Chapitre 15 - Lane, le timide

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J'ai fait des micro-siestes toute la journée d'hier, m'endormir dans un fauteuil devant le lit d'une princesse n'a jamais été un rêve mais c'était très agréable. Or elle m'a réveillé en appuyant sur mon doigt au milieu de la nuit, j'ai hurlé comme un bébé.

Elle a pointé du doigt Janice Evilhunter qui m'a intimé de traîner un corps dans la cave. L'homme que j'ai dû remorquer est celui que j'ai vu sur April. Le coup de feu que j'ai entendu n'était pas un rêve, il a un énorme trou au milieu de la poitrine.

C'est l'horrible vieille sorcière en chef qui a veillé sur la jeune brune pendant notre escapade à la piscine qu'ils utilisent en tant que fausse commune. Les corps s'amoncellent dans le trou pendant qu'elle lui fait subir un interrogatoire. Ils entreprennent tous de la faire parler, elle n'affectionne pas spécialement bavarder.

Quand j'émerge du couloir, elle roule des yeux en rongeant ses ongles, la Mère se dirige vers sa chambre alors que j'agrippe le livre dans lequel elle grave ce qui traverse son esprit. Je feuillette les pages du roman, ils affirment qu'elle doit se ressaisir mais elle a l'air aussi émoustillée et déconcertante qu'avant.

— Je suis ravie de ne pas voir mon visage sur ce carnet...j'ai rien dit. Relatai-je, je suis gay à cent pour-cent, aucun doute. J'ai envie de vomir, putain mais comment peux-tu être au courant pour mon grain de beauté ?

— On se renseigne sur les traîtres, tu veux revoir ce que j'ai prévu de te faire ?

Le ton de sa voix est plus délicat, une lueur de vie dans ses yeux me fait penser à celle que j'ai vu dans les yeux de Vale après qu'ils aient fait l'amour.

— Tu n'es pas la même que tout à l'heure.

— L'autre a besoin de dormir parfois, j'ai eu un résumé de la journée mais ce n'est que du global. Il s'est passé quoi ?

— Rien, rendors-toi, il est trois heures et quart du matin.

— Tu préfères voir l'autre ? Je ne suis pas certaine qu'elle sera aussi calme que moi.

— L'un ou l'autre, ce n'est qu'un boulot, je suis payé pour te surveiller.

— Je pensais que tu m'aimais bien, tu m'as sauvé quand Nate m'a étranglé.

— J'aimais voir Vale heureux et tu le rendais heureux. J'ai compris qu'il était amoureux de toi plus que moi donc j'ai pris ce boulot pour mettre les distances.

— Tu vas pleurer ? Tu veux que j'appelle une ambulance pour ton cœur brisé. Se moque-t-elle alors que ses pupilles deviennent minuscules, tout le monde nous aime sauf les merdes comme toi. Tu as signé un papier qui nous a autorisés à coucher avec lui. Tu es en tort, petite salope de traître.

La plus méchante April s'est frayée un chemin pour dégager la plus ou moins gentille April. Elle stagne devant moi, son index caresse mon menton alors que son autre main se faufile vers mon pantalon. Elle frôle ma queue puis serre mes couilles dans ses mains, l'air se bloque dans mes poumons, alors qu'elle referme l'étau sur mes testicules. Je retiens mon cri pour ne pas alerter les autres. J'ai l'impression qu'elles vont exploser, une sensation inédite me paralyse alors que je m'adosse au mur pour ne pas tomber les pommes.

— Fragile, petit bébé. Glousse-t-elle

Sa main relâche la pression alors qu'elle lèche ma mâchoire. Elle se déplace ensuite jusqu'à devant la fenêtre, elle s'agenouille et siffle quand un oiseau vient se briser la nuque sur la vitre créant une fissure sur celle-ci. Elle donne une pichenette au carreau qui se casse, elle attrape l'animal mort avec précaution et le caresse. Du sang coule entre ses doigts alors qu'elle dépose un baiser sur le bec du corbeau. Elle le range dans une boîte puis touche ma main avec le sang juste avant que je tourne de l'œil.

Ni cœur, ni âme  (2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant