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Je ravale l'énième insulte que j'étais sur le point de crier au type qui vient de me voler ma place. Il est officiellement minuit trente et ça fait vingt minutes que j'essaie de trouver un endroit où arrêter ma voiture.

Pour ainsi dire, les gens se sont garés un peu partout et n'importe comment pour la plupart. Solveig doit sentir que je suis à deux doigts de descendre me battre avec celui qui m'a piqué ma place car elle m'indique doucement un autre endroit vide, bien que beaucoup plus éloigné.

J'inspire un grand coup, réprime un doigt d'honneur à l'instant où l'imbécile de voleur sort de sa caisse et fais demi-tour.

Quand nous parvenons enfin à poser le pied sur la terre ferme, je referme légèrement ma veste et scrute les alentours, cherchant déjà une issue de secours au cas où la police débarquerait.

Ce serait vraiment con de se faire arrêter de cette manière. Ma mère risquerait de me faire ma fête.

Pourtant, je suis obligée de constater qu'à part les autres fous venus pour regarder la course, il ne semble pas y avoir qui que ce soit d'autre.

Nous nous dirigeons vers la musique et la masse de gens regroupés auprès de l'ancien cinéma. Tandis que je cherche le contact de Logan, j'intercepte la flopée de regards que récolte Solveig.

Son pull noir ne cache pas la peau laiteuse de sa poitrine et sa petite robe verte pomme l'habille à merveille. J'ignore comment elle parvient à être aussi belle en portant quelque chose d'aussi simple.

— Sativa ! s'écrit mon copain à l'autre bout du fil. Vous êtes arrivées ?

Je resserre mon emprise sur les doigts de Sol, histoire de ne pas la perdre dans la foule alors que nous jouons des coudes pour avancer.

— Oui, où est-ce que tu es ? je réponds.
— À gauche de l'entrée du cinéma. Nous avons trouvé un coin un peu à l'écart, histoire de ne pas être écrasés en attendant le départ de la course.

Nous ? Comment ça, nous ? Il ne m'avait pas dit qu'il venait avec quelqu'un.

Je me gifle mentalement. Il connaît sûrement des gens qui viennent ici et a dû se poser avec eux. Je ne dois pas commencer à paniquer à cause de mes manies d'asociale invétérée.

Comme le bruit environnant ne me permet pas de parler à mon amie, je me contente de la tirer à ma suite, m'assurant de temps à autre qu'elle me suit sans difficulté.

Arrivées à l'endroit que m'a indiqué Logan, nous pouvons enfin nous lâcher. Il n'a pas menti, il n'y a pratiquement personne par ici.

— Est-ce que tu le vois ? me demande Sol.

Quand je m'apprête à secouer négativement la tête, j'aperçois une silhouette en train de me faire signe. À cause de la médiocrité de mes verres, je ne parviens pas à distinguer son visage mais je m'avance vers elle, Solveig sur les talons.

Je reconnais finalement mon copain. Avec lui, un type qui plafonne à plus d'un mètre quatre-vingt-dix est en train de fumer une cigarette. Je respire mieux en remarquant qu'ils ne sont que deux.

— Vous arrivez juste au bon moment, me chuchote Logan en m'embrassant la tempe. Je crois que ça ne va pas tarder à commencer.

J'acquiesce en m'écartant de lui et laisse Solveig le saluer à son tour. Après quoi, mon copain nous présente son ami inconnu au bataillon. 

Le fameux Sasha nous serre toutes les deux la main avec un sourire ironique. Je remarque les tatouages qui tapissent ses bras ainsi que celui qui semble remonter dans son cou. Avec son buzz-cut impeccable, ses yeux vairons et sa grande taille, il ressemble parfaitement au genre de mecs un peu trop dangereux à approcher mais bien trop beau pour ne pas l'être.

Sativa: Feel in a HeartbeatWhere stories live. Discover now