Mon premier meurtre

366 19 34
                                    

Alison

Il faut savoir un truc quant à la manière dont vivent les habitants des pays restants encore debout. Depuis que la guerre a cessé, beaucoup de pays sont devenus des dictatures ou des « semblant de démocratie », en politique le terme semble plus juste. Beaucoup de choses illégales sont devenues banales dans la vie de tous les jours. Ou du moins pour les générations comme la mienne et celle qui la suivront.

Entre les États-Unis qui ont subi un renversement par des militaires en colère et le Royaume-Uni où il s'est passé, à quelques détails prêts, la même chose mais en mieux. Beaucoup de choses sont devenues normales. On ne verra jamais un riche se promener sans arme ou sans garde du corps armé. Même les pauvres portent très souvent des armes blanches. Les fusils que récupère Nick Gram, sont en fait des stocks faussement perdus dans la nature par les militaires Londoniens. Certaines personnes en volent avant même qu'il ne les récupère. Et ces armes, elles vont dans les rues, dans les mains de personne prête à tuer. Ou dans le marché noir qui est devenu un marcher de tous les dimanches, où on peut retrouver carotte, haricot et munition. Des fois même des bombes...

Je pense que si personne ne refuse ces armes dans les rues, c'est aussi pu à la surpopulation. Pour les hauts dirigeants, qui vivent dans leur château fortifié, c'est mieux de laisser la populace s'entre-tuer pour vider de l'espace, puis, quand il reste presque personne, recréer une sorte de « monde normal » pour y instaurer leurs règles.

Or le problème, c'est que ce sont des gens comme moi, dirigés par Rob Médina qui resteront en vie.

Je crois que le monde part plus en vrille maintenant que pendant la guerre, mais pour le coup, c'est une opportunité en or pour les gangs comme ceux de Rob ou même le Réseau. De l'argent facile. De l'argent sale. Mais sale ou non, ça reste de l'argent et les problèmes de conscience passent en second plan dans ce monde. Entre les échanges qui se font plus facilement et les disparations déclarées par centaine, mais jamais traitées, ou des crimes jamais jugés, c'est une catastrophe monumentale dans les villes, mais une aubaine énorme pour les gangs.

Et maintenant il est temps que je me fasse ma place.

Jour quatre-vingt-cinq :

J'ai battu Ray, Milo, Noah, Logan et Lexis, en combat singulier et enchaîné durant toute la journée. D'une façon ou d'une autre, en temps normal, j'aurais gagné le combat. Je ne peux pas être plus prête que maintenant. J'ai travaillé dur pour réussir, j'ai poussé mon corps à bout, pourtant aujourd'hui mes limites me semblent encore plus lointaines.

-Elle est prête ! Confirme Milo alors que ma main écrase sa tête contre le sol.

Je pensais que cette déclaration me réjouirait, pourtant, je n'ai aucun sourire sur mon visage, mis à part cette fierté qui naît en moi en observant leurs respirations courtes.

Une part de moi est vide et sans joie de cette nouvelle. Même triste. L'autre partie de moi est morte et je ne sais pas qui ou quoi me la remmènera. Ou si elle reviendra un jour.

Le fait que j'ai gagné contre eux me montre aussi que j'aurais pu les tuer. Que, en temps normal, je n'aurais pas gagné sans tuer mes adversaires.

-Elle m'a pété le nez ! Peste Ray un peu plus loin alors que je lâche Milo.

C'est vrai. Mon poing ressent encore son os craquer et sur mes phalanges son sang commence à sécher. Je rigole alors que je sais qu'il ne m'en veut pas.

-J'ai l'épaule déboîte, je crois ! Annonce joyeusement Lexis en se moquant de Ray. Trou de balle va !

J'ai assez vite compris que la fascination pour les armes de Ray lui avait porté quelques préjudices, comme ce surnom ridicule qui est sorti trop de fois de la bouche de Lexis depuis que je suis arrivée ici.

La Silencieuse |Tome 2|Where stories live. Discover now