Chapitre 5 - Ruby, la bonne fée

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Black a réuni ses plus précieux pour retrouver sa fiancée, un bandeau pour cacher le trou béant au niveau de son œil, une tenue noire pour une dizaine de seringues. Devant ses hommes, il se tient puisqu'il est nécessaire de les informer de quelques détails qui ont leur importance pour réclamer le silence. Ses sœurs cessent dandiner et ses hommes passent leurs langues sur leurs lèvres gonflées par leur désir pour Hannah et Janice.

— La Chasse aujourd'hui n'a rien à voir avec celle que vous avez faites auparavant. Notre proie vaut toutes celles que vous avez chassé, toutes réunies. Nous cherchons une femme que nous pouvons comparer à Morena, pourquoi ? Parce qu'elle a franchi les portes du Royaume des Morts, oui impossible vous dites-vous pourtant c'est le cas. Regardez ce que l'ouverture de la porte m'a fait, je suis devenue borgne, déclare-t-il en retirant temporairement mon cache-œil. Vous l'avez tous déjà vu, je vous le promets, vous la reconnaîtrez, il s'agit de la femme la plus attirante du Royaume mais également la plus détestée de toutes les femmes, vous allez chasser la princesse April.

Les yeux s'écarquillent, la tension monte, les foules se déchaînent, ils lèvent leurs armes et grognent. Les animaux vont bientôt être libérés, la chasse va bientôt commencer mais termines son énonciation de consignes.

— Messieurs, ne vous réjouissez pas trop vite, je la veux vivante et pas trop blessée, elle est rapide et manipulatrice. Ne vous laissez pas séduire, elle vous dévorera. Ne vous laissez pas aveugler par sa beauté, elle vous démolira. Celui qui l'attrape aura une récompense de taille, ne négligez pas son pouvoir et trouvez ma fiancée.

Je m'adosse sur le mur dans un coin d'ombre, je n'ai pas à le faire, je suis invisible sauf quand le chasseur a besoin que sa colère se défoule au fond de moi. Mademoiselle April court un grave danger, elle ne deviendra pas un objet comme moi. Je ne la laisserai pas devenir la victime de ce tyran. Je claque ma tête sur le mur alors que mon ventre se tord. Elle va vivre, elle ne sera pas comme moi.

— Que la chasse débute.

Les animaux hurlent, courent et sautent, leurs mots ne ressemblent plus à des mots, leurs yeux obliquent pour choisir la direction parfaite. Ils sillonnent le périmètre, il me faut une flaque d'eau ou d'un miroir. Je cours dans la maison pour aller dans ma chambre mais c'est sans compter sur mesdemoiselles qu'attrapent mes bras et tire dessus pour me demander de faire ceci et cela parce que c'est une urgence esthétique, raccommoder une robe, tuer une araignée, faire couler un bain à 37.4°C et pas plus. Ces femmes sont pours gâtés et incapable de se débrouiller seules, elles se reposent sur les Hommes, leur frère, leurs amants et sur moi. « Saletée », « Peste », « Servante », « Ruby » et « Souillon » sont hurlés à travers la maison toute la journée.

Je tue une araignée avec un magazine de mode, rafistole la robe de la jeune brune puis fait couler un bain chaud pour sa sœur. L'eau est un bon passage, je me vois à travers donc je plonge ma main dedans. Je chante une chanson en latin, mon frère me l'a appris quand nos parents sont morts, cette chanson peut nous lier avec tout objets qui reflètent ce que nous sommes.

J'ai à peine eu le temps de lui fournir un instrument que la Mère entre dans la salle de bain avec sa cadette. La jeune femme plonge son pied dans la baignoire et a elle a un talent remarquable dans l'acting, que me vaut plusieurs blessures. La mère saisit avec violence le col de ma robe et me tire sur le sol avant de relever sa canne qu'elle appelle le bâton de la punition. Elle me frappe avec, je suis déjà au sol. À cause de ce bâton, des zébrures sont parsemées sur ma peau blanchâtre. Mon dos me faisait déjà mal depuis septembre alors quand elle presse son talon au niveau de mes lombaires, j'ai l'impression que mes jambes ne me tiendront plus jamais.

Des décharges électriques me brûlent et je suis prise de spasmes qui me vaut un coup de canne sur la nuque. Mon menton claque sur le sol alors qu'elle songe à mon prochain châtiment. Mes bras me portent quand elle me soulève pour plonger et maintenir ma tête sous l'eau.

Ni cœur, ni âme  (2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant