Chapitre 8 - Hans, le beau-frère

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Le travail m'a pris toute la journée, je n'ai même pas eu le temps de me servir un verre qu'un des employés m'a appelé en vidéo pour me demander où en étaient les paiements du mois. J'ai enchainé avec une réunion pour archiver les dossiers terminés et sélectionner les nouveaux. Ruby m'a apporté une salade à midi pour que je mange avant de vérifier les factures du dernier trimestre.

Zola, ma secrétaire, ne va pas tarder à arriver avec le courrier du mois, elle doit d'abord essayer sa nouvelle voiture. Croisons les doigts pour qu'elle n'ait pas un autre accident de la route. J'ai besoin d'elle pendant que ma femme tente de communiquer avec sa belle-sœur. J'ai besoin d'une mousse au chocolat et d'un massage parce que mes muscles sont contractés.

L'un des chasseurs de Black toque à ma porte, il revient d'une mission d'un an avec une grosse cible mais il y a deux mois il a eu un grave accident impliquant un piège à ours et aujourd'hui il vient me donner la conclusion du médecin sur son état de santé. Il n'utilise pas de canne ni de fauteuil roulant et j'ai une mission plus calme pour lui.

Il déploie son bras, j'attrape le papier entre ses doigts avec un sourire que je ne connais que trop bien. J'ai une confiance absolue en le docteur Good mais aucune envers Robin. J'analyse donc le contenu du papier et remarque quelques incohérences comme l'absence de détails, la police d'écriture et la première lettre de la signature du médecin.

«  Je soussigné Docteur Good, a examiné Robin Crue et conclut que son état de santé l'empêche de reprendre un travail dans lequel il doit s'appuyer sur sa jambe droite. »

C'est la première fois que l'un de nos employés ose faire une fausse déclaration médicale pour éviter le travail. La situation me dépasse, qu'est-ce qui peut déplaire dans son travail ? On lui a fourni un chalet, une voiture et un salaire à cinq chiffres, que veut-il de plus ? Je claque mon crayon sur ma joue en lisant encore une fois le faux papier dans mes mains. Ils sont de plus en plus inventifs, je vais dans mes mails pour accéder à la véritable conclusion du docteur Good qui explique que Robin peut reprendre le travail mais qu'il a reçu un appel qui semblait parler de travail pendant leur rendez-vous.

— D'accord, comment te sens-tu aujourd'hui ?

— Bien mais, tu sais, j'ai encore beaucoup de mal à m'appuyer dessus. J'ai failli perdre ma jambe donc c'est normal.

Pitoyable menteur.

J'active une alerte sur son profile « employé », la fidélité envers son employeur est nécessaire dans ce genre de boulot, trahir un tueur à gage ça équivaut à danser avec la Faucheuse. Il faut réfléchir aux conséquences potentielles de ses actes avant d'agir. Black n'a aucune clémence pour ceux qui le trompe avec un autre assassin, il va s'amuser avec Robin et je vais avoir une belle promotion.

— Tu comptes te reconvertir dans quel domaine ?

— Je ne sais pas encore, je n'ai pas encore fait mon cv. Je ne sais pas comment remplacer le fait que j'ai traqué et tué des gens pendant six ans par un job qui requiert les mêmes compétences. Je ne pense pas que les gens veuillent employer un homme qui ne peut pas tenir debout et qui a passé plusieurs années à commettre des meurtres.

— As-tu déjà reçu des offres d'emplois même sans avoir rempli ton cv ?

— Non.

Mon odorat est puissant, je sens le doux parfum de sirop d'érable de Zola de l'autre côté de la porte et ça m'ouvre l'appétit. J'ai faim de tant de choses en ce moment.

— Entre.

Elle porte une robe blanche trop courte pour une secrétaire, trop longue pour ma maîtresse. La couleur fait ressortir la teinte de sa peau, elle est sublime. Ses cheveux tressés tombent sur ses épaules, elle serre ma main et celle de Robin.

Ni cœur, ni âme  (2)Where stories live. Discover now