17/

13 2 0
                                    







Je crois que je n'ai jamais réalisé un chignon aussi parfait. Aucun de mes cheveux ne dépasse, le chou est nickel et même mes baby hair sont égaux. Je tape une petite danse de la victoire en mettant mon parfum.

Diego m'a invité à dîner pour se faire pardonner. J'ignore pourquoi il sort à ce point le grand jeu, mais je crois qu'il a enfin dû réaliser la gravité de son action. J'ai passé l'après-midi à parler au téléphone avec Solveig. Les choses se sont arrangées, je lui ai assuré que c'était sans rancune, pourtant, je sais que j'aurais encore du mal à la regarder sans entrevoir ce sur quoi je suis tombée la dernière fois.

J'aurais pu porter la robe bleue qu'elle m'a acheté, histoire de marquer l'ironie et de provoquer la table d'en face, mais j'ai préféré me la jouer Dark Feminine ce soir. J'ai opté pour une robe moulante noire longue aux bretelles fines et fendue sur la cuisse droite. Elle se porte sans soutien-gorge à cause de la forme de l'encolure et j'ai longuement hésité à la mettre. Mes seins paraissent encore plus minuscules.

Toutefois, le croisement dans le dos ainsi que la manière dont elle épouse mes hanches -je suis plutôt gâtée de ce côté-là- a fini par me convaincre. Je pourrais avoir peur d'en avoir trop fait mais Diego m'a donné le nom du restaurant, le genre chic avec des plats aux prix qui me donnent mal à la tête.

Il m'a assuré qu'il payerait tout. J'ai tenté de le raisonner, cependant, c'est comme parler à un mur. Lorsqu'il a une idée en tête, personne ne peut le dissuader.

Je vérifie une dernière fois que j'ai glissé toutes mes affaires dans ma pochette, applique une couche de l'un de mes nombreux rouge à lèvres rouge que je ne mets jamais, enfile mes petits talons -cet idiot n'est pas assez grand pour que j'en mette de plus impressionnants, il risquerait de se sentir complexé si j'atteignais sa taille- puis quitte enfin ma chambre.

En sortant, je tombe nez-à-nez avec Angel qui délaissait son antre au même moment, des écouteurs dans les oreilles. J'ouvre de grands yeux tandis que les siens me dévisagent de haut en bas.

— Euh.., je vais au restaurant avec mon.., enfin.., mon meilleur ami, bafouillé-je. Je risque de rentrer un peu tard. J'essayerai de ne pas faire trop de bruit. Et de ne pas être trop bourrée.

Mon colocataire ramène finalement son regard au mien. Il retire l'un de ses écouteurs avant d'hocher la tête.

— L'album est pas mal, annonce-t-il ensuite quand je m'apprête à ouvrir la porte. Et la robe te va bien.

Les clés me glissent des mains. Je me baisse rapidement pour les récupérer tout en articulant un "merci" un peu bancal. Angel se contente d'hausser les épaules et de disparaître dans le salon.

Pendant tout le trajet entre notre étage et le rez-de-chaussée, ses paroles tournent en boucle dans mon esprit.

Il m'a fait un compliment, putain de merde. Ou plutôt deux.

Il m'a dit que l'album que je lui avais conseillé était "pas mal" et que ma robe "m'allait bien". Je dois être en train de rêver, les extraterrestres ont dû kidnapper mon vrai colocataire durant la nuit et le remplacer par un clone. Il n'y a pas d'autres explications plausibles. Je doute que notre simple conversation d'hier soir ait suffi à le rendre aussi aimable.

Et puis, ce regard. Je crois que personne ne m'avait jamais regardée avec tant d'attention.

À vrai dire, pour être tout à fait et complètement honnête, j'ai failli lui sauter dessus. Enfin, je veux dire si je n'étais pas occupée à paniquer intérieurement.

Je suis toujours dans mes pensées au moment où j'atteins la dernière marche, si bien, que comme d'habitude, je manque de me rétamer la gueule.

J'ai vraiment un souci avec les putain d'escaliers !

Sativa: Feel in a HeartbeatWhere stories live. Discover now