Par amour

273 10 21
                                    

Alison

Noah tient ma main dans la sienne alors qu'il me guide dans des escaliers  peu lumineux. J'ai du mal à le suivre, plongée dans le nuit. Il marche tellement vite que je  manque de tomber à plusieurs reprises. Mais, grâce à sa main tenant toujours la  mienne, je ne tombe jamais. Noah me rattrape à chaque fois. Je me  laisse guidé par le bruit de ses pas, le suivant aveuglément, sans crainte de la destination qu'il prend. Il nous a fait entrer dans un  immeuble à plusieurs kilomètres du club. Sur la route, nous avons croisé  plus d'une fois des voitures de police ou des véhicules blindés, patrouillant dans tout le quartier à ma recherche.

Après tout ce temps à fuir, je reste toujours dans l'ignorance la plus complète sur les raisons qui les poussent à me pourchasser. Je n'ai pas la moindre idée de ce qu'ils ont contre  moi, mais à l'évidence, ça doit être quelque chose de lourd pour que les policiers sortent  leurs troupes et leurs gyrophares pour la première fois depuis des années. Je n'y comprends plus rien. Moi qui n'ai jamais eux de contact  direct avec un seul militaire dans ma vie, me voilà encore une fois en train de fuir pour me cacher d'eux.

À croire qu'ils gagneront toujours...

Qu'est-ce qu'ils me veulent à la fin ?

Noah est resté silencieux pendant tout le trajet. Sa connaissance, quasi parfaite de la  ville, aide bien pour trouver des coins sombres où même les phares des  voitures ne peuvent nous éclairer. À plusieurs reprises, on s'est  retrouvés collés contre les murs pour ne faire qu'un avec la saleté des  propriétés anciennes. Nous sommes rentrés dans des jardins privés pour rester  caché. C'est dans ce genre de moment que je comprends l'importance de  l'endurance et des exercices d'entraînement. Je n'irais pas jusqu'à dire  qu'ils sont indispensables. Il ne faudrait pas que Lexis me demande des  remerciements.

Dehors, le bruit des sirènes résonne dans tous les  coins de rue. Même dans la cage d'escalier, je les entends comme si  j'étais encore dehors.

C'est la folie dehors.

-Où tu vas ? Je finis par lui demander en manquant de tomber encore une fois.

-Je t'emmène en sécurité.

Au bout de plusieurs étages franchis, Noah m'arrête. Je l'entends  ouvrir une porte qui grince à en rendre l'âme et la lumière de la nuit vient enfin inonder l'espace autour de nous.  Mes doigts serrent davantage ceux de Noah alors que mon autre main se dresse devant mes yeux, anormalement éblouis par la lumière artificielle d'une nuit agitée à Londres. Je ne sais pas où il m'emmène, alors je le laisse avancer devant moi puis je le suis sans discuter.

En  regardant autour de moi, je comprends où nous sommes. Noah m'a fait  monter un nombre incalculable d'étage pour nous faire atterrir sur le toit d'un des  grands immeubles encore en vie de Londres.

-Ici, on est en sécurité. Déclare-t-il avec assurance.

Je regarde autour de moi, fascinée de cette hauteur d'où on peut tout  voir et tout épier. Je peux même observer au-delà de la ville. Les lumières des rues  sont toutes allumés. Et je regarde, fascinée, le ciel étoilé qui se  couvre d'épais nuage gris.

Je lui lâche la main pour m'approcher du  bord du toit. Je n'ai jamais été aussi haut de toute ma vie. Les yeux  rivés sur la vue, je ne me rends même pas compte de la hauteur qui me  sépare du sol et de la terre ferme. Quand je baisse les yeux, je suis  prise de vertige et je titube presque. J'ai l'impression que mon corps  est inévitablement attiré par le sol. Je me penche, sans le vouloir, vers le vide  jusqu'à ce que la main de Noah serre la mienne et que sa deuxième vienne  encercler mes hanches pour me faire reculer.

La Silencieuse |Tome 2|Where stories live. Discover now