Myler ou Couteau

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Myler

Je ne sais plus pour quelle raison je me réveille dans les draps de Alison le lendemain de son départ. Je ne me rappelle plus mes souvenirs de la veille. Le seul truc qu'il me reste, c'est ce sentiment de regret qui me creuse la poitrine. Je n'ai pas pu l'embrasser, ou plutôt je n'ai pas osé. J'étais trop préoccupé par le regard de mon oncle et j'ai préféré faire l'ignorant. Ma dernière chance pour apprécier la douceur de ses lèvres, m'a filé entre les doigts, et je ne peux que m'en vouloir.

Je ne suis qu'un idiot.

Un idiot accroché à son odeur.

Je me demande ce qu'elle fait ?

Je me demande avec qui elle est ?

J'ai envie qu'elle revienne...

Je m'inquiète malgré moi et je ne peux que me châtier pour ça. J'ai pris une décision à ça place. J'en était même rendu à penser, dans  l'hypothèse où Alison aurait refusé cette mission, de l'endormir pour le voyage. J'en venais à m'imaginer l'endormir avec du putain de  chloroforme pour qu'elle parte de ce pays. J'ai honte quand je repense à ça, car aux yeux d'Alison, j'aurais été encore pire que Armanto et les Serpents.

Ce vide dans ma poitrine me préoccupe et sentir à pleins poumons l'odeur de Alison me le creuse un peu plus à chaque inspiration. 

C'est minable.

Je suis minable.

En revanche, la pensée de cet homme piégé dans mes cages me rassure un peu.

Ian Ellis, une merde de bas étage en tout point. Il se prêtant chef  d'une « mafia future ». J'aurais pensé que Kay aurait éclaté de rire à cette nouvelle des plus choquant, mais non, il a gardé son sérieux. Un sérieux que je lui connaissais avant l'arrivée d'Alison. J'ai gardé cette analyse pour moi, mais bizarrement, quelque chose semble se briser de plus en plus en moi.

-Vous ne savez pas à qui vous avez à faire ?! Peste l'homme ligoté à une chaise.

-Je pense que tu ne sais pas qui nous sommes non plus.

La voix de mon ami est calme et mesurée, il agite entre ses doigts une dague qu'il a égrisée quelques minutes avant de descendre avec moi.

-Quand on se prêtant chef d'un gang, on fait au moins l'effort de se renseigner sur ses ennemies.

-Tout le monde est mon ennemi ! Il râle, comme la réplique d'un film culte.

L'homme ligoté ne cesse de bouger pour essayer de se libérer. En le regardant, je me demande vraiment s'il pense pouvoir sortir un jour d'ici contre ma volonté. Ses cheveux roux bougent dans tous les sens et  ses yeux n'ont de cesse de passer de Kay à moi. Comme si en un regard,  il pouvait nous exploser la tête.

Ce type me fait pitié.

Je  trouve ça limite inutile de salir mes lames pour lui. S'il s'en était pris à quelqu'un d'autre, je l'aurais peut-être même relâché. Mais c'est de Alison qu'on parle et elle n'est pas là pour sauver une ordure comme lui cette fois.

-Bon ! Fait Kay à bout de patient, me coupant dans mes pensées. On en fait quoi ?

Je lui jette un regard qu'il comprend sans peine.

Kay s'éloigne pour faire le tour de la chaise. Il la fait glisser contre le mur pendant que moi, je me place sur la cloisons opposer. Quand mon amie revient me rejoindre, il me lance son couteau que je rattrape sans mal.

-Vous comptez faire quoi là ?! Commence à paniquer l'homme. Hein les gars ? Je vous parle.

-L'œil droit ? Demande Kay.

La Silencieuse |Tome 2|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant