"Too young to know it gets better"
Lexie
Je m'appelle Lexie Hamilton et je n'en ai rien à foutre de rien.
Si je devais résumer ma vie aujourd'hui, je dirais que c'est un mélange entre le mois de novembre et celui de juin : pourrie, mais optimiste. J'entame ma dernière année d'étude en graphisme à Chicago, ma ville natale. Ai-je toujours rêvé d'être graphiste ? Absolument pas. La seule matière qui ne me faisait pas chier à l'école, c'était le dessin. Grâce à madame Wilson, ma prof d'art, je me suis perfectionnée. J'ai travaillé dur jusqu'à obtenir une bourse pour l'université de graphisme de Chicago. Et me voilà, marchant vers l'université, évitant les flaques d'eau recouvertes des feuilles d'automne. Je passe la porte de mon premier cours de la journée et vais m'installer derrière un ordinateur. Très vite, April me rejoint et prend place à côté de moi. April est ma meilleure amie, je suppose. Je ne sais pas vraiment pourquoi elle traine avec moi. Je ne suis pas du genre sociable, mais je l'apprécie. Elle rend mes journées moins longues.
- C'est reparti pour un cours de mise en page, me dit-elle en s'installant. J'ai l'impression que c'est le seul cours qu'on ait depuis trois semaines, pas que je me lasse de la tête de monsieur Brown, mais bon, un peu de diversité, ça ne fait pas de mal.
- Arrête, tu adores passer la journée à le mater.
Ses joues s'empourprent face à ma réponse, ce qui me fait rire. April est du genre prude. Lorsque notre professeur, certes plutôt attirant, s'adresse à elle, elle perd tous ses moyens. En parlant du loup, le voici qui rentre dans la classe avant de s'installer à son bureau. Je jette un regard malicieux en direction d'April qui rougit davantage.
- Arrête ça, c'est gênant, me dit-elle, en cachant son visage dans ses mains.
À la fin de la journée, April et moi nous dirigeons vers notre café habituel. Quand on s'est rencontrée, elle m'a expliqué l'importance d'avoir notre endroit à nous. Je ne comprends pas le principe, et sincèrement, dépenser autant d'argent par semaine en café me fait mal au cul, mais ça lui fait plaisir. J'ai vite appris à me plier aux exigences en termes d'amitié avec elle. Aller au cinéma, faire des soirées filles chez elle, parler garçons... Pas qu'elle soit exigeante, je suppose que c'est ce que les amies font, mais ce n'est pas du tout mon truc. Je suis du genre à ne pas m'attacher, ne rien ressentir et ne rien laisser paraitre sur mon visage. Dans le genre sociopathe finalement. Mais April, elle m'accepte comme je suis. C'est pour ça que je ne lui refuse jamais toutes ces activités qui ne me plaisent pas. Je suppose que c'est ma manière de lui prouver mon amitié à défaut de savoir l'exprimer.
- Alors, commence-t-elle alors qu'on s'installe à une table avec nos cafés, tu sais déjà quelle entreprise tu vas choisir demain ?
- Mmh ?, je réponds, la bouche pleine de café.
- Demain. C'est la journée entreprise pour le stage. Ça fait deux mois que c'est dans notre calendrier.
- Je ne me rappelle pas. C'est quoi ?
- Des patrons d'entreprises viennent nous présenter ce qu'ils font et on doit choisir une entreprise où passer notre stage au prochain semestre.
- Ah oui, ça me dit vaguement quelque chose.
- Je suppose que tu ne sais pas ce que tu vas choisir ?
- Si je trouve un stage rémunéré, pourquoi pas, mais si je gagne moins qu'avec mon boulot actuel, alors je n'en ferai pas.
- Mais... Lexie, il faut que tu fasses un stage. C'est genre obligatoire, tu sais ?
- Manger aussi et si je ne gagne pas assez, me nourrir va devenir compliqué.
