46. Mauvaise excuse

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Cette journée m'a paru si longue ! Alors, lorsque ma tête s'enfonce dans l'oreiller moelleux de mon nouveau lit, je pousse un soupir de soulagement. C'est fini. Dors ma vieille, demain tu aviseras. Mes paupières se ferment, comme caressées par une main invisible. Et je me roule en boule sous la couverture. Mes rêves ne tardent pas à apparaître...

J'ai chaud et mal aux pieds d'avoir marché et dansé avec les talons trop hauts prêtés par Roxanne. J'ai déposé les chaussures dans l'entrée. Je me vois griffonner un mot de remerciement à Roxie, qui est déjà rentrée chez elle. C'est un souvenir de la soirée où j'ai rencontré les garçons ? Je suis dans l'immense appartement de Rob ; nous sommes revenus de la boîte de nuit et de notre promenade sur les quais.

— Les filles vont se partager les deux chambres d'amis, propose Rob. Jay va prendre celle de l'étage inférieur.

Les filles rient et partent, l'une d'elle s'inquiète de son teint pour le lendemain, elle est mannequin. Franchement, moi, mon teint, je m'en moque. Je sais aussi que je ne trouverai jamais le sommeil. Dans ma tête, les questions vont tourner en boucle.

— Tu restes, Blanche ?

— Non, répliqué-je. Je ne veux pas gêner.

— Si tu rentres chez toi, je t'appelle un taxi ?

Chez moi... Je ne veux pas rentrer chez moi. Impossible. Fred et Laurine, est-ce qu'ils dorment ensemble à l'heure actuelle ? Je vais vomir si je pense à leurs corps l'un contre l'autre ! Mais peut-être est-ce plutôt à cause de tout l'alcool que j'ai bu...

— Je ne veux pas rentrer, je soupire.

Rob me regarde sans un mot.

— Ne pose pas de questions, s'il te plaît.

Il me tend un verre d'eau. Nous sommes à présent seuls dans la cuisine.

— On a assez de chambres d'amis, tu sais.

Je lève les yeux de mon verre, fixant le beau visage de ce garçon, j'ai de toucher ses cheveux qui tombent sur son front. Je divague totalement... mais ma main se tend vers lui..

Je m'arrête à quelques centimètres de son visage. Sa main attrape la mienne. Mon souffle se coupe devant ses yeux bleus qui me regardent intensément.

— Blanche, murmure-t-il de sa voix grave,, est-ce que tu veux m'accompagner ?

Une sonnerie me tire brusquement de mon rêve... Est-ce que... Est-ce que je rêvais ?

Je cherche dans le noir d'où vient la sonnerie qui vient de ruiner ce flash-back et mon sommeil. Ce n'est pas l'alarme du réveil, c'est mon téléphone.

— Mmmallô, c'est qui ?

— Blaaaaaanche, viens vite ! hurle une petite voix d'enfant.

— Quoi, mais... Théo ? Allô ? Allô ?

Il a raccroché ! J'ai enregistré mon numéro de téléphone sur le petit portable de Théo et je lui ai dit de m'appeler en cas d'urgence. Il lui suffit de presser le numéro 2 (le 1 est le numéro de son père).

Les yeux encore embués d'avoir été réveillée en sursaut, je marche au radar et enfile un tee-shirt beige et un jean en quelques secondes. Dehors, la soirée apporte sa fraîcheur et me réveille un peu. Je dépasse l'énorme portail de la maison voisine et longe le chemin bordé de buissons ronds. La porte d'entrée n'est pas fermée à clé ; je traverse le hall en direction des voix que j'entends.

Un cri inhumain provient du fond de la pièce adjacente, j'avance vers le son qui oscille entre la sirène de pompier défectueuse et le violon mal accordé. Il fait comme une vague, avec des hauts et des bas, de courts moments d'hésitation avant de redémarrer. Ce n'est pas très mélodieux, et cela a le mérite de casser parfaitement les oreilles au point de pouvoir les faire saigner. Une merveille de torture auditive.

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