Vérité

24. Souvenirs destructeurs

Logan

Los Angeles, 4h33.

– Je suis putain de stupide, me répété-je en boucle tout en frappant dans les miroirs devant moi.

Les phalanges en sang, la tête qui tourne, les muscles complètement tendus, la mâchoire prête à rendre l'âme tant elle est contractée. Je ne m'arrête pas.

La sueur coule sur mon front alors que la culpabilité me ronge.

Je n'aurais jamais dû lui poser une telle question. Je suis putain de stupide.

Mes yeux se ferment pour revoir la scène qui me hante depuis hier soir.

Mes poings cognent une dernière fois avant de se faire arrêter par des mains d'une douceur extrême. Ma vue est brouillée à cause de la rage mais je pourrais reconnaître ses yeux à des kilomètres.

Je me déteste pour devoir lui faire réparer des conneries que j'ai moi-même créées.

Mon envie de la repousser pour continuer à frapper dans ces miroirs est plus que présente alors qu'elle observe attentivement mes phalanges abîmées par la violence dont j'ai fait preuve envers moi-même.

– Tu es tout sauf stupide Logan, me rassure Iryna.

Elle se trompe. C'est de ma faute si je l'ai fait éclater en sanglots dans les bras de mon père hier soir.

La culpabilité est l'émotion qui s'exprime d'une violence extrême chez moi. Mon père le sait et me laisse faire mais Iryna ne le sait pas et est en train de m'arrêter alors qu'il faudrait que je m'écroule au sol pour que ce s'arrête réellement car à un moment ou un autre, je reviendrai finir ce que j'ai commencé.

– Tu devrais partir, dis-je d'un ton détaché et froid.

Elle refuse comme à ce que je m'attendais alors j'insiste :

– Je reviendrai jusqu'à ce que je m'épuise physiquement et mentalement à frapper ces miroirs en boucle en ruminant de toutes les manières possibles alors je te le demande une dernière fois, part s'il te plaît. Je ne veux pas te faire de mal.

Elle lâche ma main avant de lever sa tête vers la mienne et nos iris s'accrochent mais je détourne le regard. Je la sens s'éloigner et ce n'est pas plus mal.

Je recommence à frapper ces bouts de miroirs en boucle tout en me répétant que je suis stupide mais ça ne me fait pas l'effet attendu.

La culpabilité n'est plus là.

Comment je le sais ? Je n'ai plus aucune envie de frapper ces maudits miroirs. Je veux juste serrer Iryna dans mes bras et lui promettre que je ne reposerai plus jamais ce genre de question.

Sa douceur a apaisé ma culpabilité.

Elle ne m'en veut pas même si elle a fini en larmes par ma faute.

Je sors à toute vitesse de cette pièce pour rejoindre le salon. Un coup d'œil me suffit à la trouver dehors, au bord de la piscine les pieds dans l'eau à scruter le ciel remplit d'étoiles.

Sans vraiment comprendre pourquoi je le fais. Je m'avance jusqu'à elle puis je m'assoie à ses côtés tout en mettant moi aussi mes pieds dans l'eau.

Son profil est toujours aussi beau mais il est vite remplacé par l'horizon.

Elle vient de me mettre une claque ? Je l'ai mérité en même temps.

– Tu es vraiment un con, tu le sais ça, s'exclame-t-elle. Super sexy mais super con. Vient que je te soigne.

Je remarque une trousse de secours sur ses genoux.