le signe

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03h30 du matin.

Une lumière éblouissante et des cris "Wouy Ndiouga demna ( n'est plus )... il a finalement rejoint sa femme le jour de son anniversaire. Ndiouga n'est plus. Crie une vieille dame.
Je tournais la tête et il était là devant moi. Il me tendait sa main et m'implorait de ne pas le laisser tomber. J'essaie de lui tenir la main mais il s'éloigne à reculons. Il paraissait serein et déboussolé à la fois. Non il n'est pas mort mais il s'en va. Où ? Il recule de deux, trois, quatre pas et chute...

C'est comme si je recevais un coup sur la tête. Je me lève en sursaut et trempée de sueur. Ce cauchemar m'avait fait perdre mon souffle.

Mariam se lève à son tour, inquiète

Mariam : Fati qu'est-ce que tu as ? Tu as fait des cauchemars.

-oui c’est rien rendors- toi.

Mariam : khana tu utilises encore les bains du mara Pa Diagne ? Arrête les ils te font passer de sales nuits

-Non pas du tout mais c'est pire que ça. Je vais boire un peu d'eau je reviens. Continue de dormir tout va bien.

Je prends mon téléphone avec moi. Il faut que je l'appelle pour voir comment il va. Après trois tentatives sans réponse, l'inquiétude monte. Il est tard il devrait être entrain de dormir c'est compréhensible. Non peut-être qu'il ne va bien.

Je décide de retenter ma chance mais il répond sur un ton sec.

Ndiouga : lanla ?

Je ne reconnaissais pas sa voix. Elle était devenue encore plus rauque.

- c'est toi ?

Ndiouga : Fatima pourquoi m'appelles-tu à cette heure ?

-je suis désolée je sais que ça ne se fait pas surtout mon patron.

Ndiouga : wakhal sa sokhla ( dis ce que tu as à dire)

-je vois que ça vous énerve je vous laisse excusez-moi je suis navrée. Ça ne se reproduira plus.
Il soupire avant de lui dire.

Ndiouga : Fatima.

-je suis vraiment désolée.

Ndiouga : écoute moi. Arrête avec ça et ne me vouvoie pas en dehors du travail. C'est pas grave. Je ne suis pas énervé juste que ça m'a surpris de recevoir ton appel à cette heure ci. Que me voulais tu ?

-rien...juste m'assurer que vous alliez bien

Ndiouga : et tu ne trouves pas de meilleur horaire pour voir ça. Bref je vais bien. Je passe la nuit à prier et à rendre hommage à Seynabou. Demain j'organise un récital pour elle et quelques offrandes j'arriverai sûrement un peu en retard. Je te laisse bonne nuit et merci de t'inquiéter pour moi.

Il raccroche avant même que je ne lui réponde.


"You have given me something i can't live without ( tu m'as donné quelque chose que je ne peux plus vivre sans

You mustn't underestimate that when you are in doubt ( ne sous-estime pas quand tu doutes)

But i don't want to carry on like everything is fine ( mais je veux pas continuer à prétendre que tout va bien).

The longer we ignore it all the more that we will fight (plus on l'ignore, plus on devra se battre)

Please don't fall apart ( je t'en prie ne t'effondre pas)
I can't face your breaking heart ( je ne peux pas supporter de te briser le coeur)

I'm trying to be brave (j'essaie d'être courageux)

Stop asking me to say ( ne me demande pas de rester )

I can't love you in the dark ( je ne peux pas t'aimer dans le noir)
It feels like we're oceans apart (on dirait que tout nous éloigne)

There is so much space between us ( il y a tant d'espace entre nous)

Maybe we're already defeated ( Peut-être que nous sommes déjà vaincus)

Everything changed me ( tout m'a changé....)"
Adèle.

Une chanson d'adèle pour résumer l'état d'esprit de Ndiouga : perdu, brisé, amoureux, en quête d'une nouvelle vie heureuse . Il traverse la phase d'acceptation qu'il pensait avoir atteint depuis des années. Il est perturbé par ses pensées.

Il veut avancer dans sa vie tout en respectant et honorant la mémoire de Seynabou. Il veut continuer à vivre pour leur amour : la fille qu'elle lui a donnée. Cette fille sans laquelle sa vie n'aurait plus de sens. Celle qui lui donne la force de vivre.
Elle l'a sauvé maintes fois lorsqu'il voulait abandonner sa vie et rejoindre sa femme.

Leurs chemins sont séparés à jamais, Ndiouga le surmonte tant bien que mal. Mais il sent que sa vie change et qu'il perd le contrôle.

Et puis il y a , cette jeune femme qui bouleverse ses émotions. Il n'est même pas sûr de ce qu'il ressent ou il a plutôt peur de se lancer. Peur d'admettre qu'elle lui donne envie d'aimer. Et surtout peur qu'elle ne soit que l'extension de Zara voire pire qu'elle. Ndiouga ne veut pas décevoir ses filles et surtout bb Maty pour n'avoir pas fait le bon choix.
Fatima ne quittait pas ses pensées. Il aimait penser à elle, lui parlait, la voir

Toute la nuit il priait pour sa femme et "discutait" avec elle. Chapelet à la main, en jellaba blanc. Un exemplaire du coran et des khassidas près de lui. Il est assis sur un tapis de prière. Pas n'importe lequel mais le dernier cadeau que Seynabou lui avait offert le jour de son anniversaire, sans savoir que quelques heures plus tard, elle partait. Peut-être qu'elle l'avait pressenti d'où le besoin de lui offrir ce tapis, pour que son mari lors de ses prières, qu'il prie pour le repos de son âme avec CE cadeau.

Depuis, Ndiouga a l'habitude de lui confier ses doutes, ses réussites, ses choix pour avoir son avis depuis l'au-delà.

Est-ce une bonne idée de se rapprocher de Fatima ? Lui demande t'elle. Aimera t'elle nos enfants ? Sera t'elle une bonne épouse dont je serais fière ? Penses-tu (Seynabou) qu'elle ne me brisera pas le coeur ? Tu ne te sentiras pas mal si je refais encore ma vie ?

Et comme un signe, son téléphone sonne. Il l'ignore et continue son questionnement sans même savoir que c'était Fatima qui appelait.
Après chaque question ou réflexion la sonnerie retentit de plus belle.

Il se décide à aller voir, un appel à cette heure ne peut être qu'urgent. Son coeur battait la chamade lorsqu'il voit que c'est Fatima. D'un coup il adopte une attitude distante sans même en comprendre la raison.

Cette attention de Fatima l'avait marqué. Quand il était avec son ex femme Zara, cette dernière n'aurait pas bougé le petit doigt pour lui apporter de l'eau ou prendre soin de lui quand il était malade.

Fatima par contre, qui n'est qu'employée dans sa boîte semble si bien le connaitre et lui témoigne tellement d'empathie. Quelqu'un qui vous appelle à cette heure ci au lieu de dormir pour juste savoir si vous allez bien ne peut que vous aimer ou au moins tenir à vous. C'est comme si elle ressentait son angoisse.
Il interprétait cela comme un signe qu'il pouvait avancer sereinement sur une nouvelle voie.

Fatima : La Femme Du BossWhere stories live. Discover now