➼ Chap. 03

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𝑷𝑫𝑽
𝑻𝒀𝑳𝑬𝑹

Je tire une bouffée profonde de ma cigarette fraîchement allumée, puis je recrache la fumée toxique hors de mes poumons.

Ce n'est pas vraiment mon truc, mais bon, ça aide à faire passer le temps quand il y a des trucs qui me tracassent ou quand je ne suis pas d'humeur. C'est un héritage laissé par mon père avant qu'il ne nous poignarde dans le dos, ma mère et moi.

C'était il y a huit ans quand j'avais encore dix ans. Mon père était un homme d'affaires hyperactif et son boulot ne l'autorisait pas à avoir un foyer fixe.

Malgré ses absences fréquentes, il parvenait toujours à dégager du temps pour ma mère et moi. À l'époque, je le voyais comme un super-héros capable de tout concilier. Il voyageait beaucoup et nous emmenait systématiquement avec lui pour ne pas nous laisser seul.

Un jour, on avait dû aller au Canada. Et pendant un dîner familial un soir de son retour du boulot, on avait eu une visite inattendue qui bouleversa nos vies et éclata notre famille.

Une femme accompagnée d'un garçon à peu près de mon âge est arrivée, révélant la véritable nature de mon père et une double vie dont il nous a caché l'existence. Ma mère a demandé le divorce peu après.

Je me souviens de chaque nuit d'insomnie et des litres de larmes que ma mère a dû verser pour cet homme qui ne la mérite certainement pas. Après des nuits agitées et des procédures judiciaires, elle a obtenu ma garde avec une condition : que je passe au moins une journée par semaine avec lui.

Ce détail était comme une épine qui persistait à s'accrocher à mon pied. Après ce qui s'était passé, le simple fait de le voir ou même de respirer le même air que lui m'étouffait. Je ne pouvais pas supporter d'être dans un même lieu que lui.

C'est vers mes seize ans que j'ai goûté à ma première cigarette, mais c'est officiellement à mes dix-sept ans que j'ai commencé à en prendre régulièrement. Ma mère n'est pas au courant et c'est mieux comme ça.

Je sais que cette merde est addictif et toxique, mais ça me donne un petit coup de boost pour oublier mon enfance de merde et bloquer mes pensées sombres. Et puis, vu que je veux faire du sport ma profession, je suis obligé de fumer avec modération.

Une sonnerie stridente retentit dans toute l'école, annonçant la fin de la pause déjeuner. Je soupire et jette ce qui reste de ma cigarette. Je me hâte de descendre du toit de l'école tout en m'assurant de ne pas être repéré.

Après avoir trouvé mon casier, je fourre quelques affaires à l'intérieur puis le referme d'un coup sec. Je balance mon sac sur mon épaule, et me dirige vers le troisième cours de la journée sans grand enthousiasme. Je ne sais même pas quelle matière j'ai ensuite, mais une chose est sûre : l'idée de sécher me démange horriblement.

— Yo, mec !

La voix grave et familière de Jake éclate quelque part derrière moi. Je fais volte-face, et là, ses traits fortement marqués par la puberté entrent dans mon champ de vision. Jake est un pote à moi et fait également parti de l'équipe de football. On se connaît depuis environ quatre ans et on est vite devenus comme des frères.

— Yo, mini mioche, lui salué-je alors qu'on se fait un check en signe de salutation.

— J'en ai ras le bol de ton surnom de merde. Je suis l'aîné de nous deux, au cas où tu l'aurais oublié, tête de con.

𝗧𝗥𝗢𝗨𝗕𝗟𝗘𝗠𝗔𝗞𝗘𝗥Where stories live. Discover now