La Silencieuse |Tome 2|

Un père pour un enfant, un monstre pour un tueur

Myler

Il faut savoir une chose importante sur notre Réseau familial : nous possédons une règle d'or. Une règle qui se doit d'être respecté. C'est : le choix. Il est dit que le Réseau ne doit jamais forcer une personne à rester lié à lui. Tout le monde doit avoir le choix de le quitter.

Tout le monde la respectait. Ma tante n'a jamais obligé ses filles à se battre pour ce qu'elle avait créé. Noah et Ruben n'ont jamais grandi avec l'obligation de prendre la place de leur père. Tous n'ont pas grandi en se disant qu'ils engendreront des enfants qui deviendront des tueurs dès qu'ils seront en âge de marcher. Isaac et Lucia ont toujours respecté la seule vraie règle de notre Réseau. Mais ils ne sont jamais intervenus quand leur frère aîné est parti et a entraîné ses enfants, seul et à sa manière. Pourtant, ils savaient tous et ils connaissaient tous mon père.

Pour Alaric, cette règle était débile et futile. Il n'en voyait pas l'intérêt, car pour lui, s'il venait à faire des enfants, ces enfants seraient obligés d'agrandir ce qu'il a accompli. C'était pour lui comme un héritage. Son sang avait coulé pour ce qu'il avait construit, plus tard, il espérait bien que ses fils ou ses filles feraient couler le leur pour maintenir l'héritage à flot.

Pour ça, père était catégorique. En étant l'aîné de sa fratrie, il s'est retrouvé obligé de prendre les rênes du Réseau à la mort de son père, mon grand-père. Une tache qu'il a réussie avec brio, alors que son père venait d'être décapité par ses propres amis. Une trahison qui a rendu Alaric fou.

Les trahisons.

Une chose qu'il n'a jamais pu tolérer. À seulement vingt-trois, il a dû apprendre sur le tas le métier. Il a dû mener lui-même l'enquête sur ce meurtre qui avait tout l'air d'un assassinat. Alaric voulait savoir qui avait bien pu couper la tête de son propre père en pleine nuit, mais il savait aussi que s'il se faisait remarquer, il pouvait mettre en danger son frère et sa sœur.

Quand Isaac nous racontait cette histoire, il expliquait que Alaric avait toujours eux un recul monstre sur ce qu'il faisait, mais aussi sur ce qu'il se passait. En quelques jours, mon père a compris qui l'avait trahi. Il a exécuté cinq hommes et une femme, tous des amis proches et chers de son père. Tous des hypocrites qui avaient pour objectif de tuer les enfants de leur ancien chef pour ainsi récupérer le gang et le pouvoir qu'il possédait déjà sur Londres.

Mon père a toujours été doué. Il ne laissait jamais la place à l'hésitation. Toutes ses décisions sont réfléchies et stratégiques. Pour Alaric Andrews, le hasard n'existe pas ou il n'a pas sa place dans sa vie. Tout est une question de réflexion et de connaissance.

Or mis la faible tolérance des règles de mon père, fut un temps où il était un homme bon. Un homme juste et souvent généreux. Vous pourriez penser à une blague de mauvais goût, mais je ne mens pas. Avant que mon père ne connaisse les réelles difficultés de ce monde, il était un homme foncièrement bon, un mari aimant, un ami loyal et un père présent et gentil.

Personne ne naît vicieux et méchant. Tout le monde finit toujours par le devenir.

Mon père me racontait souvent des histoires. Je réalise à présent qu'il me racontait son histoire à travers des récits amusants et instructifs.

Dès petit, il nous considérait comme des adultes. Très vite, Floris a commencé à s'entraîner avec l'ancien groupe de mon père, les premiers Layme du pôle de Pennsylvanie. Il me racontait son arrivée ici, pourquoi il avait quitté Londres et prit le risque de venir dans cet état, sans aucun allier.

À cette époque, quand mon père se baissait pour me raconter son histoire avant de partir en mission, je l'admirais. Il était le héros des anciennes bandes dessinées des enfants. Il était mon héros. À ce moment-là, alors que nous étions encore jeunes, Floris et moi, mon père nous portait déjà une attention différente. Je crois qu'il voyait en nous des différences qui seraient utiles et bénéfiques pour l'avenir du Réseau. Mais il nous portait de l'attention. Moi, à travers des histoires, pour Floris à travers des exercices de combat.