Chapitre 14

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 Je me réveille en plein milieu de la nuit. Le somnifère fait de moins en moins effet. Parfait ! Si j'ai besoin de m'échapper, j'en profiterais. En attendant, je reviens à mon plan initial. Je gagne la confiance des héros et je sauve Black Mist. Un jeu d'enfant !

***

C'est une journée comme les autres, à ceci près que je suis autorisée à manger à la cantine. Si ça semble être un cadeau, c'est seulement de l'extérieur. En réalité, j'aurais largement préféré faire comme d'habitude... Sauf qu'Eraser Head a un truc à faire entre midi et deux, et il a décidé de me confier à ses élèves. Il ne me prend vraiment pas au sérieux... Mais ne serait-ce pas là une occasion en or de mettre les héros dans ma poche ? Bon, on va pas se mentir, personne ne se bouscule pour manger avec moi. Heureusement, Kirishima a de suite proposé que je mange avec sa bande, rendant la situation moins gênante pour moi. Je rejoins donc le petit groupe pour aller manger. Mais... Heum... Comment dire ? J'ai aucune idée de comment ça fonctionne ! Pourquoi il y a autant de plats ?! Je jette un œil vers Bakugo, qui semble remarquer mon désarroi :

« - C'est un self. Tu peux prendre ce que tu veux, c'est Aizawa sensei qui paie. »

Il me tend un carte, avec la photo d'Eraser Head. Je pioche d'abord timidement les plats puis, comprenant que c'est à volonté, remplis mon plateau à ras-bord. C'est pas tout les jours qu'on a l'occasion de manger une telle quantité et qualité ! Pas qu'on mourrait de faim dans les différentes planques, mais on avait pas trop le choix de ce qu'on bouffait et c'était pas toujours très bon. Je cherche une table et en repère une, loin, isolée, sans personne. Bref, parfaite. Mais Kirishima m'interpelle :

« - Hey ! Où tu vas ? Notre table est là-bas ! »

Je le suis et me sens de moins en moins à l'aise. C'est une table au milieu de tout, avec du monde autour, juste sous un néon qui envoie sa lumière à pleine puissance. Je regarde avec regret la table tranquille et m'installe à contre-coeur. Je ne suis pas la seule à ne pas être ravie. À part Kirishima et Bakugo, les autres me fixent comme si je n'étais pas à ma place. ... Réflexion faite, je ne suis pas à ma place. Ils me le font juste remarquer. En même temps, comment leur en vouloir ? Ils n'ont pas vraiment choisi de manger avec moi, tout comme je n'ai pas choisi de manger avec eux. Je mange ce qu'il y a dans mon assiette. J'ai à peine eu le temps de prendre deux bouchées que mon ventre se tord. Je me lève d'un bond et cours hors de la cantine. Je cherche désespérément des toilettes, entre à l'intérieur et vomi tout. Super... Je reprends mon souffle. J'en ai vraiment plus pour longtemps... C'est de plus en plus flagrant. Je manque de m'évanouir mais quelqu'un tambourine à la porte, me ''réveillant'' :

« - ÇA VA PAS DE TE BARRER COMME ÇA ?! ON EST RESPONSABLE DE TOI, PUTAIN ! »

Je sors, me rince la bouche puis fixe Bakugo et demande :

« - Tu rentres dans les toilettes des filles ? Pas très classe.

- Ironique venant de quelqu'un qui a gerbé dans les chiottes des mecs. »

Je vérifie et en effet, dans la panique, je me suis trompée de porte. Il me demande :

« - Ça t'arrive souvent de gerber comme ça ?

- En quoi ça te regarde ? »

Il me choppe par le col, me plaque contre le mur et répond :

« - J'étais pas censé le dire mais tant pis. On a pour mission de te garder en vie, pour percer le secret de Black Mist. Alors j'ai pas envie que tu fasses tout foiré en nous claquant dans les doigts. »

Je me défais de sa prise et réplique :

« - Qu'est-ce qui vous fait croire que je sais quelque chose ?

- On a pas le choix. C'est notre seul espoir, pour l'instant. »

Je fronce les sourcils. Il insinue que je suis leur seul espoir ? Je trouve ça... drôle. Étrangement marrant. Je pouffe amèrement. Il aura fallut que je sois quelqu'un de mauvais pour qu'on m'accorde de la valeur. Et encore ! Ils pensent que je sais quelque chose mais honnêtement, je ne vois pas du tout de quoi ils parlent. Autrement dit, je n'ai de la valeur pour eux que parce qu'ils croient que je détiens une information importante. Quand ils verront que ce n'est pas le cas, je perdrais de nouveau toute valeur. Ai-je déjà été importante pour quelqu'un ? Ce sentiment d'inutilité me dégoûte. Je le pousse avec mon épaule pour passer, passablement énervée. Mais je ne pensais pas que ce geste le mettrait autant en rogne :

« - T'AS FAIT QUOI, LA ?! »

Il m'envoie une explosion en plein dans le dos, me propulsant contre le mur du couloir. Je viens de me mettre dans la merde toute seule, comme une grande... J'évite l'attaque suivante mais, au moment de détaler, ma jambe me fait faux bond. Je tombe par terre, sûre de déguster. Je mets mes bras en protection, sachant que je ne peux rien faire d'autre. Et là, calme plat. J'ouvre doucement les yeux et constate qu'il est devant moi, immobile, la main à quelque centimètre de mon visage. Mais il ne me regarde pas, ou plutôt, il fixe ma cheville. Il soupire :

« - Tu t'es foulé la cheville ?

- N'importe quoi. »

Pour prouver mes dires, je tente de me lever. La douleur est telle que je retombe aussi sec, en serrant les dents pour ne pas crier. Il s'accroupit, passe un bras sous mon épaule et se lève d'un coup, manquant de me faire voler. C'est qu'il a de la force, le p'tit gars ! Il me tire à côté de lui, ou plutôt, il me traîne derrière lui. Je prends soudainement conscience de la situation et demande avec une voix tremblante malgré mes efforts pour qu'elle paraisse normal :

« - On va où, là ?

- L'infirmerie. »

Ah ah ah... Non. Je me débats pour qu'il me lâche et tombe sur les fesses. Il me fusille du regard et hurle :

« - JE PEUX SAVOIR CE QUE TU FOUS ?! »

J'essaie de paraître la plus calme possible et réponds :

« - J'ai pas besoin d'aller à l'infirmerie.

- Ah ouais ?! T'as vu la gueule de ta cheville ?! »

Elle est rouge-violette, enflée, définitivement pas belle à voir. Mais peu importe. Je préfère souffrir plutôt que d'aller là-bas. Il vient vers moi pour me traîner de force, mais j'utilise ma jambe valide pour lui donner des coups dans les mains, l'empêchant de s'approcher. Il est à deux doigts de me buter. Il m'insulte de tout les noms. Heureusement que tout le monde mange à la cantine, sinon ils nous regarderaient super mal. Par je ne sais quel prodige, il parvient à me mettre sur son épaule, me portant en sac de patate. La peur s'intensifie tandis que je remarque à quel point nous sommes proche de la porte de l'infirmerie. Je me débats d'autant plus, hurlant que je ne veux pas y aller. Je lui donne des coups sur la tête mais il ne bronche même plus, accélérant même le pas à chaque coup. Nous arrivons à l'encadrement de la porte. Je me retiens à celle-ci, me défaisant enfin de la prise du blond. Je m'écrase par terre, mais la douleur est moins forte que la panique qui grandit en moi. Je me mets sur mes deux pieds, malgré le sale état de ma cheville et me prépare à m'enfuir. Mais voilà, mon corps me lâche une nouvelle fois. Je me sens terriblement faible, mes yeux se ferment tandis que les cris inintelligibles du blond résonnent dans ma tête.

Still Counting - Bakugo x readerWhere stories live. Discover now