23. Espagnols

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- MILA -

Californie - Los Angeles
22h00.

Je marche avec lenteur sous cette pluie en ayant dans la tête le crime que j'ai commis. Les corps inertes de ma mère et Georges tournent en boucle dans mon cerveau, me rappelant que je baigne dans ce monde sanglant depuis plus longtemps que je ne le pensais.

Je suis devenue une putain de meurtrière.

J'avance dans les rues de Los Angeles, ne sachant pas vraiment où je vais.
Je me balade dans l'inconnu, la capuche de mon gilet relevée sur mon crâne.

J'ai tué. Deux fois.

Je ne regrette pas d'avoir assassiné Georges mais je ne peux m'empêcher de penser que mes prochaines victimes ont peut-être une famille. Des enfants qui grandiront sans un de leurs parents à leurs côtés. Et je m'en veux déjà.

Sentant quelque chose mouiller ma joue, je sors ma main de ma poche pour retirer ce fichu truc posé sur ma tête.

Personne ne saura si je pleure ou si ce n'est que l'eau qui tombe du ciel.

Mes larmes coulent abondamment tandis que je fais demi-tour pour rejoindre la voiture de mon ancien coéquipier.

Mes pas se font plus pressés et ce poids sur mon cœur s'intensifie. Je veux hurler toute ma peine mais je ne peux pas...

L'eau qui ruisselle sur mes joues se mélange à celle de la pluie, ne formant qu'une seule et unique goutte qui finit par tomber sur le sol déjà humide.

L'orage gronde, me faisant légèrement sursauter, tandis que mes pleurs silencieux redoublent.

Puis, je repense à ma mère qui nettoyait mes larmes en me murmurant des mots rassurants. Et je repense également à Kayden qui faisait la même chose mais à sa façon...

Et merde.

Mes enjambées sont à présent plus rapides et en un rien de temps, je regagne la voiture. Et puis lorsque la portière se referme, je me laisse totalement aller.

Des faibles sanglots trouvent un chemin entre mes lèvres et mes mains tremblantes s'agrippent au volant du véhicule.

La tête baissée, je laisse l'eau rouler le long de mon visage en tentant de contrôler ma respiration comme me l'a appris Sam.

J'inspire profondément par le nez pendant deux secondes, puis, j'expire pendant quatre longues secondes.

Je répète la technique plusieurs fois avant de sécher mes larmes.

– OK, Mila..., chuchoté-je en faisant bouger à tour de rôle mes doigts au-dessus de tout ce que doit manier une personne qui conduit.

Je n'ai pas passé mon permis mais Jack a insisté pour que mon entraîneur me l'enseigne.

Dire que je maîtrise parfaitement tout serait un mensonge, mais, disons que je m'en sors plutôt bien. Je devrais rentrer au repère secondaire avec seulement deux ou trois égratignures sur cette caisse.

Je fais gronder le moteur, puis, m'avance prudemment en sortant de la zone de parking. J'y vais assez lentement pour éviter un accident : ce serait bête de mourir de cette manière alors que je suis la putain de fille d'un chef de gang.

Les minutes défilent rapidement et je ne pense à rien étant donné que toute mon attention est focalisée sur la route.

Après environ une trentaine de minutes, j'arrive à destination.

No Time For LoveWhere stories live. Discover now