Chapitre 46 : Cinq minutes

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Chapitre 46 : Cinq minutes
(Albus)

    Il pouvait bien se reposer quelques minutes... Il avait ajouté le dernier ingrédient de la journée à ses chaudrons dans lesquels bouillonnaient le philtre de Lunouvelle. Il devait terminer de traduire un texte en runes pour le lundi mais il avait bien mérité ses cinq minutes de repos. Épuisé, il s'installa sur la chaise de son bureau et enfouit sa tête dans ses bras, sur la table. Cinq minutes... pas plus...

« Mr Potter ! Mr Potter !

— Hum ? »

    Étourdi, Albus retira son pouce de sa bouche, ouvrit les yeux et se redressa. Son assistante, Isadora, était en face de lui, de l'autre côté du bureau, et y avait posé un sac.

« Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Albus, alerte.

— J'ai apporté de quoi dîner, répliqua-t-elle. Vous vous êtes endormi ?

— Une minute, oui, acquiesça-t-il en se frottant les yeux avant de consulter sa montre et de réaliser qu'il avait dormi quinze minutes, dix de plus de prévues. Merci, ajouta-t-il alors qu'elle sortait deux bouteilles d'eau et des sandwiches de son sac. Installez-vous donc, et dinons. »

    Elle tira une chaise pour la placer en face de lui et Albus mordit rapidement dans un sandwich au poulet.

« J'avais complètement oublié que j'avais faim, marmonna-t-il après avoir longuement mâché (ne s'en plaignant même pas) et dégluti un premier morceau.

— Je suis là pour ça, fit remarquer Isadora avec un sourire. Il faut veiller sur vous.

— Vous êtes là pour m'assister, pas pour me servir de mère de substitution, rétorqua Albus avec son gloussement similaire à un glapissement. Bon sang...

— C'est un aléa du métier ! rétorqua-t-elle, visiblement amusée par son rire.

— J'imagine, soupira Albus. Vous aviez terminé de trier mes courriers, tout à l'heure ?

— Bien sûr ! Vous voulez le résumé maintenant ?

— Tant qu'à faire, répliqua Albus en haussant les épaules.

— Alors, le ministère a bien reçu vos caractéristiques distinctives d'Animagus, vous êtes officiellement déclaré comme Animagus, il n'y a plus rien à leur envoyer... ensuite, vous avez reçu une invitation pour une conférence à Ilvermorny, l'école de magie nord-américaine...

— Non, merci, l'interrompit Albus, très déçu car il aurait adoré s'y rendre. Je limite mes déplacements jusqu'à... je ne peux pas me le permettre pour ma sécurité. 

— J'ai déjà prévu la lettre de refus, au cas où, je l'enverrai donc, rétorqua Isadora. Toujours pareil pour la Très Extraordinaire Société des Potionnistes, j'imagine ? »

    Albus hocha la tête, la boule au ventre. Il avait vraiment envie d'y retourner. Il avait adoré parler de potions avec tous ces gens aussi brillants que lui et il supposait que ce serait encore plus gratifiant maintenant qu'il était l'inventeur de la potion la plus impressionnante du siècle, ou peut-être même du millénaire. Ou même depuis toujours. Il n'avait même plus l'impression d'avoir réalisé quelque chose de si incroyable que ça étant donné que, depuis son Ordre de Merlin, il avait refusé d'assister à tous les grands évènements auxquels il avait été convié.

    C'était comme quelque chose de normal. Son philtre de Lunouvelle. C'était merveilleux, il le savait, il en avait conscience. Mais, s'étant renfermé sur lui et sur sa réalisation, elle semblait — uniquement pour lui, évidemment — avoir perdu de sa splendeur. C'était basique. S'il avait dit ça à sa personne, des années plus tôt, il n'y aurait certainement pas cru. Comment pouvait-il traiter l'impossible comme une banalité ? Tout cela, c'était à cause de la Meutnace. S'il n'y avait eu aucune conséquence, aucun danger, il serait très probablement occupé, chaque jour, après les cours, entre ses préparations de potions, avec des séminaires, des rendez-vous, des interviews... Sa cousine, Dominique, lui avait déjà demandé, dans une lettre, s'il l'autorisait à l'interviewer durant les vacances de Noël, un article qui promettait déjà d'avoir de nombreux lecteurs car il s'agirait sa première intervention depuis très longtemps. Il avait accepté, bien sûr, car elle se rendrait au Bois aux Vifs d'or, et il n'aurait pas besoin de se déplacer.

Tome 6 - En vol avec les PotterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant