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Me faire une idée sur ce type avant ma première nuit dans cet endroit est un peu prématuré. Peut-être qu'il viendra dans ma chambre pour me tuer durant mon sommeil.

Je remue sur mon matelas en posant mon livre sur la table de chevet.

Je n'ai jamais dormi avec un inconnu juste à côté. Je ne suis pas du genre à avoir peur de tout mais Angel ne s'est pas illustré comme étant ravi de me voir.

Et j'ai rayé sa voiture.

Deux cents dollars, putain.

J'avoue que même moi, j'aurais été tentée de m'étouffer pendant la nuit. Quelle était la probabilité que je tombe comme par hasard sur lui alors que je m'étais assurée de lui échapper le jour du désastre ?

Je fouille mon sac à main, à la recherche de mes derniers cours. Je les suis à distance. C'est un pari risqué, compte tenu de ma capacité de concentration, cependant, je fais des efforts car ils m'intéressent vraiment.

Mon père a failli faire une syncope quand je lui ai dis que je voulais étudier la psychologie. Après avoir dû renoncer à engendrer un footballeur prometteur, il a dû renoncer à ce que j'assure la succession de son cabinet.

La médecine est un domaine fascinant. Mais je n'aurais jamais eu les épaules pour assumer tant de travail, surtout sans la motivation qui va avec. Je ne possède pas le quart de l'intelligence de mon père et de la persévérance de ma mère. J'aurais fini noyée dans l'alcool, en dépression.

Je tente de me concentrer sur les mots que j'ai écrit la veille lors du cours en visioconférence, toutefois, mes oreilles sont à l'affût du moindre bruit de la part de mon colocataire. Ce mec est organisé, silencieux et insensible à mon humour.

À coup sûr, je suis tombée sur un psychopathe.

Après dix minutes d'efforts inutiles, je finis par laisser mes notes de côté pour attraper mes écouteurs et mon téléphone. Je lance ma playlist en aléatoire, tout en fixant le plafond.

La tête d'Angel me revient en mémoire.

Il ressemble à la musique que j'écoute. Au sentiment que provoque les airs de Chase Atlantic ou des Arctic Monkeys. Je ne sais pas si cela fait sens mais c'est exactement la manière la plus exacte que je trouve pour le décrire.

Diego m'a porté l'œil avec ses railleries. Mon colocataire est beau.

Je n'ai plus qu'à prouver qu'il est gay ou à le pousser sous un camion pour rendre la situation vivable.


J'émerge de mon sommeil la tête dans le cul. Je me suis endormie avec mes écouteurs, mes cours dérangés sur le matelas, mes lunettes sur le nez et toujours habillée des mêmes vêtements que la veille. Ma mère me tuerait si elle me voyait dans un état aussi négligé.

Par habitude, je m'attends à l'entendre en bas, chantonnant une musique et massacrant le rythme de cette dernière. Pourtant, rien. Le silence absolu.

Est-ce que Angel a disparu ? Peut-être que Dieu a entendu mes supplications !

Je me redresse, retire mes écouteurs, attrape mon téléphone puis me lève d'un pas incertain. J'entrouvre la porte, comme si un jaguar pouvait me bondir dessus à tout instant. À nouveau, je ne perçois aucun bruit dans le couloir.

Merde, Sativa, tu es chez toi dorénavant, arrête de faire l'idiote !

Je secoue la tête et ouvre ma porte en grand. Je fixe l'horloge accrochée en face de moi durant une bonne minute avant de réussir à lire l'heure. C'est à cause de la technologie, j'ai perdu l'habitude de décrypter les aiguilles.

Sativa: Feel in a HeartbeatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant