Vivre en tant que tueuse

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Alison

Je me rappelle très bien du vingt-huitième jours de mon entraînement. J'étais épuisée, au bout de toutes mes forces. Tenir tête chaque jour dans mes combats contre Milo et mes tentatives de le repousser sans jamais me reposer, ne me réussissais pas. Milo me l'avait répété, Lexis me l'avait rabâché et je n'en ai fait cas ma tête. Pour le coup, c'est ma volonté qui me porte défaut.

Je donne mes dernières forces aux échauffements du début de la journée. Échauffement que je ne réussis toujours pas. Je finis par m'écrouler de fatigue dans la terre encore humide au dernier exercice. Inerte, en manque de force et de motivation, je laisse mon corps tomber sans amortir ma chute. Les yeux rivés sur le soleil qui se lève pour une nouvelle journée, je reste immobile dans le froid, la boue et l'herbe. J'abandonne littéralement.

Noah est obligé de venir me chercher pour me ramener à l'intérieur, au chaud, car au bout de plusieurs minutes étalées dans la boue, je ne bouge toujours pas.

Je suis frigorifié, quand il me serre contre lui sans même s'inquiéter pour sa belle chemise blanche. Je veux le repousser, mais mes gestes sont confus, maladroits et réellement inutiles. Même Noah semble avoir pitié de moi à ce moment-là.

Mon corps se détend au simple contact de sa chaleur. Je ne m'en rends pas compte, mais je tremble comme une feuille, car mes muscles se contactent et se détendent pour se réchauffer par eux même. Tous les moyens sont bons pour trouver une source de chaleur, mais celle-là m'épuise comme si j'étais encore en train de courir. Mes doigts sont gelés et mes pieds sont comme des blocs de glace. Impossible de les bouger.

-Pas de boue dans la maison ! Sort Lexis à l'entrée, bloquant le passage.

-Lexis ! S'il te plaît ! Proteste Noah en ma faveur.

Milo me jette un regard de pitié qui me réveille un tant soit peu. Je dois ressembler à rien devant eu. Je ne suis rien devant leur force.

Lexis ne bouge pas et la connaissant elle ne bougera pas.

-Tu n'avais pas l'ordre d'aller la chercher.

-Elle ne bougeait plus !

-J'ai dit non, Noah !

-Lexis...

-Noah, repose-moi. Je lui demande, les yeux mi-clos, d'une voix tremblante. Repose-moi.

Le Andrews m'écoute à contrecœur sans s'éloigner de moi. Le regard de toutes les personnes présentent autour de moi ne m'intéresse même pas à cet instant. Ce qui compte le plus, c'est ma douleur et mon besoin de l'apaiser.

Je me rappelle avoir posé mes pieds devenus des glaçons avec une telle douleur parterre que j'en ai versé quelques larmes. Je ne pensais pas que les pieds pouvaient autant nous faire souffrir.

En regardant Lexis droit dans les yeux, je me suis mise à enlever mes vêtements, jusqu'à en retirer mes sous-vêtements plein de boue eux aussi. Je me suis retrouvée nue devant elle et Lexis s'est mise pour la première fois à sourire. C'était léger et vraiment inattendu, mais je l'avais vu.

J'ai compris que j'avais atteint un tel palier de fatiguer et de souffrance physique que le dernier de mes problèmes était mon corps révélé à nue devant des inconnus et mon honneur bafouer par la honte.

C'est aux vingt-huitièmes jours que je compris la première leçon.

Noah me porte ensuite jusqu'à la salle de bain. Une petite pièce fonctionnelle, que nous avions vite baptisée, qui se trouve juste en face de notre chambre. Je me rappelle qu'il m'a déposé parterre, qu'il a fait couler l'eau et que je n'ai pas pu me résigner à le lâcher pour le laisser partir.

La Silencieuse |Tome 2|Kde žijí příběhy. Začni objevovat