Épilogue

335 12 8
                                    


- KAYDEN -

Un mois plus tard.
06h00.

Les perles de pluie descendent du ciel en une sévère danse, créant un bruit de fond néanmoins agréable.

Les gouttes tambourinant depuis quelques heures déjà contre les vitres, j'observe le paysage que m'offre ma baie vitrée, percevant également l'apaisante symphonie de l'eau qui tient mes sens éveillés.

Je regarde ma montre : 06h00.

Peut-être devrais-je aller faire un tour au cimetière afin de m'assurer qu'elle aille bien ?

Arrête, Kay.

Un long soupir m'échappe tandis que la poursuite de mes inquiétudes en mon fort intérieur s'intensifie.

Et s'il lui arrivait quelque chose de terrible ?

Alors que je m'apprêtais à prendre l'absurde décision de partir la retrouver, Henry m'interrompt dans mon élan en pénétrant dans mon salon.

Il semble autant inquiet que moi et c'est alors que je me souviens que sa petite amie est également au cimetière.

Elles y passent souvent, refusant de tourner la page, comme nous tous finalement.

Elle est morte, mais nous préférons rester dans le déni puisque c'est plus simple, plus facile de continuer à croire qu'elle ne nous a pas quittés ce soir-là.

— Tu penses...

— Qu'on doit les rejoindre ? me coupe mon frère. Absolument.

Alors, nous voilà dans nos voitures respectives, cinq minutes plus tard, en ayant pour direction le Cimetière D'Isiris.

56 Rue Isiris, le lieu peu fréquenté où trône un parc magnifique dont nous seuls semblons connaître l'existence.

Nous pouvons observer la ville si nous grimpons sur les arbres et l'immense lac qui s'y trouve redonne vie à l'endroit.

Cet air de jeu est devenu notre refuge à tous il y a un temps, c'est pourquoi nous avons décidé d'y bâtir un cimetière dans lequel nous avons tous fait la promesse d'y être enterrés.

Parce que notre amitié s'étendra au-delà de la vie et de la mort.

Arrivés à destination, nous sortons rapidement de nos voitures. La pluie nous submerge instantanément alors que nous courons jusqu'à la tombe de notre défunte amie.

— Les filles ! crie Henry alors que nos bien-aimées se retournent.

À peine sommes-nous arrivés à leur hauteur qu'un petit corps m'enlace. Je hume son doux parfum, rassuré de l'avoir si près de moi.

— Que faites-vous ici ? m'interroge Mila en relevant sa tête afin d'établir un contact visuel.

— On s'inquiétait pour vous, admets-je, toutefois embarrassé.

La brune me sourit chaleureusement, m'assurant que Kelly et elle-même vont bien.

Elle se place à côté de moi, mon bras naturellement enroulé autour de sa taille, tandis que nous observons la pierre tombale sur laquelle reposent non bouquets.

Léana PARKS
1992 - 2013
« L'éphémère demeure éternel dans
nos esprits. »

Lors de cette affreuse nuit, nous étions plusieurs à avoir été blessés. Malheureusement, Léana n'a pas résisté et a succombé devant les yeux de Mila et moi.

— Tu as fini de lui parler ? demandé-je doucement à la brune.

— Oui, Kelly et moi nous apprêtions à rentrer avant que vous ne débarquiez.

Sa voix apaise mon cœur d'une manière que je ne saurais expliquer. Cependant, ce dont je suis certain, c'est que je veux l'avoir officiellement rien que pour moi.

— Je t'aime, Mila.

À peine ai-je achevé ma phrase que mes prochains mots meurent dans ma bouche puisqu'elle pose ses lèvres sur les miennes.

Je suis d'abord surpris par sa soudaine action, mais, je ne me plains pas. C'est tout ce que je souhaitais.

— Je t'aime, Kayden.

Je l'embrasse alors plus ardemment, plus passionnément. La pluie se mêle à notre baiser et les rires de nos amis ne sont pour moi qu'un lointain bruit.

Je ne remercierai jamais assez cette femme pour m'avoir fait découvrir le bonheur.

Et, par-dessus tout, je ne la remercierai jamais assez de m'apprendre à aimer.

— Attention Kayden, souffle-t-elle. Tu commences à te comporter comme un petit copain.

Je mords doucement sa lippe et réplique avec sérieux et désir :

— Peut-être parce que c'est ce dont j'ai envie...

Mila laisse échapper un doux rire avant de relever ses yeux vers les miens, toute souriante.

— Enfin..., si tu acceptes d'être ma petite copine, continué-je, les joues rosies par la gêne.

La brune passe sa main dans mes cheveux humides, puis, me susurre au creux de mon oreille :

— Tu es adorable quand tu rougis.

Sa remarque me fait prendre un teint encore plus rose et elle s'esclaffe en voyant l'effet qu'elle a sur moi.

— J'accepte d'être ta copine, répond-elle finalement.

— Et moi d'être ton copain.

Je l'attire contre moi, nos vêtements collants à cause de la pluie, et nous observons les étoiles scintiller dans l'obscurité du ciel.

Les larmes perlent aux coins de nos yeux alors que je prends conscience d'une chose :

On l'a fait, Mila...

Elle entrelace ses doigts aux miens tout en gardant ses yeux rivés sur le paysage californien qui s'offre à nous.

On a réussi...

Nous sommes tellement proches l'un de l'autre que je perçois les battements de son cœur qui danse au même rythme que le mien.

Autrefois, ils n'avaient pas de temps pour l'amour. Aujourd'hui, c'est leur raison de vivre.

Alors, oui, la vie ne leur a pas toujours fait de cadeaux, mais l'amour inconditionnel qui les unit demeure le don le plus prestigieux qu'ils aient reçu...

Et dans la nuit pluvieuse illuminée par les étoiles, leurs cœurs continuent de battre, tissant une fin joyeuse qui sonne comme une folle promesse d'aventures infinies.


THE END

No Time For LoveWhere stories live. Discover now