Chapitre 19 - Black, le chasseur

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Trois jours avant le grand jour, je n'ai jamais été aussi anxieux de toute ma vie, l'angoisse monte et me donne une migraine affreuse. J'ai commandé un bon bain chaud à Ruby afin de relaxer mes muscles mais rien n'y fait. J'ai la boule au ventre et la gorge nouée. Je patauge dans l'eau quelques instants puis me lève quand ma très chère mère pénètre dans la salle de bain. Ruby tend une serviette devant mon entrejambe pour cacher à Madame Evilhunter ce qu'elle a déjà vu et revu. Je sors de l'eau, j'enroule la serviette autour de mes hanches et pousse un long soupir.

— Que me vaut l'honneur de cette visite ?

— Ta femme, elle refuse d'essayer des robes de mariées. Elle m'a mordue quand j'ai tenté de lui enfiler un corset. C'est une sauvage, tu devrais la corriger. Les coups de ceinture fonctionnaient bien sur toi quand tu étais petit.

— Elle a déjà une robe pour le mariage, pourquoi devrait-elle en essayer d'autres ?

Cela fait une semaine que la robe a été choisie et ajustée, une magnifique robe en soie et en dentelle blanche. La tenue va parfaitement bien à April et me fait beaucoup d'effets. C'est exactement la fonction escomptée.

— C'est vulgaire.

— C'est échancré, pas vulgaire. Arrête de la déranger et va te reposer.

— Sinon quoi ?

Sa voix me donne un mal de crâne insupportable, des milliers d'insectes volent dans mon esprit, les vibrations m'envahissent et la lumière carbonise ma rétine. Elle blablate, elle jacasse, ça me gonfle. Je presse mes mains sur mes oreilles et tourne en rond. Du bout des doigts, je saisis la lame de rasoir sur le meuble et la lance. Elle vole et se plante dans sa gorge. Le silence s'impose, elle décroche la lame de sa peau, le sang gicle. Elle colle une serviette sur sa plaie, elle pâlit, je m'appuie sur la commode et ferme les yeux. C'est reposant ce silence, le calme diminue mon stress.

— Est-elle morte, Ruby ?

— Oui, monsieur.

— Va ranger les robes qu'elle a sélectionnées pour April et va changer le pansement d'Hannah . Je m'occupe du corps et de ma femme. Merci beaucoup.

Elle dispose, se rouvre les yeux, tamise la lumière et ramasse la lame au sol puis arrache des mains du cadavre la serviette en tissu éponge. La plaie épaisse est minuscule, je m'agenouille dans la flaque de bordeaux et trace une ligne droite ouvre sa gorge. J'émets une pression sur la lame, coupant la pulpe de mes doigts et entaillant en profondeur sa gorge. Son sang coule sur mes mains et s'étale sur le sol. Je tire sur le lacet de son corset et lui ôte sa robe. Son corps est encore chaud, son cœur ne bat plus, son sang coagule peu à peu.

Je sépare ses cuisses et admire la marque laissée par le roi sur sa féminité, une marque au fer rouge qui a creusé ses chairs. C'est de toute beauté ! Ma queue est un soldat au garde-à-vous, je me débarrasse de ma serviette et me positionne à la base. J'y pénètre et observe attentivement le visage de celle qui m'a fait le plus souffrir, aucune vie, aucune réaction, je prends mon pied. Ce corps où j'ai logé neuf mois et maintenant le mien.

Elle aurait pu me plaire si elle n'était pas si vieille. Un peu ronde, des vergetures sur le ventre, de la cellulite, des poils gris, elle était naturelle. Elle n'a vécu avec aucun homme depuis que j'ai tué le père des filles. Elle avait compris que je serai à jamais le seul homme de sa vie. Je lui crache au visage, elle hante mes cauchemars depuis que je suis petit garçon. Je glisse sur l'hémoglobine mais ça ne m'empêche pas d'éjaculer en elle. Je me retire et soulève son cadavre que j'installe dans l'eau.

Je me faufile dans la chambre de ma fiancée, nu couvert d'un liquide carmin avec ma hache dans ma main. April qui jusqu'à présent dessinait, cesse toutes activités et me scrute.

Ni cœur, ni âme  (2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant