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Je lève mon verre en direction d'Angel, survoltée.

Dame mas gasolina ! crié-je en même temps que la musique.

Mon colocataire me répond en chantant le reste. J'ignore s'il a été possédé par Daddy Yankee lui-même mais il suit toutes les paroles sans effort. Le voir roucouler sa langue maternelle me fait me sentir toute chose.

Je vous promets que nous ne sommes pas si bourrés que ça. Nous nous sommes arrêtés à deux cocktails chacun -dont celui que j'ai encore en main-.

Alors disons que nous sommes légèrement ailleurs, mais rien qui justifierait notre euphorie actuelle.

Pour ainsi dire, nous nous trouvons au milieu d'un groupe de personnes, au bord de la grande piscine du parc, et nous hurlons les paroles de chaque chanson de reggaeton qui passe depuis au moins trente minutes.

En dépit des autres jeunes qui s'amusent autour de nous, je n'ai pas lâché une seule fois les yeux bruns d'Angel.

Il a délaissé sa casquette trempée auprès de nos petits vieux -bien plus calmes que nous et occupés à bronzer-, laissant le vent et notre agitation étrange secouer ses mèches indomptables.

Ma tête n'est clairement pas mieux. J'ai abandonné ma quiétude capillaire aux dépends d'un afro clairsemé de gouttes d'eau. Pour l'instant, il a encore une forme acceptable mais je sais déjà que lorsque mes cheveux auront séché, ce sera le désastre.

Angel était tellement enjoué -et un peu torché, je le reconnais- qu'il m'a dit qu'il me préférait nettement ainsi. Et j'étais tellement enjouée -et aussi un peu torchée- que je me suis prise à glousser comme une adolescente.

J'ignore s'il m'a matée lorsque je me suis mise en maillot, par ailleurs, pour ma part, je n'en ai pas raté une miette.

Le corps de ce type est un appel constant au péché. J'ai beau avoir eu maintes occasions de l'admirer, je ne m'en lasse pas.

Si j'écoutais mes pulsions -ainsi que l'alcool qui court dans mes veines-, je l'aurais attiré dans un coin reculé, histoire qu'on règle ça au corps-à-corps -si vous voyez ce que je veux dire-.

Bien sûr, je ne le ferai pas. Un comportement aussi imprudent et dépravé serait scandaleux. Même pour moi.

— Maintenant que mes cheveux sont foutus, je n'ai plus d'excuses pour refuser de faire ce putain de toboggan ! je vide mon verre avant de pointer ledit toboggan. Ça te dit d'y faire un tour ?

Mon colocataire acquiesce quand la chanson se termine. Je ne sais pas d'où me vient l'élan qui me pousse à l'attraper par la main pour le tirer à ma suite mais il ne s'en défait pas.

Bordel, je suis totalement en roue libre avec ce type. Je n'agis clairement pas comme une fille en couple. La réalité me tabassera quand nous retournerons aux États-Unis.

Toutefois, nous sommes encore au Mexique alors je rigole en me frayant un passage entre les gens. Angel n'a toujours pas dégagé ses doigts des miens. Son simple contact m'ébranle plus qu'il ne le devrait.

J'espère que Madame Herrero ne nous surveille pas trop, sinon elle va penser que son petit plan d'entremetteuse à fonctionner.

Ce qui, je tiens à le préciser, n'est pas le cas.

Je pense toujours qu'Angel est un enfoiré. Et à mon avis, il pense toujours que je suis insupportable.

Nous l'avons juste légèrement oublié pour l'instant.

Nous nous engageons très vite dans le petit escalier qui mène au sommet de l'attraction. Je suis forcée de lâcher la main de mon colocataire afin de lui permettre de passer devant moi.

Sativa: Feel in a HeartbeatWhere stories live. Discover now