Chapitre 2 - Partie 1

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Pas que les cours n'avaient rien d'intéressants, du moins, aussi intéressant que pouvait l'être la comptabilité. Si ça n'avait tenu qu'à moi, j'aurais arrêté mes études universitaires pour me consacrer uniquement à l'écriture. Cependant, Isaac m'en avait dissuadé, tout comme ma mère et ma sœur. D'après eux, je devais au moins avoir un diplôme fiable si jamais le vent tournait ou que mes ventes s'essoufflaient. Il n'y avait rien de plus incertain qu'être auteur, même avec quelques succès sur le marché. De nouvelles plumes se révélaient chaque jour, et à l'heure d'internet, il était encore plus facile de dégoter des perles rares. La mode allait et venait, même dans le milieu du livre. Je ne pouvais donc pas rester à rien faire. Décrocher un nouveau contrat, arracher le plus d'avaloirs à l'éditeur, et me lancer une énième fois dans le processus de corrections et de promotion, avant de me replonger dans un nouveau projet et répéter ce cycle sans fin. Je n'étais, en réalité, pas payé à écrire mais seulement sur les ventes de mes romans. Il était dans mon intérêt d'écrire l'histoire qui se vendrait le plus si je souhaitais conserver mon appartement, entièrement à mes frais. Une ineptie d'après Glen qui aurait préféré que je sois dans l'un des dortoirs du campus. Peut-être que je gâchais de l'argent, mais avec mon propre appart, je pouvais faire ce que je voulais quand je le voulais. Et ça me permettait de voir Isaac ailleurs qu'au café, mon appartement étant plus proche de la fac que le sien.

Un soupir m'échappa et Rylan me pinça le bras.

— Aieuh ! Mais pourquoi t'as fait ça ?

— J'ai arrêté de compter combien de fois t'as soupiré pendant le cours magistral. Mais assez pour me pousser à te réveiller.

— J'étais réveillé, je te signale, chouinai-je en frottant mon bras douloureux.

Rylan haussa l'un de ses sourcils roux, l'air de dire qu'elle n'y croyait pas le moins du monde. Bon, peut-être que je n'étais pas des plus attentifs depuis la rentrée mais en même temps, j'avais de quoi divaguer.

Depuis l'autre soir, je harcelai Isaac afin de savoir de qui il était amoureux et pourquoi il ne m'avait rien dit. Une connerie car ces trois derniers jours, après lui avoir remis mes premières corrections, juste avant la rentrée de ma quatrième année, il ne répondait plus ni à mes appels ni à mes messages. Glen m'affirmait qu'il devait travailler comme un forcené, mais je n'y croyais pas. Même en plein rush, croulant sous les dossiers, Isaac prenait toujours le temps de me répondre, au moins de donner signe de vie. Pas un jour ne passait sans nouvelle. Alors trois, c'était inquiétant.

Une nouvelle douleur fusa dans mon bras.

— Rylan !

— C'était trop tentant.

Elle étouffa un rire avec sa main et reprit son sérieux juste ensuite. Ses affaires déjà rangées, l'amphithéâtre se vidait à vue d'œil. Le battant de son siège claqua lorsqu'elle se leva, immédiatement engloutit par le brouhaha des élèves en pleine discussion, chamaillerie ou rigolade.

— On va déjeuner ou tu comptes rester là jusqu'au prochain cours ?

Pas question de rester là ! J'en avais déjà bien assez pour faire du rab en salle de classe.

Je jetai mes affaires dans mon sac, Rylan me racontant la dernière soirée étudiante à laquelle elle avait été. Elle insista sur le fait que je devais venir à la prochaine, organisé par le département d'art et qu'il n'y avait rien de plus cool justement qu'une soirée planifier par leurs soins.

— Je suis sûre que Glen y sera aussi, argumenta-t-elle en me tenant la porte de l'amphithéâtre.

— C'est pas trop son genre ces soirées, tu sais.

Nos Amours aux Parfums de GlaceWhere stories live. Discover now