Blanche-Neige Online

17. White dream

Les rues de Paris défilent à une vitesse folle. La moto zigzague entre les camions et les voitures. Et moi, je me cramponne à Jay comme si ma vie en dépendait. Je suis morte d'angoisse dès que j'anticipe un virage. Mes mains s'enfoncent dans le cuir de sa combinaison à chaque accélération. Je suis sûre qu'il s'en amuse, j'ai même l'impression qu'il fait exprès de tourner dans certaines rues sans ralentir pour accroître les sensations de vertige qui me prennent totalement au dépourvu.

Fichu Grincheux ! Si t'étais un Über, t'aurais une note salée!

Je ferme les yeux et me concentre, pour oublier ma peur, sur l'odeur du cuir de sa combinaison, la chaleur de cette belle journée, la lumière de la fin de matinée qui m'atteint malgré mes paupières closes.

Soudain, le moteur s'arrête et Jay me fait signe de descendre. Nous sommes dans la cour d'un hôtel particulier, tout en haut d'une allée privée.

Il me tend la main. Qu'est-ce qu'il veut ? Que je lui prenne la main aussi ? Depuis quand sommes-nous intimes ? J'hésite...

Dans le doute, Je tends ma main vers la sienne pour la serrer.

- Mon casque, Bob l'Éponge ! Rends-moi mon casque de passager.

Son... ? Oh ! Il l'a fait exprès, ou alors je suis la reine des gourdes... Je me sens rougir en essayant d'enlever le casque noir qu'il m'a prêté. Faites que ma peau ait retrouvé une couleur normale avant que je réussisse à le retirer.

- Bon, c'est pour quand ? s'impatiente Jay.

Je hausse les épaules et lui montre mon menton. Je ne peux pas l'enlever. Il y a un truc qui coince, mais je ne sais pas pourquoi.

- C'est la sécurité, soupire-t-il.

Il se penche vers moi. Ses mains frôlent mon cou. Je vois ses yeux d'un vert profond, ses longs cils et l'arête de son nez. Ses lèvres qui se pincent en essayant de détacher la sécurité. Ses joues mal rasées lui donnent un côté négligé mais sexy.

- Voilà, c'est bon, tu peux le retirer.

Il se redresse et retourne poser le casque sur sa moto. Ça me donne juste le temps de souffler de mon côté. Mon cœur bat atrocement vite. Ça doit être à cause de la course à moto. J'aimerais tellement arrêter de rougir...

Son téléphone se met à sonner brusquement et je sursaute.

- Ouais, elle est là..., souprie-t-il d'un ton blasé. On monte !

Il me pousse vers l'entrée et je vois dans le hall un immense escalier en colimaçon. Roxanne nous attend en haut d'une rampe en fer forgée noire aux arabesques art nouveau. Elle porte une robe très jolie de couleur crème. Je cligne des yeux : cette fille est juste sublime.

- Blanche ! Je t'attendais, viens vite ! J'ai décidé d'organiser un brunch pour toi. Un brunch blanc !

Elle se précipite vers moi et me prend par la main, me forçant à monter les marches à toute allure.

- Ah ! Par contre, il va falloir te changer. Mais heureusement j'ai tout prévu !

- Tout prévu ? Mais, je... C'est quoi un brunch blanc ?

- Un brunch, c'est quand on petit-déjeune et qu'on déjeune en même temps.

- Non, ça je sais... mais blanc...

- En l'honneur de ton prénom, c'est marrant, non ?

Dans le salon, je vois des filles et des garçons qui rient et dansent. Ils sont tous en blanc, de la tête aux pieds. Je comprends : le dress code, c'est de s'habiller en blanc.

- Allez ! dit-elle en me poussant dans le couloir vers une pièce immense.

Il y a des dizaines de robes et de sacs, des chaussures alignées par couleur sur les étagères qui montent jusqu'au plafond. Roxanne se jette sur un pouf gris gigantesque aux allures de canapé.

- C'est ta chambre, ici ? demandé-je, impressionnée.

- Non, c'est juste mon dressing ! Tu pourrais mettre cette robe et ces chaussures, si tu veux bien ! Normalement, et si je ne me suis pas trompée, c'est ta taille.

Elle applaudit des deux mains quand je tourne sur moi- même. Je porte une robe mi-longue en dentelle avec un léger décolleté rond et de jolies chaussures qu'on dirait faites de dentelle (des Rosso bien sûr).

- Je le savais, tu es trop mignonne !

Elle me prend à nouveau le bras et m'entraîne à sa suite vers le salon, où tout le monde me regarde passer comme si j'étais la curiosité du jour. Une baie vitrée s'ouvre sur une terrasse panoramique avec vue sur la tour Eiffel. J'ai beau habiter Paris, je n'ai jamais rien vu d'aussi beau. La vue est fabuleuse et dégagée, on aperçoit la Dame de fer et les arbres du Champ-de-Mars comme sur une carte postale retouchée. Je pose la main sur la balustrade, j'ai l'impression de me tenir au sommet de la ville. C'est magnifique. Autour de moi, les voix refont surface pour me ramener à la réalité. Des serveurs valsent avec des plateaux de canapés et de verrines colorées entre les invités habillés en blanc. On se croirait dans un rêve.

- Alors ? me sourit Roxanne. Que dirais-tu de passer la journée avec moi ?

- Merci, mais... Pourquoi fais-tu tout ça ?

- Pour inaugurer notre nouvelle amitié. Enfin, si tu le veux bien.

- Je... Oui, bien sûr, mais ce n'est pas un peu trop ?

- Trop ?

Roxanne semble mal à l'aise, elle se tord les mains.

- Trop ? Je suis désolée... Je me suis emballée toute seule, je ne voulais pas...

- Je veux dire... (me voilà encore plus gênée qu'elle) que je ne le mérite pas. J'ai simplement accepté ton invitation sur Pomme-d'amour, ce n'était pas grand-chose.

- Oh, mais tu as fait bien plus que cela ! s'exclame-t-elle. Il n'y a pas beaucoup de personnes qui auraient fait ce que tu as fait.

- Fait quoi ?

- Mes chaussures, sourit-elle. Ce matin, tu les as laissées chez Rob, avec un mot de remerciement qui plus est.

- Oui, mais c'était normal. Je ne savais pas où tu étais et il fallait bien que je te les rende. Tu n'es pas fâchée ?

- Fâchée ? Mais non, au contraire !

Roxanne fait signe à quelqu'un derrière moi et sourit :

- Tu te rends compte, elle croit que je suis fâchée, c'est la meilleure, ça !

- Effectivement, répond une voix grave que je reconnais immédiatement.

Voilà, dernier chapitre pour aujourd'hui! J'espère que ça vous a plu ! RDV demain pour la suite des aventure de Blanche! Laissez des commentaires pour me dire si ça va, si l'histoire est toujours bien, si ça manque de suspens ou pour toutes critiques constructives.

Merci pour vos comm' et vos messages privés !

A demain !