Still Counting - Bakugo x reader

Chapitre 19

 Je suis dehors, regardant la plateforme flottante. Là haut, Bakugo et les autres se battent. Je soupire. Il me reste deux jours avant de dire adieu aux alters que l'on m'a donné. Je discute avec quelqu'un lorsque tout à coup, je vois la plateforme commencer à tomber. La peur me noue le ventre. Bakugo est là bas... Sans bien savoir pourquoi, je cours vers la plateforme. Mais ça ne sert à rien. Je ne pourrais pas l'atteindre. Je suis impuissante... Le cerveau en ébullition, je n'entends plus les cris autour de moi. Je dois réagir, trouver une solution. Je ne suis plus la petite fille rongée par la haine et la peur. Je ne dois pas laisser mes émotions me paralyser. Je reprends alors mes esprits et active mon alter. Je leur avais promis de ne plus l'utiliser. Tant pis. Ce ne sera pas la première fois que je mens. Je mets de côté ma douleur et mon envie de vomir. Je ne sais même pas si j'arriverais à aller jusqu'à la pièce où ils le détiennent. Mais par chance, je me retrouve face à lui. Épuisée, le corps perclus de douleur, je le fixe un moment. Il n'a pas changé. Et c'est lui, ma clef pour entrer dans l'UA flottante. Je crois que je n'ai jamais parcouru une si grande distance en si peu de temps. La force du désespoir peut-être ? Je m'approche, titubant, et murmure :

« - Envoie moi là-bas... »

Black Mist me fixe. Il hésite. Mais je n'ai pas son temps :

« - Putain ! Envoie moi dans le truc flottant !

- Désolé, je ne peux pas.

- Pourquoi ?! Ils vont se crasher !

- Justement. Shigaraki ne voulait pas que tu mettes ta vie en danger pour lui. »

Je sens que mes jambes sont sur le point de me lâcher. Pourquoi... ? Pourquoi avoir donné un ordre si... Si contradictoire ? Je réplique :

« - Mais ils ont besoin d'aide !

- Qu'est-ce que tu pourrais bien faire ? Ton alter ne leur sera d'aucune aide.

- Je peux stopper les combats !

- C'est ce que tu veux ? Faire capoter les plans de Shigaraki ?

- Si je ne fais rien, ils vont tous mourir ! Black Mist ! Si on laisse les combats s'éterniser, il n'y aura aucun vainqueur ! »

Un long silence s'ensuit. Il soupire :

« - Je ne peux pas faire ça. Je n'obéis qu'aux ordres de Shigaraki. »

Pourtant, je sens une faiblesse. Une faille que je dois à tout prix exploiter. Je réplique, désespérée :

« - Je t'en supplie ! Je ne veux pas perdre ma famille une seconde fois ! »

Il tressaille puis détourne le regard. Il finit par ouvrir un portail, puis murmure :

« - Tu as intérêt de revenir en vie. »

Je lui souris tristement puis entre dans le portail.

Devant moi, un terrain désolé. J'entends quelqu'un crier mon nom. C'est Midoriya. Je ne vois pas Bakugo. J'espère qu'il va bien. Je jette un regard vers Shigaraki. Il semble vraiment épuisé. Alors que j'essaie d'évaluer son état, je me rends compte de mon erreur. Ce n'est pas Shigaraki, mais AFO. Du moins, je crois ? À moins que ce ne soit un mélange des deux ? Il faut absolument que je sorte Shigaraki de là. J'active mon alter et me retrouve juste à côté de lui. Mais AFO/Shigaraki m'attrape, avec un air énervé :

« - Alors comme ça, tu nous as trahis. Quelle vilaine enfant. Je savais que c'était une mauvaise idée de prendre une faible gamine dans mes rangs. »

Je ne réponds pas et pause mes mains sur ses yeux, lui cachant la vision. J'active alors mon alter. Mon troisième alter. Celui qu'il m'a donné pour être sûr que je ne survive pas. Celui que je vais utiliser pour le vaincre. Quelle ironie...  

***

 Je me retrouve dans l'esprit de Shigaraki. Une vent puissant afflue, me frappant de plein fouet, comme des vagues cognant sans arrêt contre un rocher jusqu'à se que celui-ci ne se brise. Je serre les dents et tente d'avancer malgré tout. Finalement, le vent tombe. Mais je me retrouve non pas face à l'esprit de Shigaraki, mais à celui de AFO. La peur me tord le ventre. Son esprit à une forme terrifiante. Un immense nuage de noirceur l'entoure. C'est alors que je remarque, au milieu de cette masse noire, des pleurs. Des pleurs d'enfant. Sans savoir pourquoi, je décide de m'enfoncer dans le nuage épais. AFO s'adresse alors à moi :

« - Tu as décidément du cran, pour venir dans mon territoire. »

Je mets de côté mes peurs et m'enfonce toujours plus. Je finis par m'arrêter. J'ai beau avancé vers le centre, je n'ai pas l'impression d'aller dans la bonne direction. Je me concentre sur les pleurs de l'enfant. Ils me mènent jusqu'à Shigaraki. Ou plutôt, les différentes versions de Shigaraki. Il y en a trois en face de moi : un enfant et deux adultes. Les deux adultes se tournent vers moi, surpris. Le plus jeune des deux demande :

« - [T/P] ? Qu'est-ce que tu fais là ?

- Je suis venue te sortir d'ici... Et ça va pas être de la tarte... »

J'ai trois Shigaraki à aider... Je commence par le plus jeune. Je m'approche de lui et m'accroupis. Il est assis, la tête cachée dans ses petites mains. Ses cheveux sont noirs, ce qui me surprends un peu. Mais je décide de ne pas poser de question. Je pose une main sur ses cheveux. Ses souvenirs affluent en moi, empli de tristesse et de regrets. Une fois que j'ai tout assimilé, je le prends doucement dans mes bras. Il se débat, hurlant :

« - NON ! NE ME TOUCHE PAS ! JE VAIS TE FAIRE MAL !

- Ne t'inquiète pas... Tout ira bien... Tu ne me feras pas mal. »

Il se laisse faire peu à peu, et éclate à nouveau en sanglot. Je lui caresse doucement le dos, lui assurant :

« - Tout va bien. Je sais que tu as peur. Peur de blesser tes amis, ta famille... Et tu t'en veux. Mais ce n'était pas de ta faute. Tu ne pouvais rien y faire.

- Je les ai tué !

- C'est vrai. Mais tu ne le voulais pas. Et puis, plus tard, tu auras une nouvelle famille.

- Vraiment ?

- Bien sûr. Une grande famille.

- Ils seront gentils ?

- Oui.

- Ils resteront avec moi pour toujours ? »

Je marque une pause avant de murmurer :

« - Ils resteront avec toi jusqu'à la fin. »

Je me détache du petit garçon. Il sèche ses larmes et demande :

« - Je pourrais devenir un héro ? »

Mon coeur se serre tandis que je réponds avec un sourire triste :

« - Tu pourras être tout ce que tu veux. »

Il me sourit à son tour et disparaît. Je soupire. Plus que deux.