Chapitre 15

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 J'ouvre les yeux. Je suis dans une chambre. Je jette un œil autour de moi et constate que la pièce est totalement vide, sans aucun meuble autre que le lit. Je me redresse avec peine et tente de sortir du lit. Je remarque alors un bandage sur ma cheville. Je la fixe un long moment, tandis que mes souvenirs me reviennent, peu à peu. Un frisson parcourt ma colonne vertébrale. Je soupire, consciente qu'il faudrait que je surmonte ma peur mais que je n'en ai matériellement pas le temps. Je me lève, en m'aidant de mes bras, et retombe aussi sec. Sur le cul, littéralement, je reste un moment immobile. Je m'appuie sur le lit, essaie de me lever, mais mes jambes ne répondent plus. Ah ah ah... Drôle cette blague. Aller, on arrête de déconner maintenant... Debout. Je m'acharne mais rien à faire : seul mes bras sont opérationnels. Une vieille femme entre soudainement dans la chambre, engueulant quelqu'un qui se trouve vraisemblablement à côté d'elle, mais que je ne vois pas à cause de l'encadrement de porte. Lorsqu'elle me voit, appuyée sur les bras pour tenir sur les genoux, elle lâche le plus long soupire que j'ai jamais entendu. Elle vient vers moi, me mets sur le lit par je ne sais quel prodige (il faut dire qu'elle fait trois tête de moins que moi) et pose ses mains sur ses hanches, faisant une mine agacée :

« - Les convalescents doivent rester en convalescence ! Pourquoi tout mes patients ont la bougeotte ? Ça vaut aussi pour toi, mon petit ! Il va falloir que tu ailles progressivement vers une retraite bien mérité ! »

La personne derrière moi proteste :

« - Je peux encore être utile !

- Utile ? Bien sûr ! Mais dans un bureau, assis tranquillement, en triant des feuilles. Pas en temps que héro ! »

J'entends grommeler derrière moi. Je me tourne et retiens mon souffle. All Might, ou plutôt ce qu'il en reste. On l'a bien amoché, ça, s'est certain ! Je reporte mon attention vers la vieille femme, qui me gronde gentiment :

« - Bon ! Occupons-nous de notre charmante patiente ! Tu t'es foulée la cheville. Rien de grave mais il lui faut du repos.

- Je pourrais bientôt marcher ? »

Un long silence accompagne ma question. All Might s'installe à côté de moi. Je grimace tandis qu'il me fait un semblant de sourire. Il se tord légèrement les mains puis soupire :

« - Je sais que tu ne dois pas me porter dans ton coeur...

- Pas vraiment non. »

Il sourit, pour de vrai cette fois, mais ses yeux restent illuminés par une lueur triste :

« - Ce n'est certainement pas à moi de te l'annoncer, mais... Il faut bien que quelqu'un le fasse.

- Vous allez cracher votre pastille, oui ? »

Il détourne le regard puis, dans un effort qui lui semble surhumain, me regarde droit dans les yeux et annonce :

« - Ton corps est actuellement mourant. »

Je hausse un sourcil et demande :

« - Et... ?

- Je... Comment ? Je... Je viens de t'annoncer que tu es mourante... Tu as conscience de ce que ça veut dire ?

- Pardon mais ça fait un moment que je le sais. Je veux dire, c'est un peu évident non ? Mon corps rejette l'alter depuis un bon moment déjà. C'est pas vraiment surprenant que je finisse par en mourir. »

Les deux adultes restent muets un bon moment, comme si ils ne s'y attendaient pas. Ou peut-être qu'ils ne s'y attendaient vraiment pas ? Enfin bon... All Might enchaîne :

« - Hum... Bon... Tu le prends mieux que ce que nous pensions... Cependant, sache que tout n'est pas fini pour toi.

- Qu'est-ce que vous entendez par là ?

Still Counting - Bakugo x readerWhere stories live. Discover now