Ni cœur, ni âme (2)

Chapitre 11 - Tate, le joyeux

J'attends devant l'hôtel pendant quatre bonnes heures sans que personne n'arrive, je ne tiens pas à alerter Black si sa bonne s'est enfuie, ce n'est pas mon problème. Je n'ai pas besoin de son argent, je m'affale sur un banc et joue sur mon téléphone quand Vale exténué vient me saluer. Il n'est pas rentré depuis quelques jours et Lane vient de partir en voyage avec son université.

— Ça va entre Lane et toi ?

— Il y a des tensions en ce moment, rien de grave. Il parle à un type sur internet et je remplis mon emploi du temps.

— Pourquoi l'évites-tu ?

— Parce que j'aime la princesse de notre royaume et lui, c'est compliqué depuis qu'elle est partie. Je préfère éviter les sentiments pour le moment, tu comprends ? Ça te dit d'aller dans un coin assez cool en ville. J'ai ma carte de membre depuis deux semaines.

Je lis l'heure sur le beffroi de la mairie puis me dirige vers le club que Vale fréquente sans en connaître l'adresse mais il a l'air de connaître la route par cœur donc je lui fais confiance.

Quand on arrive devant un manoir avec une grille en métal, mon cœur bat à toute vitesse et l'air perd deux degrés. Il tape un code sur un boîtier, la grille grince et s'ouvre. Il traverse le jardin avant de toquer à la gigantesque porte en bois. Une petite trappe s'entrouvre, une femme avec des lentilles roses nous toise avant de demander un mot de passe que mon frère débite à toute vitesse. Elle nous autorise à entrer et je note que les fées nous entourent, c'est même un repère à fée.

Vale m'amène autour d'une table ronde et deux cocktails roses apparaissent. Ma braguette est descendue, mon bassin tiré vers le pied de la table alors que des lèvres effleurent ma queue. Je peux comprendre pourquoi il vient ici, l'accueil est particulier. Le propriétaire, la belle blonde avec sa robe verte et ses lentilles fluorescentes, dépose un miroir avec un peu de poudre blanche brillante dans un sachet plastique.

J'en déduis qu'il s'agit de poussière de fée, une drogue très puissante pour tous ceux qui n'ont aucun sang de fée dans les veines. Vale se drogue au lieu de rester avec son petit-ami. April a causé un beau bordel chez les orphelins.

— Tu en veux ?

— De la drogue ? Non merci.

Le chaos environnant me dépeint un portrait de l'esprit de Vale, il est complètement déboussolé à cause d'une femme avec qui il a pratiqué le coït et il annihile l'existence de leur relation en absorbant de la poudre à paillettes. Il est anéanti par le décès prématuré de la princesse et il tente comme il peut de refaire sa vie avec les sources qui sont dédiées à l'épanouissement temporaire de ses désirs les plus refoulés.

— Va falloir te détendre Tate, tu as l'air coincé. Je ne t'ai jamais vu aussi tendu depuis le tribunal. Es-tu bien certain de ne pas vouloir un peu de bonheur en poudre ?

— J'étudie la loi pour devenir avocat donc non.

— Un avocat spécialisé en droit des enfants, la drogue ne fera pas partie de ta vie a moins que tu en consommes. Tu vas voir, ça fait du bien. Avec la poussière de Narcisse ici-présente, tous les problèmes s'effacent, tu dois tester ça.

Un rail de poudre est aspiré par sa narine, il bascule sa tête en arrière alors que la fée s'appuie à côté d'elle. De mon côté, ce n'est pas que je n'aime pas me faire tailler une pipe par une inconnue mais je n'en ai pas l'envie.

Ce lieu est un lieu de débauche adapté à Vale mais pas à moi, ce n'est pas le genre d'établissement que je fréquente quotidiennement, j'ai une préférence pour les boîtes de nuits ou les salles de sport. Les bordels ont toujours été le lieu de réunion de Vale, Nate ou Pade mais je n'y mets pratiquement jamais les pieds. Il faut dire que ma vision des femmes diverge de la leur, c'est pour ça que je me suis lié d'amitié avec April alors qu'ils ont choisi de la baiser ou d'en avoir envie au point de la tuer.