ne sort ensemble que depuis quelques semaines, mais il connaît assez bien Laurine pour la raisonner. Il saura me conseiller sur la meilleure manière de la confronter. Pendant des mois, il a tourné autour de mon amie en m'ignorant superbement.

Et puis, soudain, nous avons commencé à parler plus librement pendant les intercours. Il n'y avait aucune séduction entre nous. Ça n'a jamais été passionnel, il ne m'intéressait pas. Je dois dire qu'aucun garçon ne m'a jamais vraiment intéressée. J'ai l'impression, parfois, de vivre sur une autre planète.

Le seul homme dans ma vie, c'était mon père divorcé. Il fallait le gérer, accepter ses nouvelles copines et puis, bien sûr, ses ruptures amoureuses. Endurer ses périodes de déprime, me faire à manger seule, remplir les papiers administratifs à sa place parce qu'il n'avait « pas le temps de s'occuper de ça » ! J'ai toujours eu l'impression d'être l'adulte dans ma propre famille. À la fois la maman et la fille. Alors, les histoires d'amour, très peu pour moi... J'avais d'autres soucis.

Il y a deux mois, j'avais dit à Fred que je voulais voir cette série dont tout le monde parlait, celle sur les zombies. Il s'était empressé de m'inviter chez lui, il était un grand fan ! Il fallait absolument qu'il me la fasse découvrir. On était restés des soirées entières, sur son canapé déplié en lit, à mater les saisons à la suite sur son ordinateur. Un soir, alors que je me levais pour partir, expliquant que j'avais cours le lendemain, on s'était embrassé pour se dire au-revoir. Mon premier baiser. Ça n'avait pas été un feu d'artifice... Je ne peux pas dire que ça m'avait emballée. J'étais plus surprise qu'attirée par lui.

« C'est ça, un premier baiser ? m'étais-je dit, déçue. Pas de quoi s'extasier... »

Et notre histoire avait débuté comme ça.

— Blanche ? dit une voix mal réveillée à l'interphone. C'est toi ? Qu'est-ce que tu as ? Tu... tu pleures ? Monte vite !

La porte s'ouvre et je me précipite dans les escaliers.

🍎🍎🍎🍎🍎🍎🍎🍎🍎

Que croyez-vous qu'il va se passer ? 😉