Chapitre 10

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Terminé. Je refermai mon ordinateur portable, éreinté. Je ne rêvais que d'une douche brûlante et un bon repas. Enfin pour le bon repas, je pouvais toujours me brosser.

Mes paumes contre mes yeux, je les pressai doucement. Même avec la luminosité au plus bas, travailler dans le noir me les explosait au bout d'un moment. Une habitude contre laquelle je ne faisais rien. Je n'allumai aucune lumière en sortant de ma chambre, trainant les pieds. La nuit était tombée et de toute façon, il ne faisait que pleuvoir au point de ne plus savoir s'il était tôt ou tard. D'abord la douche, pour me consoler de ne pas savoir cuisiner aussi bien qu'Isaac. Pour le repas, j'aviserai plus tard.

Allumer la lumière dans la salle de bains me fit l'effet d'une claque. Je papillonnai des yeux, comme un lapin prit dans les phares d'une voiture. J'ouvris l'eau de la douche, la laissai couler pour qu'elle chauffe le temps de me déshabiller.

J'étais rincé.

Aussi bien d'enchaîner les cours que mon manuscrit. Isaac se plaignait souvent de mes retards mais il était le premier à m'enfermer dans ma chambre pour que je travaille. Normalement, quand je lui envoyais mes retours, j'avais quelques jours de battement pour souffler et rattraper le retard cumulé à la fac. Sauf que là, monsieur le grand éditeur de mes fesses avait accepté un projet avant même de m'en parler. À moi ! Le premier concerné, rien que ça !

L'eau chaude déclencha une décharge de picotement sur tout mon corps. J'avais plus froid que je pensais. Mes pieds se mirent à rougir en un instant, et 'impression d'être sous une coulée de lave, alors que la température était réglée sur 100°F*, m'envahit. Le bruit du jet d'eau frappant contre mon crâne avait quelque chose de rassurant. Après les premières sensations de brûlure venait toujours un sentiment de bien être, de cocon chaud et réconfortant. Ce n'était qu'une douche. Pourtant, l'impression d'être hors du temps était inestimable.

Je me tournai, penchai la tête en avant pour laisser l'eau battre contre ma nuque. Des mèches de cheveux suivirent la gravité, gouttant contre mon visage, délivrant leur mince filet d'eau droit vers l'évacuation du bac.

Une nouvelle de Noël.

Voilà sur quoi Isaac voulait que je travaille en parallèle de mon dernier manuscrit. La maison d'édition pensait qu'au vue de mon dernier succès, sortir une nouvelle exclusive pour Noël était une bonne idée. Ça l'était sans doute. J'aimais ça, en plus, les comédies de Noël. C'était too much, ringard, ou encore nianian d'après un bon paquet de personnes. Il y en avait tout autant qui les adorait. Et c'était justement ce côté mièvre et féérique qui rendait ça si attractif. Bien sûr, le scénario était prévisible à des miles, les situations totalement improbables voire forcées, mais ça finissait toujours bien. C'était toujours doux, rassurant et émouvant. Ça faisait du bien au cœur et au moral. On voulait y croire, en un sens, que les belles histoires d'amour à Noël, ça existait. On espérait si fort que peut-être, un jour, ce serait notre tour. Je consommais ce genre de téléfilms et de romans, par dizaine à l'approche des fêtes. Mais je ne m'étais jamais aventuré à en écrire un. Certes, ce n'était pas un roman qu'il me demandait mais une nouvelle, donc beaucoup plus court. Mais quand même, quand est-ce que je dormais moi ?!

Je me retournai, le visage vers le pommeau de douche accroché au mur. Les gouttes d'eau frappèrent mon visage en une multitude de points chauds. Massage agréable qui détendit mes yeux. Je restai un moment ainsi, appréciant le déluge sur mon visage tiré de fatigue.

Le souvenir de ma facture d'eau du mois dernier me réveilla. Mon estomac se manifesta à son tour et je me dépêchai. Avec un peu de motivation, je pouvais très bien me faire un truc à manger.

J'essuyai d'une main mes cheveux tout en pénétrant dans la cuisine. Des œufs au plat, ça me tentait bien. Je sortis une poêle, fouillai pour trouver les œufs mais impossible de mettre la main sur l'huile. Je cherchai encore, certain que j'en avais. Isaac l'utilisait lorsqu'il venait cuisiner, c'était forcément quelque part.

Nos Amours aux Parfums de GlaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant